TRANSFORMATION & ORGANISATION
La RSE, enjeu de développement pérenne pour toute activité
Intégrer la responsabilité sociale et environnementale au cœur de son modèle de développement n’est désormais plus une option. Plus que jamais, les dirigeants doivent prendre la mesure du défi.
October 26, 2022
Intégrer la responsabilité sociale et environnementale au cœur de son modèle de développement n’est désormais plus une option. Plus que jamais, les dirigeants doivent prendre la mesure du défi. Chaque entreprise, en effet, est appelée à envisager de nouveaux modèles, en phase avec les enjeux de transition actuels et répondant aux attentes et aspirations nouvelles du marché. Les évolutions à l’œuvre impliquent la prise en compte, par les entreprises, de nouveaux risques et de nouvelles contraintes, réglementaires notamment. Si elle veut continuer à exister au cœur de son marché, chaque organisation n’aura pas d’autre choix que de faire preuve… de responsabilité. Oui, mais comment ?
« C’est une évidence, le développement économique doit être durable »
Une crise est souvent un catalyseur de changement. Du moins, elle permet de prendre conscience de faiblesses, d’erreurs, de fragilités. Bousculant notre routine, elle nous invite à reconsidérer nos modes de vie, nos manières de faire. Lorsque les crises s’enchainent, comme c’est le cas depuis près de trois ans avec la pandémie, les sécheresses, feux de forêt et inondations liés au dérèglement climatique, la mise à mal de nos chaînes d’approvisionnement, la crise énergétique… on se dit que nos sociétés se trouvent à un tournant. En Europe, particulièrement, les dirigeants semblent prendre la mesure des transformations à mener, avec l’exigence d’adopter de nouveaux modèles que l’on souhaite plus responsables.
L’Union européenne n’a d’ailleurs pas attendu l’inflation liée à la crise énergétique pour annoncer son Green Deal, mettant en place un ensemble de mesures au service d’une société plus durable. Parmi celles-ci, de nombreux textes réglementaires enjoignent la finance – un secteur si important au Luxembourg – à privilégier le financement d’activités reconnues comme « vertes ». Cette transformation, conduisant à l’émergence de la finance durable, est l’un des leviers importants de la transformation à mener vers une société plus responsable.
Tous concernés
La finance n’est pas la seule concernée par ces enjeux, loin s’en faut. Au contraire, chaque organisation doit prendre la mesure des changements à venir, et intégrer les principes de responsabilité sociétale et environnementale au cœur de son modèle de développement, si elle veut perdurer. « C’est une évidence, le développement économique doit être durable », écrit la Chambre de Commerce du Luxembourg dans son Luxembourg Sustainable Business Manifesto, un document produit en 2021 qui invite les acteurs économiques à s’engager pour 2030 dans la voie de la durabilité.
Pourquoi ? « Les activités économiques sont le moteur de la prospérité et du progrès social, mais peuvent aussi mettre en péril l’écosystème même dans lequel elles évoluent. Depuis déjà plusieurs années, les pays du monde entier, leurs institutions, leurs citoyens, leurs entrepreneurs ont pris conscience, dans leur très grande majorité, de la nécessité vitale et urgente de faire face aux multiples défis planétaires et humanitaires : réchauffement climatique, pollution et perte de la biodiversité, raréfaction de l’eau et limitation des ressources naturelles, déséquilibres démographiques, montées des inégalités sociétales, mauvaises conditions de travail et atteintes aux droits humains dans de nombreux pays du monde. » Les raisons d’adopter des approches plus responsables ne manquent donc pas.
De nouveaux risques
Mais au-delà des enjeux sociétaux et environnementaux, cette transformation à mener relève aussi de l’enjeu vital d’un point de vue très pragmatique, c’est-à-dire économique. A l’avenir, l’acteur qui ne se montrera pas suffisamment exemplaire aura de plus en plus de peine à attirer des clients, à établir des partenariats, à recruter des talents. Aujourd’hui, les acteurs économiques sont contraints de répondre aux attentes exprimées au niveau de la société, qui souhaite que les enjeux environnementaux et sociaux soient mieux intégrés au cœur des modèles de développement. Les organisations qui négligent ces aspects s’exposent en outre à d’autres risques. Il apparait certain que les activités émettrices en CO2 seront davantage pénalisées à l’avenir, notamment fiscalement. A cela peuvent s’ajouter des difficultés d’accès aux ressources pour ceux qui ne s’inscriraient pas dans une approche d’économie circulaire ou encore de nouveaux risques physiques liés au dérèglement climatique. Prendre des mesures de sobriété, en outre, ne constitue pas uniquement un geste en faveur du climat ou de l’environnement. De telles démarches doivent contribuer à assurer sa compétitivité.
« Les défis systémiques, auxquels nous devons faire face, exigent un ré-alignement entre les affaires, l’environnement et la société, précise justement le Manifesto de la Chambre de Commerce. Seule la prise en compte concomitante des trois dimensions ouvre la voie à un développement durable. Parce que les entreprises créent de la valeur et de la richesse, elles contribuent au progrès économique, à l’accès au travail, à la mise en œuvre de solutions innovantes et efficientes, au développement du bien- être de la société et à la préservation des équilibres de la planète. Tous ces éléments sont indispensables au bon fonctionnement des entreprises à long terme. »
Établir une feuille de route
Si l’on peut se réjouir que cela bouge dans la bonne direction, il est souvent difficile pour un dirigeant d’engager cette transformation. La Chambre de Commerce, dès lors, propose une feuille de route autour de 10 principes, devant permettre aux organisations de faire évoluer leurs modèles (voir infographie p.16).
Parmi ces principes, on peut évoquer certains leviers forts, comme l’évaluation de la performance de l’entreprise aussi bien à travers des indicateurs financiers qu’extra-financiers, ou encore une meilleure répartition de la valeur créée entre l’ensemble des parties prenantes : actionnaires, salariés, ainsi que le reste de la société. On peut aussi évoquer l’exigence de mener une diligence responsable en matière de droits de l’homme et d’impacts environnementaux, dans le choix de ses partenaires tout au long de la chaîne de valeur. Sans oublier l’exigence de décarboner en développant une trajectoire zéro émission nette.
L’exigence d’une dynamique collective
Les défis ne manquent pas. De plus en plus d’acteurs les prennent à bras-le-corps. On peut se réjouir de voir grossir les rangs des entreprises labelisées RSE par l’Institut National pour le Développement durable et la Responsabilité sociale des entreprises (INDR) ou adhérant à l’IMS – Inspiring More Sustainability. Car, au- delà de l’engagement individuel de chaque acteur, bien appréhender ce changement implique des dynamiques collectives. A la poursuite des objectifs de développement durable, les acteurs doivent en effet transformer leur business, faire évoluer leur organisation, repenser leur modèle de création de valeur, pour soutenir un monde plus juste, plus respectueux de l’environnement. Pour un acteur isolé, qui évolue au sein d’un marché, ce n’est pas forcément évident, surtout si les compétiteurs ne se soumettent pas au même niveau d’exigence.
Travailler en réseau, chercher des solutions entre acteurs, pour répondre à de nouvelles exigences et contraintes du marché, doit permettre de faciliter la transition. L’IMS, par exemple, travaille à mettre les acteurs en réseau, à l’instar de l’action menée pour éliminer le recours aux plastiques à usage unique au sein des entreprises. Dans cette démarche, le réseau a impliqué les fabricants de plastiques, les aidant à se repositionner au cœur de ce monde en transition.
Mobiliser les collaborateurs
A l’échelle de l’entreprise, le succès de cette démarche ne saura être assuré sans le soutien de l’ensemble des collaborateurs. Renforcer leur engagement en diffusant la culture durable à chaque étage de l’entreprise sera crucial. Pour cela, l’entreprise devra avant tout affirmer son engagement, intégrer au niveau de sa raison d’être cette dimension de responsabilité. Devenant des acteurs de la transformation durable de l’entreprise, les collaborateurs trouveront un sens nouveau à leur travail et seront d’autant plus performants et fidèles. Intégrer les enjeux de durabilité en entreprise, au final, constitue donc un win-win : l’entreprise, les collaborateurs et l’ensemble de la société y gagnent.