A l’occasion de ses 15 ans, ITnation a invité les professionnels du numérique au Luxembourg à jeter un coup d’œil dans le rétroviseur pour parler du chemin parcouru, et à nous faire part de leur vision du numérique pour les 15 prochaines années. Pour Gérard Hoffmann, CEO de Proximus Luxembourg, 2007 marque un tournant dans la manière d’appréhender le numérique.

Pouvez-vous nous dire ce que vous faisiez il y a quinze ans? 

Il y a 15 ans, j’étais administrateur délégué et président du conseil d’administration de Telindus. Cette fonction m’a amené à celle que j’occupe maintenant : CEO de Proximus Luxembourg. En 2007, nous allions au-devant de changements importants. A l’époque, LuxConnect devenait opérationnel, nous permettant de développer notre activité d’opérateur télécom et de fournisseur de services cloud privés. C’est l’époque d’un changement de paradigme dans la manière d’aborder l’informatique, d’envisager le numérique, et qui a permis à l’activité de s’inscrire dans une période de croissance soutenue et ininterrompue jusqu’ici. 

En quinze ans, quel a été le principal apport du numérique dans votre vie/dans la société  ? 

Le smartphone. On parle ici d’une avancée technique du même ordre que l’apparition de la voiture ou de la télévision. Aujourd’hui, c’est sans conteste l’outil le plus utilisé. Le smartphone, en s’appuyant sur le cloud et les nouvelles générations de réseaux de télécommunication, a permis de basculer toutes les applications utilisées au quotidien sur notre mobile. C’est simple, on peut aujourd’hui gérer la plupart des aspects de sa vie au départ du téléphone. Au niveau professionnel, plus particulièrement, on a aussi énormément profité du numérique. Notre secteur, au regard des changements opérés, s’est inscrit dans une dynamique de développement soutenu. 

Quel est votre souvenir professionnel le plus mémorable de ces quinze dernières années ?

C’est la fusion de Tango et de Telindus, suite notamment à l’acquisition des deux structures par notre maison-mère Proximus. Ce rapprochement a conduit à la naissance d’un champion du numérique au Luxembourg et a impulsé une nouvelle dynamique au marché. Il en a notamment découlé d’importants contrats à l’échelle régionale, dès 2013, avec l’externalisation de la gestion de l’informatique du conglomérat BELFIUS/BIL à l’époque. Aujourd’hui, Proximus Luxembourg compte un nombre considérable de clients transfrontaliers et certains plus loin, à Singapour ou aux États-Unis par exemple. 

Comment vous imaginez-vous le marché luxembourgeois du numérique dans 15 ans? 

Désormais, la croissance ne dépend plus du hardware et des infrastructures. La valeur créée s’appuie sur le software, en tirant notamment profit des capacités des réseaux, qu’il s’agisse de la fibre ou du mobile avec la 5G. Pour l’avenir, on peut dégager deux tendances principales. Le cloud, tout d’abord, devrait permettre une accélération de l’adoption de puissants outils, comme l’intelligence artificielle ou le machine learning, des solutions analytiques performantes dans une démarche d’économie de la donnée. 

Surtout, il nous faudra parvenir à nous défaire des contraintes fiscales ou sociales liées à la force du travail. Cela doit nous permettre de travailler avec des talents, au-delà des frontières, dans l’optique de répondre aux besoins en compétences. Cela peut apparaitre comme un chantier complexe. Toutefois, à un horizon de 15 ans, il faut oser, faire preuve d’ambition. C’est aussi le cas à d’autres niveaux. En matière de régulation, le Luxembourg doit faire un meilleur usage de sa souveraineté nationale pour rester à l’avant-garde. Je pense notamment à l’opportunité de créer un cadre juridique autour de l’adoption de la blockchain ou de l’intelligence artificielle. L’État doit aussi soutenir une démarche forte d’investissement dans le numérique au service d’une croissance plus qualitative.