« L’essentiel n’est pas de protéger les données, mais de trouver comment mieux les utiliser »

Philippe Cammaert, Sales Senior Manager et Gérant d’Oracle Luxembourg, était l’invité de la rédaction d’ITnation.

March 10, 2015

Philippe Cammaert, Sales Senior Manager et Gérant d’Oracle Luxembourg, était l’invité de la rédaction d’ITnation.

Par Sébastien Lambotte.

Monsieur Cammaert, considérant les investissements consentis pour faire du Luxembourg un coffre particulièrement fort pour les données sensibles, le secteur ICT est-il mieux positionné qu’un autre pour faire du Luxembourg un centre de traitement des données performant et développer des approches Big Data ?

Je ne vois pas forcément les choses sous cet angle. Ce n’est pas parce qu’on dispose d’un coffre-fort plus épais qu’un autre pour assurer la protection des données digitales sensibles que l’on est forcément en meilleure position pour développer des services de Big Data. La sécurité est importante mais d’autres éléments sont déterminants dans le développement d’approches pour le traitement des données. Celui-ci a avant tout trait à l’innovation et à la créativité en lien avec la donnée. C’est la manière dont on va traiter les données, plus que celle avec laquelle on va les protéger, qui fera la différence. Considérant les besoins d’une activité et les nouvelles possibilités technologiques offertes, le véritable enjeu est de trouver de nouveaux modèles pour mieux appréhender un marché ou transformer les modèles opérationnels à partir de l’utilisation des données.

Comment les responsables informatiques peuvent-ils tirer profit d’une utilisation de la donnée ?

Il y a de vrais enjeux pour la Place, et notamment au niveau du secteur financier, à tirer profit d’une meilleure utilisation de la donnée. Il existe certainement des opportunités de transformation des processus à partir d’un meilleur traitement de l’information. Aujourd’hui, beaucoup d’acteurs du secteur financier travaillent à l’optimisation de leurs marges. La technologie doit leur permettre de transformer leur modèle actuel, ou du moins de l’optimiser pour retrouver des marges. Pour y parvenir, toutefois, il faut que les acteurs de l’ICT et ceux du métier se retrouvent et commencent réellement à discuter. Il faut que les associations professionnelles émanant du secteur financier, l’ABBL, l’Alfi, Luxembourg for Finance, parviennent à établir un meilleur dialogue avec les acteurs du secteur ICT. Avec une meilleure compréhension des besoins et des enjeux liés aux métiers, il est possible d’activer les innovations utiles, source de transformation. Dans l’idéal, il faudrait que, depuis le Luxembourg, nous puissions élaborer des transformations digitales. Il faut créer, en profitant de la technologie, de nouveaux modèles qui pourraient être répliqués à travers l’Europe. Pour ce faire, nous devons concentrer nos efforts sur les métiers pour lesquels nous disposons d’une réelle expertise. C’est à partir de là que nous devons nous créer un avantage au niveau national.

Quels sont les enjeux, pour le Luxembourg, à ce niveau ?

Le risque pour la Place est de voir les projets innovants, « Big Data » ou autres, partir ailleurs. Les acteurs internationaux présents au Luxembourg s’inscrivent dans une logique de groupe. Aujourd’hui, si les entités luxembourgeoises peuvent se porter moteur par rapport à certains besoins, nous ne sommes pas non plus à l’abri de délocalisation de projets ICT au niveau du groupe. On innove très fortement à l’extérieur. Dès lors, si l’on ne met pas rapidement en œuvre une réelle expertise « Big Data » ou d’autres approches technologiques à même d’améliorer les modèles opérationnels liés à certains métiers, il y a fort à craindre de voir des activités partir vers l’étranger. Aujourd’hui, chacun de leur côté, les acteurs mènent des réflexions à cet égard et avancent sur des projets propres. Il faut donc pouvoir apporter des solutions, développer une expertise sur des créneaux particuliers, driver l’innovation depuis le Luxembourg. Notre défi est de trouver des solutions made in Luxembourg, pour servir les métiers de la finance, notamment au niveau de l’administration des fonds, du calcul du risque ou du reporting, ou encore de la logistique, ces domaines pour lesquels nous disposons d’un réel savoir-faire métier. Pour cela, aussi, nous aurons besoin de ressources clés, de talents créatifs et innovants qui, à partir de l’expression d’un besoin métier, pourront trouver de nouveaux modèles et de nouvelles solutions grâce aux opportunités offertes aujourd’hui par le digital.

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