Les lignes autrefois noires et blanches de nos vies professionnelles et personnelles se sont transformées en une permanente nuance de gris.  Deux ans après qu’une pandémie mondiale a transformé bon nombre de nos foyers en bureaux, le lieu et la manière dont nous travaillons – et ce que nous attendons du travail – ont changé.

Partout dans le monde, des employés ont quitté leur emploi en quête d’épanouissement et d’objectifs, de respect et d’appréciation, et d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Certaines entreprises ont répondu en augmentant les salaires et les primes.

D’autres, comme Wavestone, ont engagé leurs employés en les faisant participer aux décisions qui affectaient leur travail. Les dirigeants ont réuni 3 000 employés sur 10 sites dans le monde pour discuter des objectifs de l’entreprise et de ses plans futurs. Elle a organisé 350 ateliers pour coconstruire son orientation stratégique avec les employés dans un esprit “d’intrapreneuriat”.

C’est ce niveau d’engagement avec les employés qui a contribué à faire de Wavestone l’un des lauréats de la liste Best Workplaces in Europe™ en 2022, en se classant quatrième dans la catégorie des grandes entreprises, après avoir été labélisée Best Workplaces dans plusieurs listes nationales, entre autres au Luxembourg en mars.

La liste des meilleurs lieux de travail en Europe est segmentée en quatre sous-listes : 25 petites organisations (10-49 employés), 50 organisations moyennes (50-499 employés), 50 grandes organisations (500+ employés) et 25 organisations multinationales – des entreprises qui opèrent dans trois pays ou plus à travers le monde et qui comptent plus de 1 000 employés.

La liste, établie par Great Place to Work®, l’autorité mondiale en matière de culture d’entreprise, est basée sur des données d’enquête anonymes représentant 1,4 million d’employés de plus de 3 000 entreprises réparties dans 37 pays d’Europe. L’enquête évalue les expériences des employés en matière de confiance, d’innovation, de valeurs de l’entreprise et de leadership. Pour figurer sur la liste, les entreprises doivent d’abord être bien classées sur les listes nationales de Great Place to Work.

Un peu de respect 

L’engagement des employés en Europe est plus faible que partout ailleurs dans le monde, à 14 %, soit sept points de pourcentage de moins que la moyenne mondiale de 21 %, selon l’étude de Gallup intitulée 2022 State of the Global Workplace. Ces faibles scores alimentent les problèmes de rétention, puisqu’un travailleur sur cinq dans le monde envisage de quitter son emploi. Ce n’est pas le cas pour les employés des meilleurs lieux de travail en Europe, où 87 % déclarent vouloir travailler longtemps dans leur entreprise.

Selon les recherches menées par Great Place to Work, lorsque les employés se sentent respectés par les managers et la direction de l’organisation, ils sont plus susceptibles de rester dans leur entreprise à long terme. Les meilleurs lieux de travail ont obtenu des résultats plus élevés par rapport aux lauréats des listes nationales, comme la participation des employés aux décisions qui affectent leur travail (83 % dans les meilleurs lieux de travail contre 69 %), la reconnaissance des personnes qui essaient de nouvelles et meilleures façons de faire les choses (87 % dans les meilleurs lieux de travail contre 73 %) et l’offre de possibilités de formation professionnelle (85 % dans les meilleurs lieux de travail contre 71 %).

À l’instar de Wavestone, bon nombre des Best Workplaces font appel aux idées de leurs employés et les font participer aux décisions. L’entreprise française Extia (21e sur la liste des grandes entreprises) adopte une approche “First Who, Then What” (d’abord qui, ensuite quoi), en accordant la priorité à chaque employé et à ses préoccupations (First Who). L’équipe commence par les individus qui construisent ensemble leurs projets professionnels, donnant à chacun la possibilité d’innover (Then What). L’entreprise encourage également ses employés à améliorer leurs compétences ou à en acquérir de nouvelles par le biais de formations, l’amélioration continue étant une valeur fondamentale. Plus de 60 % de ses employés sont formés chaque année.

Cpl Ireland (n° 31 sur la liste des Large Companies) a invité ses employés à façonner leur parcours de diversité, d’équité et d’inclusion, BeProud, en participant à la conception et à la mise en œuvre de politiques, de pratiques et d’initiatives.

L’entreprise suédoise Centiro (36e sur la liste des moyennes entreprises) associe ses employés à sa stratégie, en accordant plus d’importance à leur contribution qu’aux indicateurs clés de performance habituels. « Lorsque nous définissons notre stratégie, nous commençons toujours par nos collaborateurs et la dimension humaine plutôt que par des KPI et des chiffres ciblés, et tous les collègues sont impliqués dans le travail de stratégie. C’est la liberté pour tous les Centiroits de créer le “comment” – la liberté dans un cadre bien conçu », explique l’équipe.

L’équité : L’égalité des salaires et des chances 

Le deuxième domaine dans lequel les meilleurs lieux de travail ont obtenu de meilleurs résultats que les concurrents de la liste nationale est l’équité, définie en partie par la conviction que les employeurs offrent des salaires et des promotions équitables et l’égalité des chances.

L’équité dans les lieux de travail gagnants était supérieure de 9 points de pourcentage à 87 % par rapport aux gagnants de la liste nationale. Il est difficile de faire l’expérience de l’équité sans une culture d’inclusion dans laquelle tous les employés sont valorisés, soutenus et traités de manière égale.

Le groupe Chiesi (n° 12 sur la liste des multinationales) a lancé son défi mondial pour l’égalité des sexes et a élaboré un plan d’action visant à combler l’écart de rémunération entre les sexes d’ici 2023 et à équilibrer les femmes et les hommes aux postes de direction d’ici 2030. Cette année, le groupe se concentre également sur l’intégration des personnes handicapées.

L’entreprise finlandaise Vincit (n° 17 sur la liste des grandes entreprises) organise chaque année des semaines des salaires pour promouvoir la transparence. Tout le monde peut publier son salaire et suggérer des augmentations de salaire pour ses collègues ainsi que pour lui-même.

L’entreprise française EPI Etudes et Projets Industriels (47e sur la liste des moyennes entreprises) a supprimé les organigrammes. « Nous travaillons par le biais de la responsabilisation et de l’engagement, par opposition à un management directif. Il n’y a pas d’organigramme car les rôles évoluent en fonction de l’implication et des possibilités de chacun. Nous préférons proposer aux gens des missions qu’ils aiment faire afin qu’ils y prennent plaisir et ne voient pas le temps passer », explique l’équipe.

La Bank van Breda, basée en Belgique (18e sur la liste), ne procède pas à des évaluations annuelles de ses employés, mais organise ce qu’elle appelle des conversations régulières “YouTime” au cours de l’année pour discuter de “Comment pouvons-nous vous donner encore plus de satisfaction dans votre travail ?

Soutenir le bien-être des employés

Le bien-être des employés ne montre aucun signe d’amélioration à mesure que le COVID-19 devient endémique. Les travailleurs européens ont souffert dans ce domaine, puisque le bien-être a chuté de cinq points de pourcentage l’année dernière pour atteindre 47 %, selon Gallup, ce qui contraste avec les niveaux de bien-être de 59 % parmi les Best Workplaces Europe. Les meilleurs lieux de travail en Europe offrent un soutien au bien-être de nombreuses manières différentes, notamment en proposant une plus grande flexibilité.

L’entreprise suédoise Tyréns (49e sur la liste des entreprises de grande taille) ferme ses bureaux pendant trois semaines au cours de l’été et entre Noël et le Nouvel An pour encourager une période de repos et de récupération.

Teleperformance CEMEA (n° 9 sur la liste des multinationales) a mis en place une ligne d’assistance téléphonique pour aider ses employés en Ukraine et en Russie à rester en contact avec leurs familles dans le monde entier pendant la guerre en Ukraine. La ligne d’assistance téléphonique soutient les employés et leurs familles qui ont besoin d’aide pour traverser les frontières de l’Ukraine et les aide à trouver un logement, un soutien psychologique et un emploi.

Le bien-être comprend la manière et le lieu de travail des employés. Certains pays européens ont adopté le travail hybride plus que d’autres, rapporte la BBC. Un sondage réalisé auprès de 10 000 personnes a révélé que plus d’un tiers des employés européens refuseraient un emploi sans horaires flexibles et que plus de deux tiers accepteraient une baisse de salaire en échange de la flexibilité.

De nombreux Best Workplaces laissent aux employés le soin de décider où et quand ils souhaitent travailler, comme en témoigne AssisTT (n° 37 sur la liste des grandes entreprises), qui laisse les employés choisir leur lieu de travail et leurs horaires afin de leur offrir une plus grande flexibilité.

Donner la priorité aux employés

Le classement des meilleurs lieux de travail en Europe montre clairement ce que les employés attendent des employeurs aujourd’hui. Ils veulent être importants. Ils veulent être vus et entendus. Ils veulent être associés aux décisions et aux nouvelles idées.  Les Best Workplaces Europe comprennent l’importance de cet aspect pour la réussite de l’entreprise. Lorsque les employés ont une expérience positive au travail, les entreprises sont plus performantes que leurs concurrents.

Des niveaux élevés de respect, d’équité et de bien-être contribuent à créer des cultures de grande confiance. 90% des employés des meilleurs lieux de travail en Europe recommanderaient vivement leur employeur à leur famille et à leurs amis, et 9 employés sur 10 estiment que les personnes avec lesquelles ils travaillent sont prêtes à faire des efforts supplémentaires pour accomplir leur travail.

Le fait de donner la priorité aux employés aide les Best Workplaces à relever de nouveaux défis et à prospérer alors que l’avenir du travail continue d’être redéfini.

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Auteur : Roula Amire