DIGITAL BUSINESS
Permettre à des acteurs bitcoin d’émerger depuis le Luxembourg
Marco Houwen se lance un nouveau défi. À travers BHS, sa nouvelle société, il accompagne les start-ups et autres acteurs économiques qui veulent percer dans le domaine des FinTech au Luxembourg. Avec comme premier enjeu de favoriser l’émergence du bitcoin.
November 16, 2015
Marco Houwen se lance un nouveau défi. À travers BHS, sa nouvelle société, il accompagne les start-ups et autres acteurs économiques qui veulent percer dans le domaine des FinTech au Luxembourg. Avec comme premier enjeu de favoriser l’émergence du bitcoin.
Par Sébastien Lambotte pour l’édition ITnation Mag Octobre 2015
Marco Houwen, au-delà de LuxCloud, qu’est-ce qui vous a incité à développer une nouvelle activité dans le secteur ICT au Luxembourg ?
Il y a quelques mois, en observant les évolutions technologiques dont on discute beaucoup en ce moment, et notamment celles qui concernent les FinTech, j’ai commencé à m’intéresser à la technologie blockchain, qui sous-tend le développement du bitcoin ou des virtual currencies. J’ai partagé mon intérêt pour cette thématique avec quelques contacts : Xavier Buck et Jean-Louis Schiltz, notamment. Nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il y avait une opportunité à soutenir le développement de cette technologie depuis le Luxembourg, en apportant un conseil et un soutien aux acteurs qui veulent investir dans ce créneau.
« Il y a une opportunité à soutenir le développement de la technologie Bitcoin depuis le Luxembourg »
Pouvez-vous définir la mission de BHS ?
De nombreuses start-ups technologiques désireuses de développer des services dans le secteur des monnaies virtuelles ont un énorme besoin de soutien. Nous voulons les inviter à venir au Luxembourg et à profiter des nombreux avantages qu’offre cette place. Nous les aidons à s’installer, à rencontrer le régulateur et des investisseurs, mais aussi à trouver des réponses aux questions juridiques et légales que pourrait poser le développement de leur activité. Nous entendons également être un soutien de choix leur permettant de concrétiser leurs idées d’un point de vue technique, pour faciliter le développement concret de leur business et accéder rapidement au marché européen. L’enjeu, au final, est de contribuer à l’émergence depuis le Luxembourg d’une monnaie électronique, qui reste aujourd’hui un produit spéculatif, à travers une offre mainstream.
Dans quelle mesure le bitcoin constitue-t-il un créneau particulièrement intéressant pour le Luxembourg ?
C’est une technologie porteuse d’avenir. Beaucoup de développements s’appuieront sur elle dans les années à venir. Le Luxembourg, place financière importante à l’échelle globale, avec aujourd’hui des acteurs technologiques de pointe, a une carte à jouer en la matière. L’attitude du régulateur luxem- bourgeois, dans sa volonté de considérer avec bienveillance le business s’appuyant sur des virtual currencies, joue beaucoup dans le développement d’une telle activité depuis le Grand-Duché. Avec les premières licences bientôt accordées à des acteurs dans ce secteur, et le passeport européen qui l’accompagne, beaucoup de start-ups sont intéressées par le Luxembourg pour lancer leur activité en Eurozone.
Qui sont vos clients ?
Ce sont justement ces acteurs, des sociétés du monde du bitcoin, des virtual currencies, qui choisissent le Luxembourg pour lancer leurs activités en Eurozone. Beaucoup de sociétés anglaises ou américaines se positionnent aujourd’hui sur ce créneau, mais aussi des start-ups. Au niveau de BHS, nous voulons leur faire profiter d’une grande expérience en matière de développement d’activités en lien avec le secteur ICT, d’une capacité à comprendre des business models innovants s’appuyant sur la technologie et à pouvoir les mettre en œuvre concrètement. Ils profiteront d’une expertise à la fois business et technique, capable de les accompagner. Au-delà de cet aspect virtual currencies, nous entendons pouvoir supporter toute activité start-up dans le domaine FinTech. Mais aider aussi les acteurs traditionnels de la finance à envisager des technologies et des modèles disruptifs et à bien négocier le tournant du digital.
Quels sont les clés, selon vous, pour justement pouvoir négocier ce tournant, pour ne pas dire cette révolution ?
Je pense que tout acteur, dans le monde financier notamment, doit avant tout se remettre en question. Tous doivent se demander à quel point une technologie est susceptible de remettre leur existence en question. À partir de là, on peut commencer à réfléchir à la manière de faire évoluer le business grâce aux technologies. Pour y parvenir, il faut pouvoir faire émerger les idées en interne, favoriser la créativité, développer des projets en mode start-up. Le passé a démontré qu’une technologie peut transformer un marché. Des acteurs majeurs ont rapi- dement disparu de la carte simplement parce qu’ils ont mal considéré l’impact d’une technologie. Prenez l’exemple de Kodak… La finance actuelle pourrait être rendue obsolète très rapidement. La technologie blockchain est de nature à la transformer durablement.
Comment bien appréhender ce changement ?
La technologie est désormais connue. L’enjeu est d’identifier les business models qui pourraient en découler et pouvoir les mettre en œuvre dans un cadre régulé. Il faut travailler sur le client final, sur le besoin de chacun et voir comment y répondre. Nous travaillons avec nos clients sur une stratégie digitale. Pour les soutenir dans cette voie, nous pouvons désormais compter sur l’apport de compétences poussées au niveau technique et en project management.
Derrière le conseil que vous proposez, le Luxembourg dispose-t-il des ressources et des compétences suffisantes pour permettre à une nouvelle technologie comme blockchain de se répandre ?
Le développement des compétences constitue un défi intéressant, qui ne concerne pas que le Luxembourg. Mais, plutôt que de se plaindre de cette pénurie de ressources, je pense qu’il faut les développer. Nous sommes face à une nouvelle technologie. Que les compétences ne soient pas là, c’est normal. Il nous faut donc créer l’expertise. Nous avons désormais le cadre pour le faire. Les opportunités, derrière, sont nombreuses.
«La technologie blockchain est de nature à la transformer durablement la Finance »
C’est-à-dire ?
La blockchain, avec l’introduction de smart-contract, peut trouver de nombreuses applications dans d’autres secteurs : dans l’automobile, dans l’assurance et dans la télécommunication. Tout reste à faire dans ce domaine. Le champ des possibles est immense. Et nous avons la chance de faire partie d’une génération d’entrepreneurs qui aura connu deux révolutions technologiques de son vivant, Internet, il y a vingt ans et, aujourd’hui, celle-ci.
Le Luxembourg, pour devenir un FinTech hub, doit-il miser en priorité sur les virtual currencies ?
Nous ne pouvons nous permettre le luxe de nous fixer sur un seul segment vertical des FinTech. Oui, il y a des opportunités avec le bitcoin, et plus largement autour de la technologie blockchain, qui peut trouver de nombreuses applications dans beaucoup de domaines, dans la finance mais aussi en dehors. Nous devons tout mettre en œuvre pour en profiter. Mais le Luxembourg, plus généralement, doit favoriser l’émergence de nouvelles idées. Il faut se donner les moyens de penser comme une start-up. Il faut changer de mindset. L’avenir économique ne peut s’appuyer sur un seul pilier, sur une seule technologie.
« L’avenir économique ne peut s’appuyer sur un seul pilier, sur une seule technologie. »
Beaucoup de places se positionnent sur les FinTech. Quels sont les atouts du Luxem- bourg par rapport à ses concurrents ?
Quand une société américaine entend s’implanter et développer son activité en Europe, elle a tendance à regarder Londres. Mais la City, chance pour nous, n’est pas en Eurozone. De plus, en matière de bitcoin, le régulateur n’est actuellement pas aussi ouvert que son homologue luxembourgeois sur ces questions. Aujourd’hui, dès lors, pour adresser le marché, ces acteurs considèrent le Luxembourg avec intérêt. En témoigne la dizaine de sociétés actives dans ce domaine qui se sont installées au Luxembourg.
[button color=”blue” link=”http://www.apsi.lu/the-fintech-revolution-and-the-future-of-centralized-and-distributed-platforms/”]Retrouvez BHS et Marco Houwen au prochain APSI DAY le 26/11[/button]