Alors que l’on parle beaucoup d’intelligence artificielle, quel regard portez-vous sur ces évolutions technologiques ? 

Il est évident que l’intelligence artificielle (IA) a révolutionné plusieurs secteurs, à commencer par celui de l’informatique, révolution accélérée depuis l’apparition de Chat GPT fin 2022. 

Personnellement, je soutiens la capacité de l’IA à améliorer le monde du travail en automatisant certaines tâches, libérant ainsi des ressources qui permettent d’augmenter l’efficacité et la productivité dans d’autres domaines. Dans les secteurs de l’informatique et da la finance, par exemple, l’IA peut aider à développer de nouveaux outils, analyser de grands ensembles de données et dans certains cas, renforcer la cybersécurité. Mais l’IA peut aussi fondamentalement personnaliser des produits et aider à adresser des segments de marché beaucoup plus spécifiques. 

Cependant, son utilisation suscite également des inquiétudes légitimes concernant la vie privée et la stabilité de l’emploi. Il est donc important de gérer ces avancées de manière informée, et veiller avant toute chose à ce que tout le monde et notamment les employés puissent s’adapter et acquérir les compétences nécessaires pour exploiter au mieux les compétences de l’IA. 

 Comment envisagez-vous son intégration à l’échelle des organisations ? 

Depuis l’émergence de Chat GPT, l’intégration rapide de l’IA dans la société est indéniable, comme en témoigne les 180 millions d’utilisateurs du Chat GPT dans le monde. 

Dans le domaine professionnel, un grand nombre d’entreprises ont déjà développé leurs propres outils d’IA. C’est d’ailleurs le cas pour nous à la bourse de Luxembourg, ou nous avons créé LuxSE GPT, notre propre modèle linguistique basé sur Open AI. Après une période d’essai réussie, nous avons élaboré une stratégie complète afin de poursuivre le développement de cet outil qui pourrait s’avérer très avantageux pour nos collaborateurs. 

Aujourd’hui, une entreprise innovante doit envisager l’intégration de l’IA afin d’éviter le risque de marginalisation. Cependant, cette démarche nécessite une approche prudente pour préserver la confidentialité et l’intégrité des données. Elle doit aussi se faire de manière inclusive en permettant à tout le monde de pouvoir apprivoiser ces nouvelles possibilités. Le change management joue ici un rôle encore plus crucial et central qu’habituellement. 

Comment la place de l’humain va-t-elle évoluer ? Comment réengager l’humain et le collectif (l’intelligence collective) au service de la création de valeur ? 

Il n’y a aucun doute que la place de l’humain va évoluer, surtout dans le monde du travail. D’ailleurs, le fonds monétaire international estime que près de 40 % des emplois dans le monde seront affectés par l’IA. En automatisant des tâches opérationnelles répétitives, l’IA permettra de libérer certaines ressources humaines pour des activités plus créatives, émotionnelles et stratégiques. Néanmoins, garantir une transition vers une collaboration harmonieuse avec l’IA passe forcément par l’élaboration d’une stratégie fondée sur la gestion du changement. Pour cela, il faut éduquer les collaborateurs et cultiver une culture d’apprentissage centrée sur l’innovation, et surtout, promouvoir un dialogue ouvert pour aborder les préoccupations liées à l’intégration de solutions basées sur l’IA afin d’éviter toute appréhension face au changement. En conclusion, un développement éthique et responsable de l’IA, sous contrôle humain, est essentiel pour une coexistence harmonieuse et bénéfique.