DIGITAL BUSINESS
LEKO LABS révolutionne la construction en bois
Acteur innovant de la construction, Leko Labs a développé une technologie brevetée permettant de fabriquer des maisons à l’aide de pièces de bois assemblées. D’ici la fin de l’année, l’ambitieuse start-up luxembourgeoise devrait être en mesure de faire sortir de terre 500 logements par an depuis sa digital factory située à Foetz.
October 21, 2021
La construction bois a le vent en poupe au Luxembourg. Une tendance que l’on doit notamment aux nombreux acteurs innovants qui se sont engagés dans cette voie ces dernières années. Parmi ces sociétés qui ambitionnent de révolutionner la construction au Grand-Duché, l’innovante start-up Leko Labs sort sans conteste du lot. Créée en 2017 dans le giron du Technoport à Foetz, la jeune pousse a rapidement mis un grand coup de pied dans la fourmilière du secteur de la construction grâce à son approche révolutionnaire. « La raison d’être de Leko est d’apporter une alternative durable au secteur de la construction. Le béton avec lequel on construit majoritairement aujourd’hui, est considéré comme le matériau le plus destructeur sur terre. Si le béton était un pays, il serait par exemple en troisième position des plus gros émetteurs de CO2 derrière la Chine et les États-Unis. Détruire la planète pour construire nos maisons, ce n’est plus envisageable », explique François Cordier, fondateur et CEO de Leko Labs, qui rappelle également que troisquarts des déchets générés au Luxembourg sont constitués de résidus de démolition.
UNE TECHNOLOGIE BREVETÉE
Pour mettre un terme à ce modèle polluant et linéaire, la start-up qui emploie aujourd’hui une trentaine de salariés n’a pas hésité à casser les codes de la construction traditionnelle. « Nous avons développé une structure innovante qui révolutionne la manière dont nous appréhendons la construction. Notre technologie se base sur des pièces de bois qui s’imbriquent les unes aux autres, à l’instar des célèbres briques de couleur, pour former des structures à la fois hyper solides et très légères », explique François Cordier, qui s’est entouré d’ingénieurs issus des secteurs automobile et de l’aérospatiale pour élaborer sa technologie brevetée. « En fonction de ce que nous avons à construire, nous travaillons sur des essences de bois adaptées. Elles sont imputrescibles, il n’est pas nécessaire de les traiter. Ce sont des matériaux modulables, très faciles à utiliser et performants en matière d’isolation et d’acoustique. »
MOINS DE MATIÈRE, PLUS DE PERFORMANCE
Cet assemblage de pièces de bois n’est toutefois pas la seule innovation qui permet à Leko Labs de tirer son épingle du jeu sur le marché de la construction bois et de connaître une croissance exponentielle depuis sa création. Elle a en effet choisi de digitaliser un maximum ses processus de fabrication pour devenir une véritable société de construction 2.0. « Nous avons développé un logiciel qui permet de traduire des plans d’architecte en plan Leko en quelques secondes seulement. Avec des algorithmes et du machine learning, on va calculer la descente de charges, le besoin en terme d’isolation thermique et nous allons créer la superstructure avec la juste quantité de bois nécessaire, pas plus », explique le CEO de Leko. « Aujourd’hui, un ingénieur apprend à concevoir une structure qui est suffisamment solide, mais pas nécessairement une structure efficiente, explique de son côté Térence Clément, ingénieur au sein de Leko. On regarde toujours à la quantité minimum de matière requise pour concevoir un bâtiment mais jamais au maximum. Notre technologie est révolutionnaire dans le sens où elle permet justement d’optimiser cette production. » Un minimum de matière pour un maximum de performance.
UNE CHAÎNE DE PRODUCTION AUTOMATISÉE
Une fois ces plans numérisés, ils sont envoyés sur une chaîne de fabrication automatisée où des robots façonnent et numérotent chaque mur du bâtiment. Une fois usinés, ces murs sont ensuite déplacés sur une chaîne d’assemblage semi-automatisée. « Nous développons depuis deux ans et demi notre propre département robotique appelé Leko Robotics. A terme, la fabrication et l’assemblage de nos murs seront entièrement robotisés. » Une fois sortis de l’usine, ces murs n’ont plus qu’à être assemblés sur chantier.
« La raison d’être d de Leko est d’apporter une alternative durable au secteur de la construction »
L’automatisation maximale de la chaîne de production permet notamment de gagner un temps considérable dans le processus de construction. Leko promet en effet de diviser le temps de construction par deux par rapport à un chantier traditionnel. Cela permet en outre de répondre à la problématique du manque de logements dans les centres urbains. Et particulièrement au Luxembourg où l’on peine à livrer des logements en suffisance pour répondre à la demande. « Les matériaux comme le béton ne répondent plus aux besoins du XXIe siècle en termes de construction. Rappelons que les deux-tiers de la population mondiale vivront dans des villes en 2050 et que nous serons alors 9 à 10 milliards d’habitants sur Terre. Le défi est de loger ces personnes, de manière rapide et sécurisée, tout en étant responsable vis-à-vis de la planète », rappelle le CEO de la jeune pousse, dont le modèle s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire puisque, contrairement au béton, le bois peut être réutilisé et recyclé très facilement.
UNE AUBAINE POUR LES PROMOTEURS
Contrairement à des murs traditionnels en béton, la technologie de Leko Labs permet également de créer des bâtiments aux murs plus fins (à partir de 32 cm contre au minimum 50 cm pour des murs en béton avec isolant), et possédant des propriétés isolantes naturelles. Grâce à cela, les bâtiments peuvent gagner jusqu’à 10 % d’espace habitable supplémentaire. Une aubaine pour les promoteurs immobiliers, de plus en plus séduits par le concept de la start-up de Foetz. Au-delà de l’utilisation de matériaux recyclables, de sa démarche cradle-to-cradle, un modèle d’éco-conception qui intègre à tous les niveaux des exigences élevées en matière d’écologie, et du gain de superficie, Leko offre aux promoteurs la possibilité de dégager une marge plus intéressante. « Grâce notamment aux aides de l’État qui récompensent les initiatives écologiques dans la construction et au fait qu’il gagne en superficie habitable, le promoteur peut dégager une marge pouvant aller jusqu’à 70 % supplémentaire par rapport à un projet classique. Il divise le coût de son gros oeuvre de 30 à 50 %. Il y a une galaxie qui sépare le béton de notre solution en termes de compétitivité ! », assure François Cordier.
UNE APPROCHE LOCALE
Si la start-up grandit à vitesse grand V, elle n’ambitionne pourtant pas de devenir un véritable mastodonte de la construction en matière d’infrastructure. « D’ici un an, notre micro-factory, ici à Foetz, sera entièrement opérationnelle et sera capable de produire 500 logements par an. L’objectif est de créer plein de petites structures comme celle-ci au Luxembourg et à l’étranger, détaille François Cordier qui rappelle que 3.000 logements sortent de terre chaque année au Grand-Duché. Nous voulons rester proches de nos clients et de nos partenaires. En développant des micro-factory aux quatre coins du pays et à l’étranger, nous contribuons ainsi à faire fonctionner l’économie locale. »
Technologie révolutionnaire, communication percutante et démarche écologique. Tant d’ingrédients qui ont récemment permis à Leko de signer un important contrat avec un promoteur luxembourgeois pour la construction de 120 bâtiments par an. Son déploiement sur les marchés belge et suisse est également imminent. Une nouvelle étape pour une start-up et un CEO qui débordent d’ambition.