La plateforme de jeux dans le Cloud, OnLive, a capoté. Une des top-références de la proposition luxembourgeoise en matière de gaming online est en difficulté, mais rebondit déjà.

Avec des investissements massifs en infrastructure et en développement, OnLive n’a pas réussi jusqu’à présent à atteindre la masse de joueurs suffisants pour pérenniser le projet. La semaine dernière, elle a donc entamé une procédure de faillite au regard du droit californien dite de « cession au profit des créanciers ». Elle a donc vendu ses actifs, dont sa filiale européenne, à Lauder Partners, un VC de la première heure dans la start-up de Palo Alto. L’investisseur se mettra probablement en quête de la construction d’un nouvel actionnariat pour la plateforme de streaming de jeux et un nouveau business model devra être dessiné.

Cette opération permet la continuation de services et de l’activité sans affecter ni les joueurs clients, ni les partenaires éditeurs ni les prestataires de services d’OnLive. Y compris en Europe.

The Game is not Over

Dans un secteur en pleine croissance, de tels soubresauts sont évidemment possibles. La situation est la plus amère du côté des investisseurs de la société, qui voient leurs participations s’envoler en fumée. À l’annonce du dépôt de bilan, HTC, le constructeur de smartphone taïwanais qui avait mis espoir et argent dans OnLive pour l’opportunité du Mobile Cloud Gaming a annoncé avoir provisionné une perte de 40 millions de dollars dans l’affaire. Plus proche de nous, Belgacom, qui venait à peine d’annoncer la disponibilité du service pour ses clients belges, avait aussi largement investi dans la start-up, avec une position de 2,6% équivalents à environ 23 millions d’Euros. « Il est possible que ce montant fasse l’objet d’une réduction de valeur partielle ou totale », a laconiquement précisé Belgacom. Plus que possible en fait…

OnLive est une plateforme à part dans cet écosystème de start-ups et d’opérateurs d’online gaming. Elle agit en tant que distributeur de jeux, au travers de solutions en ligne. Elle n’édite pas des titres mais propose une alternative de diffusion des jeux à travers une infrastructure de streaming plus tôt que sur un support traditionnel de console ou de PC. Pour cela, OnLive a besoin d’une connectivité de premier plan de bout en bout, jusqu’à la Smart-TV, la tablette, le smartphone ou le PC de ses clients. C’est peut-être ce qui a fait aussi défaut : le très haut débit n’est pas disponible pour l’entièreté de la communuaté des joueurs sur le globe. En Europe, c’est Telecom Luxembourg qui est le partenaire opérationnel de la plateforme OnLive. L’opérateur luxembourgeois a mis en place dans le centre de données de LuxConnect la plateforme européenne d’OnLive, qui continue donc à fonctionner normalement.

OnLive ne remet pas en cause le modèle luxembourgeois

En rien donc, les tourments financiers d’OnLive ne remettent en cause l’opportunité pour le Luxembourg d’être le centre de distribution de services en ligne pour le monde du Gaming. Le pays reste, avec un bon coup d’avance, idéalement placé sur le Vieux Continent, de par la qualités de ses infrastructures de connectivité et d’hébergement de telles plateformes, de par sa position géographique qui favorise un ‘reach’ global pour des millions d’utilisateurs potentiels avec une latence des meilleures et par un framework réglementaire et des conditions de marché attractives, notamment en ce qui concerne la gestion de la propriété intellectuelle et d’une fiscalité raisonnée. Avec son lien privilégié avec le monde de la finance, Luxembourg peut aussi apporter une solution end-to-end, en ce compris jusqu’en la capacité en e-payment.

Vu de Californie, la base arrière d’OnLive, les événements actuels sont présentés sous le jour de « reculer pour mieux sauter ». Il faut dire qu’en Silicon Valley particulièrement, on aborde avec une toute autre culture la prise de risque, la croissance et le dépassement des problèmes. La faillite est aussi un fait de la vie des entreprises et des entrepreneurs. Fort est donc à parier, que les leçons et enseignements en seront tirés, mais que l’aventure du Cloud Gaming en sortira, in fine, grandie pour OnLive et le secteur.