Le dernier APSI Day a évoqué les perspectives offertes par une meilleure combinaison de la robotique et de l’intelligence artificielle au service de l’entreprise. Dans un nombre croissant de domaines, les robots affichent de meilleures performances que l’humain. Et les évolutions, dans ce secteur, ne viennent que de démarrer. 

Par Sébastien Lambotte

« L’introduction du robot dans nos bureaux, après son déploiement au sein des sites industriels, transforme considérablement notre manière de travailler, de nous organiser », commente Marc Payal, vice-président de l’Association Professionnelle de la Société de l’Information (APSI), en introduction du second APSI Day de cette année 2017. Pour l’occasion, un panel avait été rassemblé pour évoquer la robotisation au cœur de la transformation digitale, mais aussi les possibilités offertes par l’intégration de la robotique et de l’intelligence artificielle.

Automatiser les tâches répétitives

« Un software robot, c’est une application qui effectue des actions menées par des êtres humains, de la même manière, avec de nombreux avantages », poursuit Marc Payal. Parmi les bénéfices apportés par les robots logiciels, on peut citer une réduction des coûts, une haute disponibilité, des performances supérieures, une qualité garantie, des facilités de montée en charge… « L’automatisation des tâches les plus répétitives n’est pas forcément une démarche nouvelle, même si cela ne fait que peu de temps que la tendance se renforce dans l’industrie de services. L’évolution technologique, ces dernières années, permet de remplacer l’humain par un robot pour l’exécution de certaines tâches répétitives, ne faisant pas appel à la réflexion ou à la créativité…, ajoute Marc Payal.

Avec l’arrivée des robots, les avantages d’externalisations de type ‘off-shoring’ se réduisent. En effet, la combination intelligente d’une équipe d’humains et de robots peut s’avérer à un coût comparable à celui d’un ‘off-shoring’. Ainsi, ces nouvelles technologies peuvent également être créatrices d’emplois dans nos régions.

Les frontières du possible, avec l’intelligence artificielle, sont prêtes à être repoussées une fois de plus, nous emmenant au cœur d’une nouvelle révolution digitale, la quatrième selon l’APSI. « L’époque actuelle, avec de très nombreuses données générées, des ressources informatiques plus accessibles, le développement d’algorithmes puissants, de capacités de calcul renforcées, permet de nouvelles avancées dans le domaine de l’intelligence artificielle, explique Cédric Jadoul, Head of Digital Strategy au sein de Fujitsu Luxembourg. Il est désormais possible de mettre en œuvre des réseaux de neurones artificiels, qui fonctionnent à leur échelle comme notre cerveau. Au départ de l’analyse de quantités importantes de données, un tel système est capable de prendre seul des décisions ou de tirer des conclusions. »

D’une intelligence supervisée…

Bien évidemment, il apparaît encore utopique de pouvoir créer un réseau de 100 milliards de neurones, équivalent à celui qui anime l’être humain, et encore plus de configurer chacun d’eux de la même manière. Cependant, les avancées dans le domaine du deep learning révèlent déjà des résultats bluffants. « Une intelligence artificielle, selon la méthode de supervised learning, peut par exemple décider d’accorder un crédit ou non à une personne en s’appuyant sur l’historique des crédits octroyés par le passé et les très nombreuses données y étant relatives permettant d’alimenter cette décision », précise Cédric Jadoul. C’est cette approche de supervised learning qui a notamment permis à Deep Blue, le super ordinateur d’IBM, de battre Kasparov aux échecs en 1997. La machine pouvait alors, sur base des règles du jeu fournies au départ, et en consultant un vaste historique de parties jouées, envisager toutes les possibilités de jeu face au champion afin de déterminer les meilleurs coups.

… à des softwares auto-apprenants

Depuis, d’importantes évolutions ont eu lieu. Aujourd’hui, des machines sont capables  d’apprendre sans qu’aucun élément, comme les règles du jeu, des caractéristiques descriptives ou comportementales, n’ait été préalablement défini auprès de lui. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’unsupervised learning. « Le logiciel se voit confier des exemples, comme un historique de transactions ou de décisions, et apprend à partir de l’analyse de ceux-ci. L’approche est particulièrement utilisée dans le domaine de la cybersécurité, pour détecter des comportements anormaux », commente Cédric Jadoul. On peut encore citer le reinforcement learning. Avec cette méthode, l’apprentissage se fait à la poursuite d’un objectif unique, autrement appelé « récompense ». « Plus la machine va effectuer une tâche à la poursuite de cette récompense, plus elle va apprendre et devenir efficace », précise Cédric Jadoul.

C’est avec cette méthode qu’un software a pu, en quelques heures, devenir un champion de casse briques, le jeu d’Atari, alors qu’on ne lui avait donné que deux indications :

• les commandes gauche-droite de la barre
• la progression du score en guise de récompense

http://https://www.youtube.com/watch?v=V1eYniJ0Rnk

Meilleur que l’homme, sur des tâches spécifiques

Si, aujourd’hui, les robots s’intègrent bien dans nos entreprises, l’intelligence artificielle y est encore peu présente. Les évolutions dans le domaine laissent cependant supposer d’importants changements dans les années à venir. « Aujourd’hui, l’intelligence artificielle soutient l’humain dans son travail, dans la réalisation de tâches très spécifiques pour lesquelles la machine offre des performances bien supérieures à celles de l’humain », explique Cédric Jadoul. C’est notamment le cas pour la reconnaissance d’image, ou encore la détection de comportement frauduleux.

Que les personnes inquiètes de voir l’intelligence artificielle prendre le pas sur l’humain, cependant, se rassurent. Le moment où les machines rivaliseront avec l’humain dans tous ses domaines de compétences n’est pas encore venu. « Cependant, chaque jour, des chercheurs travaillent à créer la génération suivante d’intelligence artificielle. Et si la perspective de voir la machine prendre le dessus sur l’homme peut paraître lointaine, il est important de penser dès à présent au cadre dans lequel les développements ont lieu, afin de ne pas créer une menace existentielle pour l’humanité, précise Cédric Jadoul. D’éminentes personnalités reconnaissent que l’intelligence artificielle peut amener le meilleur, mais aussi le pire. Et les choses évoluent beaucoup et rapidement. »

En attendant, l’entreprise peut déjà profiter de nombreux avantages offerts par les générations actuelles d’intelligence artificielle. Lors de cet APSI Day, notamment, des démonstrations sur l’usage des chatbots au service du renforcement de la relation client se sont avérées particulièrement éloquentes.