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Le numérique responsable, nouveau défi sociétal
Si la technologie, aujourd’hui omniprésente, contribue à faciliter la vie de la plupart d’entre nous et nous aide à relever de nombreux nouveaux défis, elle a aussi des défauts. De nombreuses applications s’avèrent être particulièrement énergivores. La multiplication des usages numériques s’accompagne d’enjeux d’inclusion, une partie de la population pouvant rencontrer des difficultés à utiliser les solutions technologiques. Enfin, avec sa généralisation, le risque d’introduire et d’entretenir certains biais cognitifs s’accroît. Plus que jamais, le déploiement de solutions numériques exige de s’inscrire dans une démarche responsable.
November 4, 2024
L’empreinte environnementale du secteur du numérique est loin d’être négligeable, si l’on en croit les analyses menées par l’ADEME et l’Arcep en France. Le secteur représentait 3,6 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde en 2023. Ce chiffre pourrait atteindre 6,7 % d’ici 2040 si aucune action n’est entreprise pour réduire son impact environnemental. Alors que, dans la plupart des domaines économiques, les acteurs investissent avec plus ou moins de succès dans la réduction de leurs émissions, la multiplication des données et des équipements technologiques, le renforcement des usages s’appuyant sur ces outils, fait que l’empreinte environnementale du numérique a tendance à s’alourdir. Il y a de quoi s’interroger et nous inviter à mieux considérer les grands principes d’un déploiement responsable de la technologie. Il s’agit d’un enjeu clé, bien que difficile à appréhender, tant les facteurs et les acteurs entrant en ligne de compte sont nombreux.
Conscientiser et mobiliser les acteurs
Si les fabricants et les prestataires de services travaillent au développement de solutions et d’équipements plus sobres, l’utilisateur, dans les usages du numérique qu’il fait, a aussi un rôle clé à jouer.
Les émissions de CO2 du numérique sont dues à l’extraction des minerais nécessaires à la fabrication des appareils, à la production d’énergie indispensable pour faire fonctionner les centres de données et les réseaux ou encore à la gestion en fin de vie et au recyclage des terminaux. Réduire l’empreinte carbone du numérique implique de travailler sur tous ces aspects, mais aussi à trouver un juste équilibre entre les nouveaux usages et leurs impacts. Par exemple, l’entraînement des modèles d’intelligence artificielle exige de mobiliser une quantité importante d’énergie et de ressources. Il y a notamment lieu de se demander à quelle fin ils sont déployés. Est-ce essentiel ou accessoire ?
Certaines applications, sans aucun doute, contribueront aux objectifs de développement durable définis par les Nations Unies, au service d’un monde plus juste et respectueux de chacun, quand d’autres n’auront vocation qu’à nous divertir…
Privilégier l’écoconception
Se prononcer sur l’opportunité d’un nouvel usage de la technologie demeure complexe et risque de conduire à des clivages importants. Cela ne doit cependant pas nous exempter d’y réfléchir.
Du côté des professionnels de l’IT, toutefois, des engagements peuvent être pris au service d’une utilisation de la technologie plus respectueuse de l’environnement.
L’un des premiers défis est d’évaluer l’empreinte des usages numériques à l’échelle d’une organisation ou liée à un service proposé. Cette analyse doit permettre d’identifier divers leviers d’amélioration, comme les possibilités d’optimisation des besoins énergétiques d’un parc informatique, la mise en œuvre d’une gestion plus « smart » des données ou encore l’adoption des bonnes pratiques en matière d’écoconception. Il s’agit d’intégrer la protection de l’environnement dès la conception des biens ou services, en cherchant par exemple à coder de manière à réduire les besoins en énergie ou en envisageant dès le départ la mise en place de filières de recyclage ou de prolongation de la durée de vie des appareils.
L’accessibilité, une autre facette du numériqueresponsable
L’un des autres enjeux d’un numérique responsable vise à garantir l’accessibilité des services proposés. Enjeu d’inclusion essentiel, il s’agit de rendre les contenus et services numériques compréhensibles et utilisables par tous, et notamment les personnes en situation de handicap.
Aujourd’hui, beaucoup de nos opérations quotidiennes s’effectuent via des interfaces numériques. Nous pourrions évoquer les nombreuses procédures administratives que l’on peut effectuervia le portail MyGuichet ou les transactions bancaires que l’on initie via son application web-banking. Cependant, des personnes dyslexiques, atteintes de daltonisme ou encore souffrant de problèmes de mobilité peuvent rencontrer des difficultés à effectuer ces opérations.
Au niveau du développement web ou applicatif, le respect des principes d’accessibilité numérique permet la mise à disposition des ressources numériques sans discrimination. Tous les contenus et outils numériques doivent être perceptibles, compréhensibles et navigables pour tous. L’accessibilité vise tous les individus, quels que soient leur matériel ou logiciel, leur infrastructure réseau, leur langue maternelle, leur culture, leur localisation géographique ou leurs aptitudes physiques et mentales.
Opter pour une approche éthique
Le numérique, parce qu’il est aujourd’hui partout, à un impact majeur sur nos sociétés, notre manière de vivre ensemble, sur la vitalité de nos démocraties. Il suffit, pour s’en rendre compte, de considérer la manière avec laquelle les réseaux sociaux ont transformé nos interactions, la manière avec laquelle nous nous informons ou nous exprimons.
On n’a jamais autant parlé de campagnes de désinformation (souvent portée par des puissances étrangères), qui cherchent à influencer l’opinion des populations ou encore de cyberharcèlement. Il y a lieu aussi de se demander quels impacts pourrait avoir la généralisation d’outils d’intelligence artificielle sur la population, au service de la surveillance par exemple, qui peuvent entretenir ou renforcer des biais cognitifs.
Dans le chef de ceux qui proposent des services s’appuyant sur la technologie, soutenir un numérique responsable implique de mener des réflexions autour de nombreuses questions éthiques, relatives notamment à l’usage qui est fait des données ou sur les conséquences sociétales d’une nouvelle application.