HUMAN

Dans l’open space avec Sonia Frey, DRH chez Adecco

Ayant effectué l’ensemble de sa carrière dans les RH au sein de plusieurs multinationales, Sonia Frey, actuelle Human Resources & External Communication Director pour The Adecco Group Belux, nous livre son regard sur l’évolution de sa profession à l’heure où d’importants changements s’opèrent au sein de la société.

February 1, 2022

VOUS TRAVAILLEZ DEPUIS TOUJOURS DANS LA FILIÈRE RH. QU’EST-CE QUI VOUS PLAÎT DANS CE TYPE DE FONCTION ?

Si j’exerce des fonctions RH depuis toujours, c’est par amour de l’humain avant tout. Après mes études en psychologie, j’ai commencé ma carrière dans un cabinet de recrutement. Une chose en entraînant une autre, je suis resté dans la filière, en passant consciemment, à chaque fois, par des sociétés qui investissent beaucoup dans l’humain. J’ai exercé dans des sociétés actives dans de nombreux domaines, et cet élément a été le dénominateur commun de toutes mes expériences professionnelles. Pour moi, l’humain est essentiel. J’ai un vrai intérêt pour les personnalités de chacun, pour la valeur ajoutée qu’apporte le travail en équipe, etc.

DEPUIS VOTRE ARRIVÉE AU SEIN DU GROUPE ADECCO EN 2018, QUELS CHANGEMENTS MAJEURS ONT ÉTÉ OPÉRÉS ?

Comme n’importe quelle entreprise, Adecco doit nécessairement s’adapter en permanence, et même anticiper les évolutions. Il est particulièrement important de repérer les signaux, au sein de la société, qui indiquent qu’un changement doit être opéré. Chez Adecco, nous sommes ainsi passés d’une structure où chaque filiale était orientée vers son marché local à une organisation en business units, qui nous permet de mieux affronter les challenges du marché actuel.

QUELS SONT, SELON VOUS, CES PRINCIPAUX CHALLENGES ?

Le besoin croissant de flexibilité exprimé par le marché, les collaborateurs et les candidats ; la compétition croissante entre acteurs pour obtenir les talents; l’évolution plus rapide des métiers, les professions en pénurie… Aujourd’hui, en raison de ces facteurs, nous sommes de plus en plus souvent confrontés à des entreprises en demande de ressources qui ne parviennent plus à trouver le personnel nécessaire pour continuer à développer leur activité. Par ailleurs, le monde est devenu plus technologique, plus digital, et ce mouvement s’est accéléré avec la crise sanitaire. Cela demande des efforts importants en matière de formation pour conserver les collaborateurs : notamment par le upskilling et le reskilling de leurs compétences. Moi-même, j’ai encore suivi cette semaine une formation de trois heures par jour. C’est indispensable pour renforcer son employabilité. Comme le disait Steve Jobs, « stay hungry, stay foolish » !

AVEC ADECCO, VOUS ÊTES ACTIVE SUR LES MARCHÉS BELGE ET LUXEMBOURGEOIS. Y A-T-IL DES DIFFÉRENCES NOTABLES ENTRE CES DEUX TERRITOIRES EN MATIÈRE DE GESTION RH ?

Le socle commun, quel que soit l’endroit où l’on se trouve, est l’humain et la nécessité d’établir des bonnes connexions entre les collaborateurs. Évidemment, le Luxembourg et la Belgique sont très différents en matière de législation – avec notamment la question des frontaliers qui est propre au Luxembourg – et parfois de manière de travailler. Mais le challenge principal rencontré par les employeurs, à savoir la difficulté de trouver de la main-d’oeuvre, est le même en Belgique et au Luxembourg, comme dans toute l’Europe. Même si on parle de guerre des talents depuis longtemps, elle a aujourd’hui atteint un niveau jamais vu.

VOUS AVEZ ÉVOQUÉ LA CRISE DU COVID. PENSEZ-VOUS QU’ELLE AURA UNE INFLUENCE DURABLE SUR LE MONDE DU TRAVAIL ?

Le Covid a servi de test grandeur nature pour certaines filières comme l’IT par exemple, mais également en termes de pratiques, avec la généralisation du télétravail. Mais ce sont surtout les enjeux climatiques qui doivent aujourd’hui être pris en considération. Nous devons revoir fondamentalement notre manière de fonctionner, notamment en tirant profit des technologies digitales. Cela permettra également aux collaborateurs de disposer d’un meilleur équilibre vie privée/vie professionnelle, ce qui est l’une de leurs principales demandes. Aujourd’hui, en Belgique en tout cas, nous étudions la possibilité de généraliser le télétravail 2 à 3 jours par semaine pour nos collaborateurs. Mais une telle transformation implique de revoir profondément ce qu’on fait au bureau : cela ne sert à rien de demander aux collègues de se déplacer pour faire exactement la même chose que ce qu’ils peuvent faire de chez eux. Par ailleurs, certains métiers, certaines personnalités et certaines situations ne se prêtent tout simplement pas au télétravail. Il faudra donc trouver des solutions sur mesure, faire du cas par cas.

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