Saïd Fihri, associé du cabinet KPMG Luxembourg

Dans le monde de l’investissement ou du trading, on ne peut plus ignorer cette tendance « sociale ». Des investisseurs interagissent ensemble via des plateformes sociales, avec de nouveaux jeux d’influence présidant aux décisions d’investissement. Par ITnation

« Social trading », c’est de cette manière que l’on qualifie, aujourd’hui, une nouvelle tendance en matière d’investissement boursier. Si, par le passé, les choix d’investir dans tels ou tels actifs étaient de l’apanage des professionnels du trading, l’évolution technologique et les logiques sociales qui en découlent bousculent les lignes. Récemment, KPMG s’est arrêté sur ce phénomène. Au cœur de son événement « The social digital fund: Like, poke and monetize your investments! », qui fait partie d’une série de sessions dédiées aux technologies qui vont façonner le monde de demain pour l’industrie des fonds  (les « Digital Fund series »), la plateforme eToro a ouvert la voie à une nouvelle forme de trading.

Ubérisation du métier d’asset manager

A travers sa plateforme, cette jeune société innovante permet à chacun de partager ses stratégies d’investissement. Les meilleurs, dans ce contexte, peuvent accumuler des followers, comme sur les réseaux sociaux. Ces derniers, à leur tour, on la possibilité de répliquer les stratégies d’investissement qu’ils trouvent les plus pertinentes. L’ambition d’eToro, c’est l’ubérisation de l’asset management. « Il est désormais possible d’investir sans passer par les banques, à travers une plateforme technologique ouverte, avec d’une part des personnalités qui montrent la voie à suivre en matière d’investissement et, d’autre part, des personnes qui les suivent », précise Saïd Fihri, associé du cabinet KPMG Luxembourg.

Démocratiser l’accès à l’investissement

A l’heure où l’accès à des conseillers financiers a tendance à se restreindre, avec des montants minimum d’investissements toujours plus élevés, de telles plateformes viennent bouleverser des logiques en place. Tout le monde y a accès et peut investir des petits montants. Des logiques de rémunération, dépendant du nombre de followers que l’on a, sont là pour inciter les meilleurs investisseurs à partager leurs stratégies. « On accède donc à une plateforme d’investissement totalement transparente, accessible en 24/7, permettant de commencer à investir avec des petits montants. Forcément, cela séduit, commente Ravi Beegun, Head of Investment Management chez KPMG Luxembourg. L’investissement, sans avoir à passer par un courtier ou un banquier, devient plus accessible, quand il ne prend tout simplement pas la forme d’un jeu. Une tendance claire se dessine, avec de plus en plus d’argent investi à travers de telles plateformes. »

eToro se positionne comme une plateforme de partage, d’échange de bonnes pratiques et d’exécution de transactions. Chacun , à travers elle, est libre d’investir comme il l’entend. La plateforme en elle-même ne délivre pas de conseils en investissement et, dès lors, ne doit pas se soumettre aux mêmes exigences réglementaires que des conseillers en investissements.

Ne pas fermer les yeux sur cette tendance

Bien sûr, il faut relativiser. Considérant l’ensemble des actifs sous gestion, la part d’investissement dit « social », reste marginal. « Cependant, les acteurs traditionnels ne peuvent ignorer la tendance, sous peine de voir une part croissante des actifs mass affluent investis leur échapper, assure Saïd Fihri. Il y a, derrière cette tendance, des montants grandissants d’asset under management captés par de telles plateformes, une migration de l’épargne vers de nouvelles formes d’investissement. Dans ce contexte, il serait mal venu, de la part des acteurs traditionnels de fermer les yeux sur ce phénomène. Il y a un réel enjeu, pour eux, à faire évoluer leur business model en tenant compte de ces tendances afin de capter eux aussi ces nouveaux assets under management. »