A l’occasion de ses 15 ans, ITnation a invité les professionnels du numérique au Luxembourg à jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, pour parler du chemin parcouru, et à nous faire part de leur vision du numérique pour les 15 prochaines années. Il y a 15 ans, Ananda Kautz, aujourd’hui Head of Innovation, Digital and Payments & Member of the Management Board de l’ABBL, décrochait son premier CDI. 

Pouvez-vous nous dire ce que vous faisiez il y a quinze ans ? 

En 2007, je venais de décrocher un CDI chez PwC Luxembourg. J’étais passionnée par les études de marché sur lesquelles je travaillais, sur des sujets assez variés mais surtout dans le domaine de la banque privée. Cela faisait peu de temps que j’étais arrivée à Luxembourg, je passais beaucoup de mon temps libre à me balader autour du pays. 

En quinze ans, quel a été le principal apport du numérique dans votre vie/dans la société ?

Il y a eu énormément d’apports du numérique ces dernières années. S’il faut en choisir un, je dirais les réseaux sociaux. Ces outils m’ont permis de retrouver des amies d’enfance avec qui j’ai renoué l’amitié. C’est quand même incroyable ! 

Les réseaux sociaux, d’autre part, ont permis à des individus autour du monde de se rejoindre autour des mêmes valeurs, causes, de partager des expériences, de s’informer autrement que par le système conventionnel, qui peut être détourné à des fins de propagande… On voit cela en ce moment autour de la crise qui oppose la Russie et l’Ukraine. Bien sûr, ces canaux servent aussi à la propagation de fake news. Ils ont aussi des effets négatifs. Il y a lieu d’être très vigilant.

Quand on parle de finance, le domaine qui m’occupe aujourd’hui, il faut être tout aussi attentif. On voit aujourd’hui une tendance favorable à l’utilisation des plateformes de social trading. A travers elles, on choisit un profil d’investisseur sur le réseau et on « suit » ses investissements. C’est une approche très risquée !

Quel est votre souvenir professionnel le plus mémorable de ces quinze dernières années ?

Il y a presque une dizaine d’années, j’avais recruté une data scientist et nous avons travaillé sur un premier modèle prédictif pour le ciblage d’une campagne. Nous étions à ce moment une des premières banques à utiliser une telle approche à Luxembourg ! Cette démarche a constitué un travail d’équipe incroyable. Pour réaliser un modèle, il faut évidemment avoir les bonnes données. Il a donc fallu tout d’abord structurer les données dans un datamart pour avoir une vue complète au niveau “client”. Aujourd’hui tout le monde est convaincu de l’importance de l’analyse des données pour offrir une meilleure expérience au client.

Comment vous imaginez-vous le marché luxembourgeois du numérique dans 15 ans ?

Dans 15 ans, on sera loin dans l’Europe de l’open banking. Le secteur bancaire aura considérablement évolué, pour mieux répondre aux nouvelles attentes des consommateurs et aux défis posés par une nouvelle concurrence. Pour cela, les technologies et le développement de nouveaux écosystèmes offrent de belles opportunités d’innovation aux banques. 

Je crois clairement que l’usage de la blockchain sera un vecteur d’innovation, tout comme l’IA. La donnée sera le moteur des innovations à venir et le consommateur sera maître de ses données. 

Puis, d’ici 15 ans, l’émission de monnaies numériques par la banque centrale ainsi que les « stablecoins » offriront des alternatives aux systèmes de paiement que nous connaissons aujourd’hui. 

Enfin, les outils numériques devraient également permettre de créer de nouveaux services, produits et modèles axées sur la finance verte. 

Le Luxembourg saura certainement faire les bons choix pour soutenir l’innovation, maitriser les technologies numériques sûres/la cybersécurité/ la résilience, soutenir l’attractivité des talents de demain, faciliter l’accès aux données et évoluer vers des modèles de travail agiles.