HUMAN
« Une forte ambition commune permet de mobiliser les équipes. »
Pour cette nouvelle rubrique, TransForNation convie un dirigeant à un échange informel, autour d’un verre en après-journée.
July 13, 2020
Fin mai, on se serait bien vu rejoindre Jean-Marc Ueberecken en terrasse pour ce premier « Afterwork avec un CEO ». Les terrasses étant encore closes au moment de réaliser l’interview, c’est par visio-conférence que nous avons donc échangé sur l’actualité. Nous étions en fin de journée et, pour respecter l’esprit de cette nouvelle rubrique, le Managing Partner du groupe Arendt s’apprêtait à savourer un verre de bière d’Orval, histoire de décompresser. « Comme les 850 collaborateurs du groupe, je suis en télétravail depuis l’annonce des mesures de confinement. J’enchaine les réunions par visio-conférence », explique-t-il. Le groupe Arendt, comme beaucoup d’autres structures, a dû s’adapter. « Juste avant l’annonce des mesures de confinement, nous étions sur le point de lancer un programme de télétravail à l’échelle d’Arendt. S’il n’était pas encore effectif, nous étions préparés. La crise du coronavirus a précipité les choses. En 48h, il a fallu tout réorganiser, pour permettre à chacun de se connecter à distance et de continuer à travailler, en garantissant la sécurité de l’information. Une fois les enjeux techniques surmontés, il a fallu s’assurer que chacun soit en mesure d’utiliser les outils et veiller à maintenir la communication et la cohésion des équipes durant cette période, au-delà des échanges formels. »
Virage serré
Si Arendt est parvenu à bien appréhender ces changements, c’est aussi parce que les dirigeants avaient anticipé les diverses éventualités liées à la propagation du virus. « On regardait ce qui se passait ailleurs dans le monde. En janvier, des collaborateurs revenant de Chine avaient été placés en quarantaine. Un comité interne de sécurité et de santé avait été mis sur pied pour travailler sur plusieurs scénarios et nous préparer à toute éventualité. On ne pensait pas cependant que nous allions passer aussi soudainement des mesures prévues dans le scénario 1 à celles du scénario 5, avec la fermeture des bureaux. »
Jean-Marc Ueberecken, qui est par ailleurs pilote de course automobile aguerri, avec à son palmarès deux titres de champion au volant d’une GT en Belgique en 2014 et au volant d’un prototype LMP3 aux Pays-Bas en 2018, a appris à gérer des virages serrés avec sang-froid. La gestion de la crise, il l’envisage comme un projet parmi les autres, étape après étape.
« On voit poindre la crise économique »
Pendant ces dernières semaines, en outre, l’activité du cabinet a faibli différemment selon les expertises, certains domaines restant très actifs. « Les clients font face à une crise. Il faut pouvoir les soutenir. Très rapidement, nous nous sommes organisés pour les accompagner sur les problématiques liées au Covid-19, en livrant des conseils relatifs au droit social, aux règles du télétravail, aux congés exceptionnels », explique-t-il. Arendt a mis en place une plateforme dédiée – arendt.com/covid19solutions – et lancé une application avec la volonté de partager largement et gratuitement l’information avec l’ensemble des acteurs du marché luxembourgeois. « Nous avons un rôle à jouer dans le soutien de l’économie. Cette plateforme, ouverte au public, constitue une aide autour des enjeux juridiques que chacun peut rencontrer. » A la crise sanitaire va succéder une crise économique. « On la voit poindre doucement, reconnait Jean-Marc Ueberecken. Les problématiques dans un contexte de crise sont nombreuses et ont le plus souvent trait à des difficultés de remboursement ou de restructuration de crédit, de refinancement, de rachat de structures ou encore, malheureusement, de faillite. »
Généralisation du télétravail, réduction des voyages
Il ne fait aucun doute, aux yeux du Managing Partner d’Arendt, que la crise sanitaire modifiera nos habitudes. « Le télétravail va se généraliser même si, au Luxembourg, il restera limité par des règles fiscales pour les travailleurs frontaliers », explique-t-il. Les voyages, aussi, seront plus limités. « Du moins, au niveau professionnel. Si les systèmes de visio-conférence existaient déjà, beaucoup les ont seulement découverts avec cette crise. Pourquoi aller à New-York pour suivre une conférence, avec tout ce que cela implique, si on peut profiter du contenu à travers un webinar ? Il n’est pas forcément nécessaire de prendre le TGV ou l’avion pour aller à Paris ou Londres pour rencontrer une personne. »
Cette crise aura-t-elle d’autres conséquences sur notre manière de consommer, dans la structuration des échanges internationaux, dans la manière d’investir ? « Je pense qu’il est encore trop tôt pour le dire. Mais il y a des choses qui ne reviennent pas après les crises. Il faudra voir au jour le jour et essayer d’appréhender les perspectives, risques et opportunités à plus long terme. Pour cela, je lis et je m’informe beaucoup. » Quand on est pilote, et plus particulièrement quand on est au volant du bolide qu’est Arendt, bien anticiper constitue sans nul doute la meilleure manière de bien appréhender chaque tournant.
« La créativité, c’est penser à quelque chose de nouveau. L’innovation se situe avant tout dans la mise en œuvre. »
Innover au départ des talents
L’innovation, pour le Managing Partner, constitue un des leviers essentiels du développement du groupe Arendt. « La créativité, c’est penser à quelque chose de nouveau. L’innovation se situe avant tout dans la mise en œuvre. Au sein d’Arendt, elle s’articule autour de trois axes : dans la manière de travailler, dans la communication avec nos clients ainsi que dans les produits que nous offrons », explique Jean-Marc Ueberecken. Si la technologie est un support essentiel à l’innovation, elle n’est pas tout. « Certaines évolutions technologiques, comme l’intelligence artificielle, peuvent bouleverser la manière d’appréhender notre environnement. L’enjeu reste cependant de parvenir à bien les utiliser, assure le Managing Partner. A côté du numérique, l’innovation se déploie au départ des talents qui nous accompagnent. Elle implique des investissements conséquents dans la formation, pour pouvoir tirer tout le monde, y compris les associés, vers un objectif commun. »
Équilibriste
Mais après quoi court Arendt ? « Avant tout la satisfaction de nos clients et de nos collaborateurs, dans leur grande diversité, assure Jean-Marc Uerberecken. C’est ce qui nous a poussés à ne pas nous limiter au seul métier d’avocat et à mettre en place une offre intégrée de services pouvant répondre aux divers besoins rencontrés par nos clients nationaux et internationaux. Le modèle d’Arendt est assez unique. C’est quelque chose qui n’existe pas ailleurs. » A la poursuite des objectifs, Arendt innove et poursuit sans relâche son développement. A sa tête, Jean-Marc Ueberecken compose avec les atouts à sa disposition, jouant à l’équilibriste pour satisfaire les parties prenantes autour de lui et les engager dans une même direction. « Je pense qu’une fois que des objectifs clairs, précis, souvent difficiles à atteindre, ont été définis, il faut avancer sans trop s’inquiéter des hauts et des bas. Une forte ambition commune permet de mobiliser les équipes, invite chacun à s’investir, à proposer des idées. Innover, c’est aussi avoir confiance, accorder le droit à l’erreur. C’est en tout cas le type de management qui est le mien. »
[colored_box color=”blue”]Autour d’un verre 🍹[/colored_box]
Qu’est-ce que vous prenez ?
Un Orval. C’est une bière au goût typique que j’apprécie particulièrement.
A qui aimeriez-vous payer un verre ? Pourquoi ?
A Niki Lauda. Le pilote de course autrichien qui est parti de rien et qui a connu un parcours incroyable. Victime d’un grave accident en 1976, il reprendra le volant de sa F1 six semaines plus tard. Il a fondé deux compagnies aériennes. Ces dernières années, il était revenu à la F1 en tant que président non-exécutif de l’écurie Mercedes. J’aurais été curieux d’échanger avec lui sur la manière de rebondir après chaque difficulté.
Un afterwork idéal, pour vous, c’est quoi? C’est où?
Sur le circuit de Spa-Francorchamps, lors de l’un de ces événements où ils ouvrent le circuit au public. On peut y venir avec sa voiture.
Une adresse pour bien manger au Luxembourg ?
Je vous recommande le Bivio à Schuttrange. C’est un restaurant tenu par des amis. On y sert l’extraordinaire cordon-bleu façon Thierry.
Votre truc pour décompresser en fin de semaine ?
Soit un voyage en famille, soit une compétition automobile. Pour décompresser, il n’y a rien de tel.
Au moment de faire la fête, êtes-vous plutôt modéré ou passionné ?
Plutôt modéré. Vous ne me verrez pas sur la piste de danse.
[toggle title =”📅 4 dates clés de Jean-Marc Ueberecken, Managing Partner d’Arendt“]2000. « Je passe mon examen d’avoué. C’est le denier examen du parcours académique. Ce fut pour moi un énorme soulagement qui m’ouvrait de nouvelles perspectives.
2000. « La même année, j’entre en tant qu’avocat au sein de l’étude Arendt, où je suis depuis vingt ans. »
2014. « En tant que pilote de course, je remporte le championnat national de Belgique de GT4. »
2014. « La même année, je deviens Managing Partner du groupe Arendt. »[/toggle]