TRANSFORMATION & ORGANISATION
Un marché de l’emploi en pleine transformation
Le monde dans lequel nous vivons et dans lequel les travailleurs évoluent est en changement permanent. Dans ce contexte en mutation constante, les compétences attendues et les profils recherchés demain sont amenés à se transformer. Pour répondre au mieux à ce défi, il convient, dès à présent, d’anticiper ces besoins et de s’y préparer au mieux.
November 12, 2021
Les secteurs d’activité et le marché de l’emploi sont soumis à de perpétuelles évolutions, qu’elles soient technologiques, sociales, démographiques, environnementales ou encore réglementaires. Plus que jamais, il convient, pour chaque entreprise, quel que soit le domaine dans lequel elle est active, quelle que soit la taille de son organisation, de s’adapter à ces changements si elle désire continuer à se développer. La réussite de cette transition ne peut toutefois se faire sans ce qui constitue le coeur de toute entreprise : ses talents, ses compétences humaines.
« Dans ce contexte, les employeurs attendent de leurs collaborateurs des compétences personnelles plus résilientes, d’adaptation au changement, bien entendu, mais aussi de communication, de créativité, de collaboration, et de capacité à résoudre des problèmes.»
LA RÉSILIENCE, GRANDE GAGNANTE DE LA PANDÉMIE
Pour faire face à ces évolutions déjà bien engagée, les entreprises recherchent aujourd’hui, sur le marché luxembourgeois, certains profils et compétences spécifiques qui doivent leur permettre de traverser le changement.
Au Luxembourg, les profils les plus recherchés sont les développeurs IT, avec 1.400 postes déclarés à l’Agence pour le développement de l’emploi (ADEM) sur les 12 derniers mois (août 2020-juillet 2021). Suivent des métiers administratifs et intellectuels (comptables, secrétaires, chefs de projets, analystes financiers, juristes, etc.) qui, depuis plusieurs décennies, sont très présents dans le pays, tandis que les métiers manuels (maçons, personnel de cuisine et de nettoyage) complètent le podium.
Parmi les compétences les plus attendues par les employeurs, on distingue quatre grandes catégories. « Nous vivons une période particulièrement incertaine. Dans ce contexte, les employeurs attendent de leurs collaborateurs des compétences personnelles plus résilientes, d’adaptation au changement, bien entendu, mais aussi de communication, de créativité, de collaboration, et de capacité à résoudre des problèmes», explique Inès Baer, Future Skills Initiative manager au sein de l’ADEM. Alors que toutes les activités se digitalisent ou, en tout cas, sont amenées à se transformer, les compétences digitales – pour la plus grande majorité, de base, comme l’utilisation d’un ordinateur et de logiciels de bureautique – sont également très appréciées. Les compétences métiers telles que le service client et la gestion de projets, tout comme les compétences linguistiques, figurent également parmi les aptitudes les plus demandées par les employeurs luxembourgeois.
MÉTIERS ET COMPÉTENCES APPELÉS À ÉVOLUER
Demain, ces profils et compétences seront encore amenés à évoluer. « On peut définir quatre grands groupes de métiers en croissance », analyse Inès Baer. Le premier concerne les métiers liés à la transition technologique : les gestionnaires de projets IT, les experts dans le cloud, les experts en cyber-sécurité, les développeurs, les data analysts, etc. Le second groupe a trait à la maîtrise des risques et à la mise en conformité, dans un contexte réglementaire de plus en plus strict. On y retrouve par exemple les fonctions bancaires de gestion des risques et de protection de données. Certains métiers vont également prendre de l’importance car ils répondent à des tendances ou des problématiques sociétales telles que les soins de santé, face au vieillissement de la population, le boom de l’e-commerce ou encore le développement de la logistique. Enfin, il existe tout un tas de profils qui seront nécessaires pour soutenir la croissance économique et démographique du Luxembourg, et ce dans divers secteurs : la construction, les services, ou encore l’audit et le conseil aux entreprises. « Dans un monde du travail post-COVID, qui est voué à être toujours plus digitalisé, les compétences attendues vont elles aussi évoluer », constate Inès Baer. Les compétences personnelles et digitales attendues aujourd’hui vont prendre encore plus d’ampleur. « Aussi, il conviendra, de plus en plus, d’être capable de gérer et d’analyser les données, de sensibiliser à la sécurité de ces données ou encore de faire le lien entre le métier et le digital. Demain, on attendra des collaborateurs qu’ils disposent de profils très polyvalents », ajoute Inès Baer. « La digitalisation complexifie un grand nombre de métiers, mais elle crée surtout une polarisation entre les profils. Les fonctions les plus impactées sont celles du ‘milieu’, à savoir les profils administratifs et de production car ils sont davantage susceptibles d’être automatisés. Les profils moins qualifiés, de service et de main-d’oeuvre, par contre, sont souvent encore difficiles à automatiser. Il devrait donc toujours y avoir une forte demande pour ces métiers à l’avenir. »
UPSKILLING ET RESKILLING
Pour relever ce défi, il convient, dès à présent, de préparer les talents de demain – et tout particulièrement ceux dont l’emploi est menacé ou amené à se transformer durablement – en investissant dans la formation initiale et continue ainsi que dans l’accompagnement des entreprises dans la formation et la requalification préventive. « Il est essentiel d’identifier les grandes trajectoires d’upskilling (renforcement) et de reskilling (requalification), pour savoir qui doit prendre en charge ces formations et comment les mettre en place, de manière préventive, pour assurer aux travailleurs leur employabilité et leur attractivité, explique Inès Baer. Nous ne pouvons pas attendre qu’une personne soit mise sur le bas-côté du marché de l’emploi pour commencer à la former. » Les démarches d’upskilling et de reskilling sont en effet essentielles pour éviter une inadéquation entre les profils recherchés et ceux disponibles. C’est pourquoi le Luxembourg s’attèle à mettre sur pied plusieurs initiatives visant à répondre à ces enjeux.
DES INITIATIVES SONT PRISES
La ‘Future Skills Initiative’, mise sur pied par l’ADEM, vise à anticiper les évolutions sur le marché du travail et à proposer de nouveaux programmes aux demandeurs d’emploi et aux employeurs pour y faire face. « Ce programme stratégique avait déjà été lancé avant la crise sanitaire mais celle-ci lui a donné un autre élan, commente Inès Baer. La pandémie a accéléré l’importance et l’urgence d’un tel projet, la thématique des compétences ayant gagné en intérêt. » Ainsi, la ‘Future Skills Initiative’ soutient « l’anticipation et le développement des compétences de demain, dans un objectif de maintien dans l’emploi ». Concrètement, l’ADEM réalise des études sur l’évolution du marché de travail luxembourgeois, des postes vacants, des métiers en pénurie, des tendances d’évolution de métiers, d’activités et de compétences. Ces analyses permettent ensuite de concevoir et de mettre en place des stratégies de développement des compétences de manière anticipée. Parallèlement, l’ADEM sensibilise les employeurs à l’évolution des métiers et des compétences, et à l’intérêt d’adopter une approche préventive pour s’y préparer. L’ADEM proposera également de guider les entreprises dans ces projets d’analyse et de gestion des compétences. Enfin, la ‘Future Skills Initiative propose des formations aux demandeurs d’emploi pour répondre à ce défi des compétences attendues demain.
Dans le même ordre d’idées, la tripartite a mis sur pied à l’automne 2020 le ‘Skillsdësch’, un projet visant à réunir régulièrement le gouvernement, les syndicats et le patronat afin d’analyser l’évolution du monde professionnel, des besoins en compétences et les formations à mettre en place pour y préparer les travailleurs. Dans le cadre du ‘Skillsdësch’, le Grand-Duché travaille aussi sur la ‘National Skills Strategy in Luxembourg’, avec le soutien de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette étude, qui devrait aboutir fin 2022, entend identifier les compétences nécessaires dans le monde du travail d’aujourd’hui et de demain. L’objectif est de combler les éventuels écarts entre les compétences attendues et existantes à long terme, et ce alors que l’économie luxembourgeoise croît plus vite que sa population, que les ressources humaines disponibles localement manquent et qu’il devient de plus en plus difficile d’attirer des talents extérieurs.
D’autres projets sont encore développés afin de former au mieux les travailleurs de demain. Parmi ceux-ci, on peut notamment citer la nouvelle année de formation ‘Diplôme+’ du ministère de l’Éducation afin de permettre aux jeunes diplômés de l’enseignement secondaire et de la formation professionnelle de compléter leurs compétences et de maximiser leurs chances de trouver un emploi ou d’être acceptés à l’université, la prime unique pour les entreprises qui offrent des postes d’apprentissage aux jeunes, l’ouverture de formations dans les lycées pour les futurs apprentis, l’intégration des sciences numériques dans les classes inférieures de l’enseignement secondaire ou encore l’ouverture d’un centre de formation pour adultes, une « université populaire » à Esch-Belval en 2021.
Grâce à ces différentes démarches, le Luxembourg se donne une vision commune et déploie les efforts nécessaires pour répondre à la demande future du marché du travail et offrir aux travailleurs les outils adéquats pour continuer à développer leurs compétences.