TRANSFORMATION & ORGANISATION
Traverser les crises et en sortir plus fort
L’incertitude n’a jamais été aussi importante pour les organisations. Depuis trois ans, chacun doit faire face à de nombreuses crises : sanitaires, énergétiques, économiques... Et les mois à venir ne s’annoncent pas plus simples, entre hausse des coûts, indexations salariales, risque de récession, exigence d’engager une transition environnementale et sociale, pression réglementaire... Quels sont les enjeux pour les dirigeants d’entreprise ? Quelles sont les clés pour maintenir un cap ou naviguer ou gré des tempêtes ? Comment les organisations peuvent-elles évoluer pour gagner en agilité et flexibilité ?
July 11, 2023
Le monde est confronté à un ensemble complexe de crises entremêlées et interdépendantes. On parle de polycrise. Y faire face exige du dirigeant de travailler sur les fondamenteux de son activité, sa stratégie, la culture d’entreprise et ses modèles organisationnels. Il importe de renforcer sa résilience à diverses échelles.
Début 2022, l’enthousiasme était à nouveau de mise. La crise sanitaire semblait derrière nous. Certaines difficultés d’approvisionnement persistaient. Les coûts des matières premières et des composants électroniques restaient élevés… Toutefois, ces aléas paraissaient surmontables. Quelques mois plus tard, les conséquences d’une nouvelle invasion des territoires ukrainiens par la Russie, et notamment les hausses des coûts de l’énergie, obligeaient des industries à mettre à l’arrêt leur ligne de production, des boulangers à baisser le rideau. L’inflation sous-jacente a conduit à un changement de paradigme au niveau des politiques monétaires en place, avec une hausse soutenue des taux d’intérêts, remettant en question de nombreux projets d’investissement, figeant le marché de l’immobilier, amenant à nouveaux des banques à la faillite… Si l’on regarde les perspectives, entre la remise en cause des équilibres mondiaux, les tensions géopolitiques à leur paroxysme, les enjeux d’approvisionnement et de souveraineté… Bien malin celui qui peut dire de quoi le monde de demain sera fait.
Naviguer dans un monde incertain
Comment, dans cet environnement, faire face à l’adversité, s’assurer d’être en capacité de traverser la prochaine crise, quelle qu’en soit la nature, pour en ressortir plus fort et continuer de prospérer ? Quelle attitude adopter pour continuer à avancer alors que la conjoncture et les perspectives économiques ne prêtent pas à l’optimisme, loin de là ?
Renforcer sa capacité à traverser les crises est devenu un enjeu clé pour les organisations. A la suite de la dernière pandémie, la « résilience » a fait l’objet de nombreuses discussions. Le concept, cependant, est vaste et implique de prendre en considération de nombreuses dimensions. A l’échelle d’une entreprise, il concerne la capacité à se relever efficacement suite à une crise (on parle alors de continuité et de relance des activités). Plus largement, il reprend l’ensemble des éléments à considérer pour faire face aux éléments, pour naviguer dans un monde incertain.
L’incertitude comme nouvelle normalité
C’est face à l’adversité que l’on reconnait les vrais leaders. Le rôle d’un dirigeant, en effet, est de prévoir, d’anticiper, de renforcer l’entreprise en permanence pour qu’elle puisse atteindre ses objectifs, prospérer sur le marché. Depuis toujours, l’Homme, la société et les organisations ont appris à appréhender le danger pour mieux y faire face et prospérer. Toutefois, au regard de la multiplicité des risques, lorsque ce qui relevait de l’éventualité exceptionnelle devient fréquent, la tâche s’avère plus complexe que jamais. L’enjeu ? Intégrer cette incertitude au cœur de la stratégie globale de l’entreprise, en tenir compte lors de chaque prise de décision, en étant le plus clairvoyant possible sur les risques et tendances qui peuvent affecter le business à plus ou moins long terme. A ce titre, une organisation résiliente a conscience du changement, s’en imprègne, cherche à l’influencer en toute confiance.
Penser au-delà de la crise
S’il faut se doter d’un plan de continuité opérationnelle, assurant à l’entreprise de faire face à des éventualités impactant directement le business et permettant de gérer diverses crises (comme une cyber-attaque, un lock-down, la chute soudaine d’un partenaire bancaire par exemple), les dirigeants doivent voir plus loin, retravailler leur fondamentaux pour garantir la prospérité de leur activité sur le long terme, et ce malgré les crises.
Dans ce contexte, les éléments à considérer, au regard des recommandations faites par les grands acteurs du conseil, sont de diverses natures.
Les échelles de la résilience
Chaque organisation est dépendante de nombreux éléments, de ses clients, de ses collaborateurs, de ses finances, de la disponibilité des ressources, des banques, des marchés, du système monétaire, des routes d’approvisionnement, de la disponibilité des ressources… Si l’on parle de résilience, elle doit s’appréhender au niveau individuel, organisationnel, sectoriel, de l’infrastructure nationale et de la société dans son ensemble.
Bien évidemment, un dirigeant n’a pas de levier d’action sur l’ensemble de ces éléments. Il doit cependant avoir conscience des impacts que peuvent avoir ces divers niveaux de résilience sur son activité et, surtout, garder à l’esprit l’objectif poursuivi.
L’importance de la raison d’être
La raison d’être, autrement dit la définition claire d’objectifs poursuivis en commun, est à ce titre un élément moteur d’une organisation résiliente. Elle est un levier de motivation des collaborateurs. Si la raison d’être est claire, qu’elle donne du sens à l’entreprise et à ses collaborateurs, crée de la valeur sociétale, les personnes mobilisées pour concrétiser l’objectif poursuivi sont plus engagées, collaborent plus efficacement et s’adaptent plus facilement. Quels que soient les aléas, ils restent concentrés sur la raison d’être. Celle-ci est donc un facteur clé de cohésion et de prospérité.
L’humain reste la ressource la plus importante de l’entreprise. Dans un monde incertain, il est important de créer les conditions qui permettront à chacun, à l’échelle de l’organisation, d’affronter l’incertitude en mobilisant les capacités qui nous caractérisent, comme l’imagination, la créativité, l’empathie et le courage…
Se renforcer pour mieux affronter demain
En ayant pris conscience des divers éléments qui pourraient affecter la poursuite de ses activités, le dirigeant doit aussi veiller à renforcer l’entreprise en mettant en œuvre une dynamique vertueuse.
Il s’agit d’identifier les faiblesses pour y remédier. En la matière, il faut commencer à l’échelle individuelle. Un dirigeant, avec humilité et clairvoyance, doit avoir conscience de ses capacités et chercher à bien s’entourer pour répondre à certaines lacunes.
Au niveau des collaborateurs, il est aussi important de s’inscrire dans une dynamique d’apprentissage continu, au regard des besoins de l’entreprise et des attentes et aspirations de chacun. A l’échelle de l’organisation, ensuite, il faut voir où se situent les principales faiblesses.
Le manque de liquidités, une stratégie mal définie, un modèle opérationnel caduque, une gestion financière erratique, une mauvaise réputation… peuvent être fatales à l’entreprise. Travailler sur ses aspects, les renforcer en permanence, à l’inverse, doit permettre à l’entreprise de plus facilement faire face à l’inconnu et d’avancer plus efficacement à la poursuite de ses objectifs, quelles que soient les crises.
Devenir un vecteur de changement
En travaillant sur ces aspects, l’organisation va gagner en robustesse, en dynamisme, et se préparer à de nouveaux défis. En ayant confiance dans ses capacités à affronter l’inconnu, l’entreprise pourra aussi plus facilement avoir une influence sur son environnement, ses partenaires, les convaincre de l’accompagner et de la soutenir. De cette manière, dans une démarche vertueuse, l’organisation résiliente peut contribuer à une société et une économie elle-même plus résiliente.