HUMAN
« ÊTRE, PLUS QUE FAIRE »
Benjamin Blasco, co-fondateur - Petit BamBou
December 15, 2021
Arrivé au Luxembourg en 2010, Benjamin Blasco a fondé, avec Ludovic Dujardin, ‘Petit BamBou’, cette application de méditation guidée désormais bien connue. Le temps d’un afterwork, il évoque son parcours, ses motivations, sa vision de l’entreprise et du digital.
« J’étais employé chez PayPal à Luxembourg. Comme bon nombre d’entre nous, je travaillais beaucoup, j’étais amené à me déplacer souvent, je faisais plein de choses en même temps. Mais cette ‘performance’ avait un coût : un coût pour moi-même. Lorsque j’étais au travail, je pensais à ma famille. Lorsque j’étais en famille, je pensais à mon travail, se souvient Benjamin Blasco, CEO et co-fondateur de Petit BamBou. J’avais du mal à trouver un équilibre. Un collègue m’a alors conseillé d’essayer la méditation. » C’étaient là les prémices de l’aventure Petit BamBou…
UN OBJECTIF : DÉMOCRATISER LA PRATIQUE DE LA MÉDITATION
Ingénieur de formation, Benjamin ne semblait pas, de prime abord, intéressé par la médiation. « C’était quelque chose de très inconnu pour moi, mais j’ai quand même décidé d’essayer. Je me suis rendu compte que mon esprit était dans un brouhaha infernal ! Ça m’a interpellé. »
De fil en aiguille, Benjamin apprend à pratiquer la méditation, se plonge dans des lectures qui y sont liées, fait des stages, puis en parle à son ami Ludovic qui, parallèlement, avait lancé une page Facebook dédiée au partage de pensées positives. Ensemble, ils ont l’idée de créer un projet en lien avec la méditation : ce sera une application, avec pour ambition de démocratiser la méditation, de la rendre accessible à tout un chacun.
« Ce n’est pas la technologie qui rend addictif, mais c’est la façon dont on utilise cette technologie »
En juillet 2015 naît ainsi la première version de l’application, en français tout d’abord. Depuis, le succès n’a été que croissant (de l’ordre de 40 % par an au cours des quatre dernières années). Petit à petit, l’équipe et l’histoire de Petit BamBou grandissent. D’autres langues – anglais, allemand, espagnol, mais aussi italien et néerlandais tout récemment – sont ajoutées. De nouveaux programmes sont imaginés, en collaboration avec des experts, afin de répondre aux différents besoins des utilisateurs. Aujourd’hui, Petit BamBou emploie 20 personnes et rassemble 8 millions d’utilisateurs dans 150 pays. Plus de 1.000 séances sont disponibles pour apprendre et progresser dans sa pratique de la méditation.
LE DIGITAL, UN CHOIX RÉFLÉCHI
Alors que le digital est souvent décrié comme étant responsable de notre accoutumance aux écrans et nous empêchant de ‘déconnecter’, Petit BamBou a fait le choix de s’en servir pour ancrer la méditation dans notre quotidien. « Le gros enjeu, c’est la régularité de la pratique, c’est arriver à prendre ce moment pour soi, comme on le ferait pour pratiquer un hobby. »
Grâce au smartphone (ou à un autre appareil sur lequel l’application est disponible – ordinateur, tablette, montre connectée, enceinte connectée, etc.), on peut méditer où que l’on soit, à tout moment. Cela peut se faire chez soi, mais aussi dans les transports en commun, dans une salle d’attente, entre deux rendez-vous. « Bien souvent, dans ces moments, on utilise son smartphone pour ‘tuer’ le temps (je déteste cette expression), en surfant sur les réseaux sociaux ou en jouant à des jeux, par exemple. Or, on peut vraiment être présent, conscient de ces instants. Le smartphone permet d’intégrer la pratique de la méditation dans des moments qui sont propres à chacun et de développer une relation apaisée et saine avec le digital. Car ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que ce n’est pas la technologie qui rend addictif, mais c’est la façon dont on utilise cette technologie. »
LA SANTÉ MENTALE, ENJEU CLÉ DE LA CRISE SANITAIRE
On le sait, la crise sanitaire a eu un impact non négligeable sur la santé mentale de nombreuses personnes. « Dès le premier confinement, nous avons dû nous mobiliser rapidement car nous avons constaté que les gens avaient besoin d’aide. De 5.000 utilisateurs par jour, nous sommes passés à 15.000 pendant cette période. De mars 2020 à mars 2021, 3 millions d’utilisateurs supplémentaires ont rejoint Petit BamBou. D’un point de vue professionnel, c’est très satisfaisant mais c’est aussi touchant car cela témoigne d’une détresse psychologique grandissante. Nous espérons qu’avec notre application, nous aidons nos membres à traverser certaines périodes de la vie de façon plus sereine et résiliente »
Le Covid-19 a également eu pour effet de mettre le sujet de la santé mentale sur les bureaux des employeurs et des directeurs des ressources humaines. « Nous sommes en plein développement d’une branche B2B à destination du monde corporate. Bien sûr, la méditation ne va pas résoudre certains problèmes systémiques mais nous espérons ainsi semer les graines d’un épanouissement dans le monde du travail et remettre l’humain au coeur de l’entreprise. »
LA MÉDITATION COMME GUIDE
La méditation accompagne d’ailleurs le CEO dans le développement de sa start-up. « Nous sommes toujours portés par le sens de notre mission qui est d’aider les gens, de leur être utile. C’est ce qui nous guide au quotidien dans notre évolution et dans notre management. Nous avons la chance d’être accompagnés dans cette aventure par des collaborateurs extraordinaires, avec un coeur en or. Nous souhaitons que chacun puisse se développer, selon son expertise et ses envies, que chacun soit relié aux valeurs de l’entreprise et s’y retrouve. »
À titre personnel aussi, Benjamin, qui est passionné par les sports de glisse et le VTT, accorde une place de choix à la méditation, « mais cela ne suffit pas à mon identité. Cela fait partie, comme d’autres aspects, des rituels que je mets en place pour prendre soin de moi, comme le sport et l’alimentation. Chaque jour, j’essaie d’ ’être’, plus que de ‘faire’. »
Autour d’un verre
QU’EST-CE QUE VOUS PRENEZ ?
Un verre de rosé, parfait pour la fin de l’été.
AVEC QUI AIMERIEZ-VOUS PARTAGER UN VERRE ?
Frédéric Laloux, c’est un penseur de l’entreprise libérée. J’aimerais discuter avec lui de sa vision du management, qui replace l’humain au centre.
VOTRE TRUC POUR DÉCOMPRESSER EN FIN DE SEMAINE ?
Être au contact de la nature. Je viens d’ailleurs de me lancer dans la culture d’un potager partagé.
UNE DESTINATION POUR SOUFF LER ?
Les Gorges du Verdon, quel magnifique décor sauvage ![/toggle]