En nous présentant avant tout des contenus que l’on « aime », portés par des personnes qui partagent des convictions similaires aux nôtres, elles ont tendance à nous conforter dans nos idées.

Huit ans plus tard, les réseaux sociaux sont davantage au centre de la société. Les plateformes technologiques sont « encore plus » incontournables, indispensables à nos vies. Nous les utilisons pour entretenir nos relations, collaborer, apprendre, nous divertir… Il n’en demeure pas moins indéniable qu’elles induisent une polarisation accrue de la société. Au cœur d’une campagne électorale d’une violence inouïe, ce sont deux Amériques diamétralement opposées que nous avons vu s’affronter.

Aux États-Unis, la démocratie a parlé. Cela ne veut pas dire qu’elle n’est pas en danger. Outre- Atlantique comme chez nous, elle fait face à de nombreuses menaces. Dans le contexte actuel, il est notamment important de prendre conscience de la capacité d’influence de ceux qui contrôlent la technologie, les algorithmes, ou encore les médias.

Quels efforts et moyens mobilisent-ils pour servir leurs intérêts ? Et quels sont ces derniers ? Il y a lieu aussi de se demander, au-delà des positions les plus radicales qui accaparent l’essentiel de l’espace médiatique, s’il est encore possible de se retrouver autour d’enjeux communs, essentiels. Que pouvons-nous partager ? Qu’est-ce qui nous rassemble ? Que pouvons-nous encore construire ensemble ? Ces questions peuvent apparaître désuètes, et même naïves sans aucun doute. Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas important de les poser. Dans cette édition, Maxime Derian, anthropologue du numérique, nous invite à prendre un peu de recul, celui que nous permet la jeune histoire de l’humanité. Il nous interroge : comment placer la technologie au service de l’humanité et, surtout, à l’heure du développement galopant de l’IA, comment éviter de se laisser posséder par la technique. L’une des clés, dit-il, passe par la culture du débat, ouvert, entre personnes faites de chair. Cela commence notamment au cœur de nos organisations, elles-mêmes confrontées à d’importants changements. Donald Trump est mû par l’art du deal. Son fonctionnement est transactionnel, nous dit-on. Il nous appartient aujourd’hui de lui montrer que le monde n’est pas uniquement régi par les rapports de force. Mais aussi que nous avons la capacité de nous rassembler autour de valeurs qui nous sont chères. Ensemble, nous pouvons être davantage créatifs, constructifs, plus forts et dépasser le statu quo… De cette manière, nous pourrons, nous aussi, « peser dans le game ».