HUMAN
Dans l’open space avec Didier Lemeire
Didier Lemeire, Deputy Head of Business Unit, HR & People Management, Leadership Coach au sein de Spuerkeess évoque avec nous comment la fonction RH est amenée à soutenir les défis de transformation auxquels font face les organisations. Alors que les transitions s’accélèrent, explique-t-il, « il est important d’apprendre à apprendre et à désapprendre ».
September 5, 2024
Quels sont les principaux défis auxquels est amenée à répondre la fonction RH au sein d’une banque comme la vôtre ?
L’évolution technologique entraîne des transformations majeures à l’échelle d’une organisation comme Spuerkeess. Notre rôle, en tant que gestionnaire des ressources humaines, est d’accompagner l’humain, de l’aider à évoluer avec la technologie, ses impacts. Nous devons devenir des agents du changement et, dans cette optique, sensibiliser les collaborateurs vis-à-vis des enjeux de transformation, nous mettre à leur écoute, pouvoir les rassurer et maintenir un état d’esprit positif pour mieux appréhender le futur. Il faut entretenir une culture qui soit favorable au changement. Si la culture d’entreprise ne se décrète pas, celle-ci émanant de l’ensemble des acteurs qui constituent la banque, on peut chercher à l’orienter. Si on attend un changement de comportement, en lien avec une transformation technologique, il faut pouvoir promouvoir le changement. Il est important de permettre à chacun de se projeter vers l’avenir et pour cela il faut pouvoir expliquer quels sont les avantages que vont lui apporter les technologies que l’on envisage de déployer. Cela doit permettre à nos collaborateurs de s’en saisir et devenir eux-mêmes des acteurs du changement.
Les évolutions technologiques entraînent de nouveaux besoins en compétences, cela dans un marché où les talents manquent. Comment répondre à cet enjeu ?
Nous avons en effet besoin d’attirer les représentants des jeunes générations, qui ont grandi en étant baignés dans la technologie, avec les réseaux sociaux, et qui sont extrêmement bien connectés. Pour cela, il nous faut être à l’écoute du marché afin de pouvoir créer ce que l’on appelle une expérience employé qui se veut valorisante, inclusive et intéressante. C’est à nous de proposer un environnement de travail dans lequel chacun peut s’épanouir, en profitant de la flexibilité souhaitée, en étant responsabilisé et soutenu dans les missions qui lui sont confiées. De cette manière, on peut donner davantage de sens au travail. Cette jeune génération, qui fait face à une accélération des transformations, porte une attention plus importante au bien-être, à l’équilibre physique et mental. L’un des enjeux est aussi de challenger les collaborateurs. On évoque souvent la recherche de l’excellence comme une source de contraintes ou de pression. Au final, je pense qu’un travail bien fait génère un sentiment de fierté et d’accomplissement.
Quelles sont les clés pour parvenir à satisfaire les besoins en compétences dans un environnement qui évolue toujours plus vite ?
Il est aussi important de soutenir une démarche de développement continu des compétences, en veillant à ce que chacun puisse évoluer dans ses fonctions et répondre aux besoins du futur. Nous sommes confrontés à de nouveaux besoins liés aux évolutions réglementaires, à la valorisation des données, à l’intégration de l’intelligence artificielle, à la transition écologique…
Considérant tous ces changements, les besoins qu’ils induisent, nous devons donc mettre en œuvre des parcours de développement des compétences pour chaque collaborateur et structurer une offre de formations en conséquence. Il faut aussi soutenir une culture qui promeut la flexibilité. Si l’entreprise est amenée à se remettre en question en permanence, il est aussi essentiel de susciter auprès des acteurs qui la portent une envie de s’adapter. L’upskilling ou le reskilling ne relèvent cependant pas d’une approche naturelle. C’est à nous, RH, de soutenir les acteurs qui désirent évoluer, changer, emprunter de nouvelles voies. Afin d’évoluer dans un monde qui change de plus en plus vite, il nous faut apprendre à apprendre autant qu’à désapprendre.
Comment l’intelligence artificielle générative risque-t-elle d’impacter l’organisation du travail ? Comment bien appréhender ces évolutions ?
Personnellement, j’aborde cette technologie avec l’état d’esprit d’un gamin qui découvre une nouveauté. Je joue avec cette technologie, teste ses capacités, tout en gardant un regard critique sur les résultats ou réponses qu’elle apporte. Cela permet de mieux comprendre comment cela fonctionne, ce à quoi l’IA peut contribuer. On peut de cette manière se détacher des considérations émotionnelles, des craintes ou de l’enthousiasme exacerbé que suscite la technologie. Des experts, ayant acquis la maîtrise de ces outils, n’hésitent pas à s’appuyer sur l’IA dans leur travail, à condition de pouvoir garantir qu’aucune décision ne se fonde sur des algorithmes ne pouvant être expliqués. Par contre, les employés moins aguerris en la matière sont plus critiques et démontrent encore des réticences, voire de réelles craintes, par rapport à l’utilisation de l’intelligence artificielle. Il est donc important de les rassurer sur les avantages que peut offrir l’utilisation de l’IA générative, en les invitant à faire preuve d’un esprit critique sain. Vis-à-vis de l’utilisation de ces outils, on comprend que l’humain, agissant de manière complémentaire, va rester le garant des aspects de déontologie et d’éthique. Au-delà, comme pour d’autres technologies, notre rôle est d’accompagner l’adoption de ces solutions, qui vont prendre une place importante au sein de nos environnements de travail. L’intelligence artificielle ne remplace pas l’humain. Elle le soutient, pour lui permettre de valoriser d’autres formes d’intelligence, qui lui sont propres, au service de l’entreprise.
Bureau ouvert ou bureau fermé ?
De par ma nature, je suis plutôt bureau ouvert. Cependant, en raison de la confidentialité des échanges, mais aussi de la configuration de nos locaux, je travaille dans un environnement fermé. C’est davantage moi qui vais au contact des collaborateurs, qui sort. J’aime passer beaucoup de temps auprès des équipes, sur le terrain.
Mes 3 apps indispensables
1- LinkedIn
« La plateforme sociale me permet de rester en contact avec mes connaissances professionnelles, d’entretenir mon réseau et d’évoluer en portant à ma connaissance des contenus inspirants. »
2- Teams
« Cette application soutient les échanges et la collaboration. C’est un outil essentiel, qui permet de travailler avec l’ensemble des membres de nos équipes qui, désormais, ne sont plus forcément à côté de nous au bureau. »
3 – ChatGPT
« À un niveau personnel, j’ai recours à l’application essentiellement dans l’optique d’appréhender cette technologie, la challenger, afin d’affiner mon point de vue sur son potentiel. »