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L’IA se déploie dans l’industrie : exemple chez CEBI

Témoignage de Guillaume Policarpo, Industry 4.0 program manager et Clémentine Hyeulle, responsable marketing du groupe Cebi

March 30, 2022

Comment l’intelligence artificielle contribue-t-elle à révolutionner l’industrie ? Nous sommes partis à la rencontre de plusieurs acteurs industriels pour mieux se rendre compte de la transformation qui s’opère vers une industrie 4.0. La société Cebi, spécialisée dans la fabrication de composants électromécaniques destinés à l’automobile,  l’électroménager et les applications industrielle s’appuie de plus en plus sur l’intelligence artificielle afin d’améliorer l’efficacité de l’ensemble de ses lignes de production et pour pouvoir à terme concevoir de nouveaux produits à haute valeur ajoutée.

« L’intelligence artificielle, alliée indispensable pour rester compétitif »

Chaque Européen posséderait chez lui un élément qui a été confectionné au sein des usines du groupe Cebi. Cette société, créée en 1976 au Luxembourg sous le nom Elth S.A., a développé une expertise poussée dans le domaine de la fabrication de pièces électromécaniques. Au sein de ses différents sites de production à travers le monde, elle produit  des thermostats, sondes de niveau, réchauffeurs, systèmes de fermetures, moteurs,  ou encore des systèmes de lavage …

Ces composants s’intègrent dans de nombreux objets utilisés au quotidien, comme des produits électroménagers, des véhicules automobiles, des équipements de ventilation ou encore en rapport avec l’électro-mobilité.

Laboratoire de pointe

« Tous les produits Cebi sont conçus dans nos centres de R&D et testés dans nos laboratoires. » nous explique Clémentine Hyeulle, responsable communication et marketing du groupe Cebi. « Nous avons, l’année dernière, inauguré notre nouveau laboratoire d’essais avec des équipements de pointe ouvert aux externes. Le but de ce nouveau centre est double. Nous voulions à la fois regrouper l’ensemble du département de Recherche & Développement afin de rapprocher les compétences et de faciliter la collaboration entre les spécialistes produits et processus et nous souhaitions acquérir de nouvelles installations pour satisfaire, voire dépasser, les exigences de nos clients et pour créer de nouvelles collaborations avec les industries de la Grande Région. La volonté est de générer davantage de valeur pour nos clients avec une meilleure intégration verticale des composants et des technologies. »

Mettre en œuvre des usines « data driven »

« Pour la production de ces éléments, nous maîtrisons de nombreux processus industriels, du plus simple au plus complexe, comme la découpe, le moulage, le soudage, l’assemblage des éléments, le montage, etc. », continue Clémentine Hyeulle. De plus, le groupe industriel s’appuie notamment sur l’intelligence artificielle pour la transformation numérique de son activité. « L’industrie 4.0 constitue un axe stratégique, confie Guillaume Policarpo, industry 4.0 program manager pour le groupe Cebi. Nous avons la volonté d’intégrer le digital et les technologies innovantes les plus récentes, dont l’intelligence artificielle. L’ambition est de mettre en œuvre un modèle d’usine « data driven », en déployant les mêmes standards et les mêmes technologies à travers l’ensemble des sites de production du groupe. C’est-à-dire que nous voulons davantage baser nos décisions sur de la donnée. » Pour avancer dans cette direction, Cebi profite notamment de l’écosystème innovant luxembourgeois, en partenariat avec Luxinnovation. « En tant qu’industriels, nous devons faire face à une grande complexité mais aussi à de nombreux enjeux normatifs, financiers ou encore environnementaux. Pour être compétitifs dans ce domaine, nous n’avons pas d’autre choix que d’innover pour gagner en efficacité. Une meilleure utilisation de la donnée, grâce à l’intelligence artificielle, permet d’appréhender cette complexité et de gagner en efficience. »

Concevoir, produire, créer de la valeur

L’intelligence artificielle est une alliée indispensable dans la mise en œuvre d’une production data driven car elle soutient l’innovation à plusieurs niveaux. Une fois les machines connectées et la collecte de données effectuée, l’IA va jouer le rôle d’analyste en classifiant toutes les données et éliminer celles qui ne sont pas pertinentes pour la suite du projet. Enfin, elle va générer des modèles qui vont être un réel atout à plusieurs niveaux de production, de la qualité à la maintenance en passant par la prévention, etc. « Au niveau de nos processus, à l’échelle d’une ligne de production, nous collectons, par exemple, quelques 1000 données (ou variables) toutes les cinq secondes, explique Guillaume Policarpo. L’intelligence artificielle est nécessaire si l’on veut interpréter ce volume de données, disposer d’une représentation digitale de la production et comprendre son comportement. A partir de là, on peut établir des modèles prédictifs, pour anticiper l’éventualité d’une panne, des problèmes de qualité, ou encore améliorer la planification de la production. »

Une démarche progressive

L’intégration de l’intelligence artificielle au niveau d’un processus de production est une démarche progressive. Pour Cebi, l’idée a été de commencer ce projet d’Industrie 4.0 sur un site en particulier, le Luxembourg, et de l’étendre ensuite à travers les différentes entités du groupe. « Nous avons commencé par connecter les machines sur le site de Luxembourg dans le but d’améliorer l’interopérabilité. Le nombre de données collectées augmentant, il est aussi indispensable d’adapter l’infrastructure informatique (le réseau et les serveurs) pour permettre la transmission et le traitement des données, poursuit Guillaume Policarpo. Dans un premier temps, on va chercher à obtenir une information utile des données brutes, à travers des représentations de type dashboard. Ce n’est qu’ensuite que l’intelligence artificielle intervient, pour établir des analyses plus fines, identifier des modèles. L’IA permet d’appréhender une complexité élevée, d’extraire une information utile de la masse de données disponibles, de réaliser des pré-analyses de l’information qui peuvent être utiles aux ingénieurs. ».

Des défis à relever

L’intégration de l’intelligence artificielle, selon le responsable du programme industrie 4.0 de Cebi, pose plusieurs challenges. Le premier, explique-t-il, est de bien comprendre la technologie et ce qu’elle permet. « Elle offre notamment la possibilité de réaliser des vérifications précises, de confirmer des hypothèses formulées jusqu’alors sur base de l’expérience humaine, souvent subjective. Si cette expérience est toujours importante, l’intelligence artificielle est un réel allié, qui permet de soutenir voire même d’améliorer les compétences de chacun », commente Guillaume Policarpo. Le deuxième défi réside dans la définition du périmètre, les éléments, sur lesquels il est opportun de faire intervenir l’intelligence artificielle. « Cela ne se justifie pas toujours. Avec les bons partenaires, on peut avancer en commençant par de petits projets générant rapidement de la valeur, permettant de valider la pertinence de la démarche. » Le troisième challenge réside dans l’adaptation de l’infrastructure informatique.

Engagé dans cette transformation depuis de nombreux mois, le Luxembourg étant le moteur de ce projet, le groupe Cebi en perçoit aujourd’hui les bénéfices. « On voit un intérêt grandissant des équipes pour la donnée, car elle permet de répondre plus efficacement au client, de mieux comprendre l’outil de  production, précise Guillaume Policarpo. Au niveau du suivi qualité, on peut désormais l’évaluer en temps réel et davantage jouer sur les facteurs permettant de la garantir. »

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