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Une plateforme mondiale dédiée à la cybersécurité

Cyberr a l’ambition de devenir le nouveau réseau mondial de la cybersécurité, une sorte de Linkedin « augmenté » grâce à l’apport technologique de l’IA et la blockchain. Imaginé comme un lieu de rencontre, d’échange et de partage entre les entreprises à la recherche d’experts, les professionnels affirmés et les jeunes talents, Cyberr a déjà séduit des milliers d’utilisateurs

September 5, 2024

A l’origine de la plateforme Cyberr, on retrouve Laurent Halimi, un Français de 44 ans. Son aventure entrepreneuriale trouve son origine en Grande-Bretagne voici 19 ans environ. « J’ai commencé ma carrière dans le recrutement, au sein d’une entreprise dont j’étais le premier collaborateur et qui a finalement été revendue 100 millions de livres sterling à un groupe new-yorkais, alors qu’elle était devenue leader dans le recrutement de profils Microsoft, avec 3.500 salariés », confie le CEO de Cyberr. Il fonde ensuite ELITECYBER, un cabinet de recrutement spécialisé dans le domaine de la cybersécurité. « J’ai rapidement vu toute l’opportunité qu’il y avait à investir dans ce secteur et, durant 10 ans, nous avons placé avec succès des milliers de candidats dans le monde entier. Nous sommes notamment devenus le premier cabinet de niche en France, avec des clients prestigieux comme Capgemini ou Thales. Au fil des années, la demande a explosé. En 2023, on estimait ainsi à 5 millions le nombre de positions vacantes dans le monde entier. Cela équivaut à 60 % de masse salariale supplémentaire par rapport à la situation actuelle », soulève Laurent Halimi.

Répondre au « talent gap »

Quand le chef d’entreprise apprend, par une relation en commun, qu’Eric Busch, fondateur luxembourgeois de Nexten, plateforme de recrutement qui mettait en relation des employeurs et des développeurs, souhaite céder son affaire, il y voit une opportunité. « J’ai toujours eu un intérêt très fort pour la technologie, reprend Laurent Halimi. Mon idée, au vu de mon expérience, était de développer une plateforme mondiale de recrutement en cybersécurité, capable de placer de manière automatique des candidats auprès de clients qui ont posté une offre. Un premier algorithme existait, il fallait le modifier pour le rendre performant, l’adapter en tenant compte du contexte particulier de la cybersécurité, en y ajoutant une touche d’IA qui n’existait pas au départ. »

Mais se contenter de placer des talents dans des entreprises ne répond pas au « talent gap » existant. L’idée de Cyberr est donc de pousser le sujet plus loin et de créer un écosystème, une sorte de réseau professionnel de la cybersécurité, où toutes les parties prenantes peuvent y trouver leur compte.

« Malgré le nombre de postes ouverts en cybersécurité, les jeunes qui sortent de l’école ont aujourd’hui du mal à trouver un premier job dans ce domaine. Ils ne savent pas comment s’y prendre, tandis que les entreprises cherchent souvent en urgence des profils expérimentés capables de combler les brèches, souligne le CEO. Notre objectif est donc de mettre en place un système de mentoring, qui invite les candidats seniors présents sur notre plateforme à prendre sous leur aile un jeune talent. Cette fonctionnalité s’appuie sur un deuxième algorithme. La cybersécurité est un secteur où règne un esprit communautaire fort. Un professionnel luxembourgeois, actif dans ce domaine, va très souvent vouloir aider l’ensemble de l’écosystème local à se protéger d’éventuelles attaques. Nous voulons aider ces jeunes à trouver un premier emploi et cela répond aussi à une demande des écoles, qui peuvent apporter une valeur ajoutée en s’appuyant sur Cyberr pour offrir cette passerelle vers l’emploi. »

Après deux mois et demi d’activité, début mai 2024, la plateforme comptait déjà 40.000 candidats inscrits. Avec un taux de croissance actuel de 500 à 1.000 nouveaux membres par jour provenant du monde entier, sans aucune publicité, Cyberr vise à atteindre 1 million de professionnels de la cybersécurité d’ici la fin de 2025-2026. Ces objectifs favoriseront l’amélioration continue, l’innovation et la résilience collective au sein de la communauté de la cybersécurité.

Une reconnaissance des autorités

Pour renforcer sa croissance, Cyberr mise sur la reconnaissance des autorités. « Baptisé « Pôle d’Excellence Cybersécurité », un groupe rassemblant environ 140 entreprises françaises a décidé que Cyberr serait leur plateforme pour les carrières en cybersécurité. Ces entreprises assurent aujourd’hui notre promotion. Des discussions sont en cours au Luxembourg, ajoute Laurent Halimi. Avec la House of Cybersecurity nous travaillons sur un projet européen qui vise à reconvertir des profils IT en professionnels de la cybersécurité, ce qui implique de créer du contenu éducatif spécifique. Sur ce sujet, nous avons pour ambition de développer un troisième algorithme qui permettrait d’orienter les candidats, sur base de leurs connaissances IT, vers des parcours de formation spécifiques appropriés.

Nous sommes également en discussion avec Luxinnovation. Partout dans le monde, notre volonté est de nouer des partenariats avec les institutions gouvernementales. Des pourparlers sont en cours au Canada et au Royaume-Uni. »

Afin d’enrichir encore la plateforme, Laurent Halimi veut y ajouter une couche supplémentaire afin de permettre aux professionnels de se muer en recruteurs. « Il s’agit d’un programme de cooptation. En pratique, lorsqu’une entreprise luxembourgeoise poste une offre, toute la communauté locale reçoit une alerte et un membre a la possibilité de coopter un candidat dont le profil sera évalué avant d’être poussé sur le dashboard de l’entreprise. La personne qui recommande peut être récompensée de différentes manières, des bons d’achat, des goodies ou des réductions sur des formations données par nos partenaires… Là encore, l’objectif est de créer et nourrir un écosystème où tout le monde a à y gagner : les écoles, les étudiants, les candidats, les entreprises, les sociétés qui font de la formation ou de l’événementiel en cyber… », poursuit l’entrepreneur.

Intégration de l’IA et de la blockchain

Le modèle économique de Cyberr repose actuellement sur des plans d’abonnement, auxquels peuvent souscrire les entreprises. « L’objectif est de proposer une solution plus attractive qu’un cabinet de recrutement traditionnel qui va facturer un pourcentage calculé sur le salaire mensuel du candidat placé. Pour donner un exemple, pour une rémunération de 100.000 euros, l’agence va facturer 20 à 25 % de ce montant, sans aucune garantie que le candidat va rester plus de quelques mois, détaille Laurent Halimi. Notre offre de base est déjà accessible à partir de 690 euros par mois et permet de poster autant d’offres qu’on le souhaite… Si vous ne faites qu’un seul recrutement sur l’année, vous êtes déjà largement gagnant. » Très bientôt, les écoles qui souhaitent offrir un accompagnement à leurs diplômés pourront également souscrire un abonnement.

L’intégration par Cyberr de technologies de pointe, notamment l’IA et les algorithmes avancés, s’étend à la blockchain pour garantir l’exactitude et l’intégrité des informations relatives aux candidats. En s’appuyant sur des algorithmes pilotés par l’IA et sur la technologie des registres distribués, qui sous-tend la blockchain, Cyberr fournit un enregistrement sécurisé et immuable des références et des qualifications des candidats. Cette approche innovante améliore la confiance et la transparence dans le processus de recrutement tout en renforçant l’engagement de Cyberr à faire progresser la communauté de la cybersécurité grâce à des solutions de pointe.

A l’image de Fiverr, une des premières plateformes mondiales de freelances, Cyberr entend lui aussi permettre à ses membres de vendre leurs services au travers de l’application. « Le projet Cyberr, dans son ensemble, est titanesque et va encore demander environ 2 ans de développement à plein régime, avec des besoins en expertise pointus notamment dans les domaines de l’IA et de la blockchain. Notre board accueille déjà ce jour quelques personnalités bien connues au Luxembourg comme Bob Kneip, Christophe Bianco ou Romain Hoffmann. D’autres vont nous rejoindre, assure Laurent Halimi. Nous comptons déjà une vingtaine d’employés. Nous sommes en « seed stage ». Un premier tour nous a permis de lever 720.000 euros et nous devrions bientôt atteindre le stade de 1,5 million. L’objectif suivant sera d’aller sur une Série A dans les 18 à 24 mois suivants pour soutenir nos ambitions mondiales. »

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