TRANSFORMATION & ORGANISATION
Rendez-vous dans 15 ans avec …
Eric Mansuy, COO Quintet Europe & Group CTO, se prête au jeu de l'interview des 15 ans d'ITnation.
May 10, 2022
A l’occasion de ses 15 ans, ITnation a invité les professionnels du numérique au Luxembourg à jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, pour parler du chemin parcouru, et à nous faire part de leur vision du numérique pour les 15 prochaines années. Eric Mansuy, COO Quintet Europe & Group CTO, a répondu à nos questions.
Pouvez-vous nous dire ce que vous faisiez il y a quinze ans?
En 2007, nous étions au début de l’aventure RBC Dexia. J’entamais une nouvelle expérience, en tant que responsable IT, au service d’une organisation globale. L’enjeu était de taille, il fallait construire cette structure, mettre en œuvre son organisation, trouver les recettes pour que tout fonctionne bien. En même temps, nous vivions les prémices d’une des crises financières les plus importantes de ces dernières décennies. Celle-là même qui a conduit à un renforcement important de la réglementation de l’activité financière, avec des conséquences significatives en matière de projets informatiques.
Nous entrions dans une nouvelle ère de la digitalisation. En 1997, dix ans plus tôt, alors que j’étais à la BIL, nous lancions le premier site transactionnel. On percevait alors l’importance du numérique dans l’évolution de la communication et des interactions, notamment entre les organisations et les clients. En 2007, tout s’accélérait, avec la multiplication des canaux, des attentes toujours plus importantes des clients en terme d’expérience vécue, mais toujours l’exigence de s’appuyer sur des systèmes robustes, une chaîne de valeur mieux intégrée et des processus plus fluides.
En quinze ans, quel a été le principal apport du numérique dans votre vie/dans la société ?
On a constaté des évolutions importantes ces dernières années. Il y a 15 ans, les outils informatiques étaient souvent plus avancés dans la sphère professionnelle. Aujourd’hui, c’est presque l’inverse. Il suffit de voir la puissance d’un iPhone pour s’en rendre compte. On peut accéder à tout, ou presque, à tout moment. Il n’y a plus de questions qui restent sans réponse. Cela induit des attentes importantes de la part des collaborateurs, qui souhaitent pouvoir profiter au travail d’outils aussi performants qu’à la maison. Il y a une exigence d’immédiateté qui est très présente. La communication, aussi, a évolué. Elle est désormais plus directe, le dialogue plus interactif. On est directement connecté à tout événement qui se passe dans le monde, avec un niveau d’information que l’on ne pouvait imaginer il y a encore quelques années. Il suffit de voir comment il est possible de suivre, au jour le jour, d’heure en heure, l’évolution de la situation en Ukraine.
On a aussi assisté à une transformation importante de la relation client, avec un impact sur l’organisation, une amélioration des processus internes dans une approche end-to-end s’appuyant énormément sur le numérique. Aujourd’hui, grâce au digital, les organisations et bien entendu Quintet peuvent apporter des réponses directes aux demandes des utilisateurs. Les offres et même les processus, bien plus efficients, sont directement exposés aux clients.
Quel est votre souvenir professionnel le plus mémorable de ces quinze dernières années ?
Il y en a plusieurs. D’abord, la dissolution du groupe DEXIA en 2011 et le projet de démantèlement qui a suivi. Une fois la décision prise, en un week-end, il a fallu envisager la réorganisation complète du groupe bancaire en garantissant la continuité des activités. En ce qui me concernait directement, l’enjeu a été de procéder à l’intégration de RBC Dexia dans RBC, avec la création de RBC Investor Services Bank. Chez Quintet, un autre projet majeur fut la migration des activités bancaires vers une nouvelle plate-forme et le désengagement de notre mainframe historique. Je dois également citer la mise en place très rapide du remote access au début de la crise Covid alors que nous envisagions de lancer une initiative de promotion des outils collaboratifs , autant dire que cela n’a pas été nécessaire ! En quelques jours nos employés travaillaient à distance et continuaient à assurer le meilleur service dans les 50 localisations où nous sommes présents en Europe.
Enfin, parmi les souvenirs mémorables, je dois évoquer un voyage d’étude, en 2016, en Californie, qui m’a permis d’avoir une vue concrète sur l’effervescence californienne dans tous les domaines et en particulier les drones, les véhicules autonomes et les réseaux sociaux .
Comment imaginez-vous le marché luxembourgeois du numérique dans 15 ans?
C’est une grande question. Le mouvement d’adoption du cloud va se poursuivre. Nous évoluons vers un monde où l’infrastructure sera de plus en plus distribuée. La réglementation évolue, permettant de s’engager davantage dans cette voie. Cependant, la réglementation reste exigeante vis-à-vis des acteurs institutionnels, notamment en ce qui concerne la gestion des outsourcing et la protection des données. Il y a un fort potentiel de développement d’activité dans le domaine de la Regtech/Fintech, avec une meilleure mutualisation et intégration des nouvelles solutions proposées dans ce domaine.
Au-delà, je pense que le recours à l’intelligence artificielle va se généraliser.
Il y a un grand potentiel autour de la blockchain et dans nos activités le recours à la DLT qui permettra d’automatiser et de standardiser les processus.
Si l’on regarde le marché, le mouvement de consolidation devrait se poursuivre, pour permettre l’émergence d’acteurs plus grands, mieux équipés, pouvant répondre aux enjeux à venir.