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Quand la tech devient quantique

Encore cantonné à quelques cénacles spécialisés, le calcul quantique ouvre d’énormes perspectives en matière informatique et dans l’industrie. Le Luxembourg a déjà pris de solides positions sur ce sujet en annonçant la création d’un « laboratoire d’infrastructure de communication quantique » au sein du SnT.

February 23, 2023

De la mécanique quantique, les plus érudits d’entre vous connaissent peut- être l’un des principes fondamentaux, illustré par la fameuse expérience du « chat de Schrödinger » : la superposition d’états, faisant théoriquement en sorte que, dans les conditions de cette expérimentation, ledit félin peut à la fois être vivant et mort. Mais nous sommes certainement moins nombreux à prendre la mesure de la révolution qu’annonce le calcul quantique dans l’informatique.

De la même façon que le chat de Schrödinger peut être à la fois mort et vivant, les « bits » manipulés par l’informatique quantique deviennent des « qubits » en superposition d’états, à la fois 1 et 0 (et plus uniquement 1 ou 0). En suivant ce nouveau paradigme, il est désormais possible de développer des ordinateurs d’une puissance incomparablement supérieure à celle que l’on connaît aujourd’hui. Ce qui ouvre des perspectives considérables dans de nombreux secteurs d’activité.

 

Une puissance menaçante

Le célèbre groupe allemande Bosch a ainsi récemment annoncé qu’il misait sur le calcul quantique pour identifier les matériaux qui permettront, demain, de fabriquer des moteurs électriques et piles à combustible plus durables. A travers cette initiative menée en partenariat avec IBM, société qui dispose déjà d’une vingtaine d’ordinateurs quantiques, Bosch veut trouver une alternative aux terres rares, des matériaux aujourd’hui indispensables pour construire les aimants des batteries de voiture électrique, par exemple, mais dont l’exploitation est très polluante. Selon le groupe allemand, déterminer les propriétés de nouveaux matériaux qui pourraient rentrer dans la fabrication de ces éléments cruciaux dans le cadre de la transition énergétique serait impossible avec les ordinateurs conventionnels.

Chaque médaille ayant son revers, la formidable puissance de calcul des ordinateurs quantiques a toutefois déjà été identifiée comme une nouvelle menace pour le réseau informatique global. Aujourd’hui, la plupart des informations que nous échangeons via Internet sont en effet encryptées et décryptées, pour faire en sorte qu’elles ne soient pas facilement accessibles à des tierces parties malveillantes. Or, grâce à la puissance des calculateurs quantiques, qui vont commencer à se déployer à grande échelle, de potentiels fraudeurs pourront beaucoup plus rapidement casser ce cryptage. Pour neutraliser ces risques avant même de les voir se concrétiser, il existe une solution : la distribution quantique de clés, un ensemble de protocoles permettant de distribuer une clé de chiffrement secrète entre deux interlocuteurs distants, tout en assurant la sécurité de la transmission grâce aux lois de la physique quantique.

 

Le SnT en précurseur

Le Luxembourg n’a pas attendu pour se positionner sur ce secteur innovant. Au mois d’avril dernier, l’Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust (SnT) de l’Université du Luxembourg, en collaboration avec le Service des médias, de la connectivité et de la politique numérique (SMC) du ministère d’État, a en effet annoncé la création du Luxembourg Quantum Communication Infrastructure Laboratory (LUQCIA). Ce projet vise à développer, au Luxembourg, une infrastructure de communication hautement sécurisée basée sur la technologie quantique. Celle-ci s’appuiera pour ce faire sur des liaisons terrestres et satellitaires entre deux sites géographiques distants. A terme, cette infrastructure permettra d’interconnecter des ordinateurs quantiques pour développer un internet quantique sûr.

En prenant les devants sur cette nouvelle orientation de la tech, le Luxembourg souhaite, selon les mots du Premier ministre, Xavier Bettel, « demeurer le centre de communication de pointe qu’il est devenu au cours de la dernière décennie ». Cette réactivité sur une innovation encore confidentielle est en tout cas une bonne nouvelle pour l’ensemble de l’économie luxembourgeoise, qui pourra ainsi profiter, à n’en pas douter, des futurs développements de l’informatique quantique au niveau global.

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