TRANSFORMATION & ORGANISATION
« Pour une digitalisation mieux coordonnée et plus globale »
Jean Diederich, le président de l’APSI, membre de DIGITAL EUROPE pour le Luxembourg et associé chez WAVESTONE.
June 3, 2019
La création d’un ministère de la Digitalisation s’inscrit dans la lignée de ce qu’ont déjà entrepris d’autres pays. Je ne suis toutefois pas convaincu que cela suffira pour relever les enjeux qui se posent au Luxembourg dans le domaine de la transformation digitale de l’économie et de notre société en général. Pour l’APSI, il est essentiel de veiller à la mise en œuvre d’une politique ambitieuse et volontariste, créant ainsi les conditions favorables à une meilleure transformation du secteur privé.
Les initiatives existantes, tant au niveau du privé avec ICTLuxembourg, qu’au niveau public avec Digital Luxembourg, souffrent d’un manque de gouvernance cohérente. Les chantiers doivent être abordés de manière plus coordonnée avec meilleure priorisation des chantiers. Au-delà, les différentes parties doivent développer un appétit plus grand pour les enjeux digitaux. Nous n’investissons pas assez en amont au niveau des nouvelles politiques, orchestrées au niveau de l’Union européenne (UE), comme l’e-privacy, l’éthique autour de l’AI, ou encore la régulation des plateformes.
On peut se réjouir de la cinquième position du Luxembourg dans le Digital Economy and Society Index (DESI) dressé par l’UE. Toutefois, ce classement pointe du doigt de graves lacunes. Si nous avons une infrastructure performante, au niveau de la transformation digitale des entreprises, le Luxembourg a été rétrogradé de la 9e à la 22e place. C’est très inquiétant, car les acteurs de l’économie ont pris beaucoup de retard.
Le gouvernement peut encourager cette transformation à travers la réforme et la digitalisation l’administration dans son ensemble, mais cette ambition n’est pas suffisante. Il faut créer les conditions nécessaires pour permettre au secteur privé d’évoluer vers des modèles plus digitaux. On souffre aujourd’hui d’un manque de talents digitaux qui doivent nous permettre de construire l’économie de demain. On doit avoir des permis de travail pour nous permettre de les attirer plus facilement. D’autre part, les PME et PMI doivent se doter d’un réel leadership numérique. Cela se révèle notamment au niveau de la maturité du cloud, ou encore un morcellement des ressources et des moyens pour appréhender la cybersécurité.