DIGITAL SOLUTIONS
Apprendre à interagir et à grandir avec l’Intelligence Artificielle
Innover au départ de l’intelligence artificielle implique de mettre en oeuvre une démarche globale, partant d’une meilleure compréhension de la technologie et intégrant notamment des considérations juridiques ou encore éthiques. Pour Sébastien Larose, Directeur Innovation au sein d’InTech, l’intelligence artificielle doit rester au service de l’humain.
May 23, 2024
« L’intelligence artificielle est déjà très présente dans nos vies. Elle nous accompagne au quotidien dans nos déplacements, soutient nos achats en ligne, contribue à faciliter nos démarches au quotidien, commente Sébastien Larose, Directeur Innovation au sein d’InTech. La technologie est embarquée au coeur de nombreuses solutions innovantes. Tout l’enjeu, pour les entreprises traditionnelles, est de parvenir à comprendre cette technologie et d’innover à partir des possibilités qu’elle offre. Par exemple, les entreprises, notamment dans les secteurs financiers et industriels, bien qu’elles disposent d’une quantité de données impressionnante, n’en valorisent qu’une infime partie. On estime qu’entre 60 et 75 % des informations qu’elles détiennent ne sont pas exploitées. Fortement réglementées, ces organisations n’ont pas encore engagé des démarches d’innovation à partir de ces données. L’intelligence artificielle, en l’occurrence, doit leur permettre d’en extraire de la valeur. »
Besoin d’évangélisation
Or, les opportunités sont nombreuses. L’IA doit contribuer à automatiser des processus, à produire du contenu, à soutenir les collaborateurs dans leur recherche, à améliorer les interactions entre l’organisation et les utilisateurs de ses services. « Vis-à-vis de l’IA, les acteurs luxembourgeois développent des approches encore timides, mettant en oeuvre des projets à la marge, sans mener une réflexion approfondie autour de cas d’utilisation stratégiques, poursuit l’expert. Dans une démarche d’évangélisation, il faut encore faire des efforts importants pour expliquer à chacun ce qu’est l’intelligence artificielle, ce qu’elle peut apporter. Il est important d’emmener tout le monde, au travers de séances d’idéation, à la découverte du potentiel lié à la technologie, d’identifier comment elle peut répondre aux problématiques que rencontrent les organisations. »
Enjeux réglementaires et éthiques
Les défis liés à l’utilisation de la technologie d’intelligence artificielle dans le cadre de l’entreprise sont nombreux. Avant tout, souligne Sébastien Larose, il faut pouvoir l’envisager au regard du cadre réglementaire en vigueur. Au-delà, il faut aussi considérer des enjeux d’ordre éthique. « Comment s’assurer que les moteurs d’intelligence artificielle, une fois qu’ils tournent, n’entretiennent pas certains biais, pouvant par exemple mener à des décisions discriminatoires ? interroge par exemple le responsable du pôle Innovation & Développement d’InTech. Il est important de se doter des capacités de superviser ces outils une fois qu’ils sont déployés. En la matière, la réglementation évolue rapidement. L’IA Act doit aider les citoyens européens à avoir confiance en ce que l’IA peut offrir. Pour les organisations qui désirent faire de cette technologie un levier d’innovation, l’enjeu est de parvenir à bien l’appréhender, de manière conforme et éthique. Par exemple, lorsque l’on a recours à des solutions d’IA, il est important d’en informer l’utilisateur des sources et des modèles utilisées, d’assurer la plus grande transparence en ce qui concerne l’utilisation de la technologie. »
Une approche pluridisciplinaire
L’intégration de l’IA au coeur des organisations implique de prendre en considération de nombreux aspects. Si InTech accompagne aujourd’hui des acteurs dans cette voie, l’équipe souligne l’importance de se doter des bonnes compétences en interne. « Si l’on peut apporter des conseils inhérents à la technologie, à sa mise en oeuvre en tenant compte de la confidentialité des données et en choisissant des modèles déployés localement, d’autres enjeux doivent entrer en ligne de compte, poursuit Sébastien Larose. La mise en place d’un comité IA, au-delà des enjeux technologiques, doit permettre de bien intégrer les aspects juridiques, de mettre en place une gouvernance de la donnée, pour notamment déterminer ce qui peut être ou non partagé avec l’IA, l’usage qui peut être fait des différentes informations dont dispose l’entreprise. La gestion des risques, les questions de sécurité ne doivent pas être négligées. La mise en place d’un comité pluridisciplinaire autour de la technologie est incontournable. Celui-ci doit permettre à l’entreprise de gagner en maturité, de mettre en oeuvre la technologie de façon maîtrisée. »
Au service de l’humain
Si elle fascine, l’intelligence artificielle suscite aussi des craintes. Pour la déployer à l’échelle de l’entreprise, il est important de veiller à une adoption par l’ensemble des collaborateurs. « Cela implique de neutraliser les peurs que la technologie peut susciter et de s’assurer que chacun en reste maître, ajoute Sébastien Larose. À bien des égards, l’IA nous permet d’effectuer des tâches dont nous ne sommes pas capables, comme la résolution d’opérations complexes ou la recherche d’information au niveau d’une documentation volumineuse. À ce titre, elle doit nous soutenir. Elle est un formidable levier d’amélioration de notre productivité. Cependant, elle reste avant tout un outil d’aide à la décision, au service de l’homme. Sa mise en oeuvre part de l’humain, au service de l’humain. C’est le collaborateur qui, in fine, est amené à la superviser. Le défi est de s’assurer que chacun est en mesure d’interagir avec ces outils et de pouvoir grandir avec. »
Proposer de nouvelles expériences
Le pôle Innovation & Développement d’InTech explore au quotidien les possibilités offertes par la technologie et notamment par les intelligences artificielles génératives.
Son équipe a notamment accompagné plusieurs projets originaux dans le domaine de l’événementiel. Pour la société The Style Pulse, dont la mission est de mettre en relation des créateurs de mode et des distributeurs, l’équipe d’InTech a créé un avatar numérique répondant au nom de Julia, qui s’appuie sur un modèle d’IA conversationnel.
À l’occasion d’un événement dédié à la mode à New York, l’agent conversationnel, se présentant sur un écran à hauteur d’homme, interagissait avec les visiteurs. « Entraînée sur un ensemble de données, Julia pouvait répondre aux questions des visiteurs, leur apportant des renseignements sur des stylistes, leur collection, l’endroit dans le salon où ils pouvaient les rencontrer, explique Sébastien Larose. Cette première expérience nous permet aujourd’hui de repenser la manière dont on interagit avec les marques. À l’avenir, grâce à l’IA, Julia pourrait très bien présenter et décrire des modèles, émettre des critiques relatives au style ou à une tendance. Au-delà, on peut très bien imaginer constituer des expériences originales, au travers de showrooms virtuels par exemple. »
Dans un autre contexte, InTech a accompagné les organisateurs du Invisible Festival, qui s’est tenu en mars dernier à Bruxelles et dont l’ambition était de mettre en avant les « invisibles de l’histoire » par le biais d’oeuvres et créations numériques et d’un parcours utilisant la réalité augmentée. Dans ce contexte, la filiale du groupe POST a donné vie à un ensemble de personnages historiques grâce à l’intelligence artificielle générative. Entraînés à partir de l’ensemble des données récoltées sur la vie de ces personnalités, les agents conversationnels permettaient aux personnages modélisés, s’affichant sur des écrans, de se présenter aux visiteurs, d’évoquer leur vie passée ainsi que leurs exploits et de répondre aux divers questions posées en temps réel.