DIGITAL SOLUTIONS
Le monde du paiement s’apprête à des transformations majeures
Les acteurs du secteur des paiements doivent se préparer à d’importants changements: d’une part, le législateur européen entend imposer de nouvelles exigences, et d’autre part, les utilisateurs apprécient les innovations apportées autour des paiements et élèvent leur niveau d’attente en ce qui concerne l’expérience proposée.
February 23, 2023
Les acteurs du secteur des paiements doivent se préparer à d’importants changements. D’une part, le législateur européen entend imposer de nouvelles exigences, faisant notamment du paiement instantané la norme en la matière. D’autre part, les utilisateurs apprécient les innovations apportées autour des paiements telle que les solutions request-to-pay ou peer-to-peer et élèvent leur niveau d’attente en ce qui concerne l’expérience proposée. Pour les acteurs bancaires, ces transformations représentent des défis à appréhender.
Aujourd’hui, entre le moment où s’effectue une transaction – un virement ou encore un paiement par carte – et son exécution effective, plusieurs heures/jours peuvent s’écouler. Aux vues des projets actuellement discutés, la volonté du législateur européen est de s’assurer que le bénéficiaire du paiement puisse disposer de l’argent dans les secondes qui suivent et cela pour toute transaction électronique.
Sécurité renforcée et instantanéité
« D’ici cinq ans, le paysage du paiement aura profondément changé, commente Laurent Hupet, Payments Business Line Director au sein de Sopra Banking Software. À l’heure actuelle, la Commission européenne travaille sur un ensemble de nouvelles exigences qui s’imposeront à l’ensemble des opérateurs de paiement. L’une des volontés est d’offrir la possibilité d’offrir le virement instantané pour tous les utilisateurs du service, quel que soit le canal de paiement privilégié, et que les frais pour ce genre de transaction ne soient pas supérieurs à ceux d’un virement SEPA. »
À terme, l’Instant Payment devrait donc devenir la norme. « A cela s’ajoutent des obligations de screening quotidien des clients de la banque dans une optique de lutte contre la fraude, poursuit l’expert. Ou encore la généralisation de la fonctionnalité « IBAN-Name Check », à savoir la possibilité offerte à l’initiateur d’un paiement de demander à vérifier que le compte de la contrepartie appartient bien au bénéficiaire visé. Ce dernier dispositif, déjà mis en œuvre dans certains pays, permet de limiter la fraude sur les virements de l’ordre de 80 à 90%. Le défi pour les banques est de répondre à ces nouvelles obligations sans alourdir le parcours client. »
Un enjeu de souveraineté
Ces évolutions réglementaires seront très certainement saluées par les utilisateurs. Elles entendent notamment contribuer à l’amélioration de l’expérience associée au paiement et élever le niveau de protection de chacun. Mais elles poursuivent aussi d’autres objectifs. « L’un d’eux est de fluidifier les échanges pour améliorer la gestion des trésoreries des entreprises, soutenir le fonctionnement de l’économie dans son ensemble, explique Laurent Hupet. La volonté, dans l’optique de garantir la souveraineté du système financier européen, est aussi de s’affranchir davantage des grands réseaux d’opérateurs de paiement américains, VISA et MASTERCARD, pour ne citer que les deux plus importants. »
Le changement n’attend pas
Si le législateur entend contraindre les acteurs à faire évoluer les pratiques dans le domaine du paiement, certains n’ont pas attendu pour changer la donne. « On voit émerger de nouveaux opérateurs dans certaines régions du continent, offrant par exemple des solutions request to pay ou peer-to-peer, facilitant les échanges, précise le Payments Business Line Director de Sopra Banking Software. Grâce à eux, des marchands peuvent proposer des solutions de paiements électroniques faciles et sécurisées à leurs clients, à l’instar de PayConiq en Belgique et au Luxembourg, en minimisant les frais de commission des réseaux traditionnels. Ces nouveaux moyens de paiement sont une alternative à la carte bancaire mais aussi à la monnaie fiduciaire tout en laissant la maitrise du paiement au payeur !»
Des modèles sous pression
Pour les banques, ces évolutions et d’autres à venir, comme le développement d’un euro digital, doivent être bien appréhendées. Elles ont un impact non négligeable sur les modèles actuels. Les réseaux traditionnels, en effet, permettent la rémunération de l’ensemble des intermédiaires. À l’heure actuelle, des banques tarifient des services inhérents à l’échange de montants importants en temps réels. Qu’en sera-t-il demain ? La question reste ouverte. « D’une part, les contraintes associées au paiement se renforcent. D’autre part, le niveau de rémunération associé est de plus en plus limité. Les avantages liés à ces évolutions sont surtout pour le bénéficiaire », commente Laurent Hupet. Si le marchand peut limiter les frais liés à chaque transaction, cela sera bénéfique pour lui comme pour ses clients. « Dès à présent, les banques se doivent de réfléchir à leur modèle économique autour des paiments, notamment à travers la mise en œuvre de nouvelles approches et solutions, afin de trouver de nouveaux revenus autour de ces nouveaux moyens de paiement», poursuit l’expert.
Accompagner le changement
Un acteur comme Sopra Banking Software les accompagne pour leur permettre de bien appréhender ces défis, de se transformer tout en veillant à limiter les coûts liés à ces opérations. « On peut, dans cette optique, envisager des solutions mutualisées, comme des plateformes permettant de répondre plus efficacement aux exigences tout en offrant un service de qualité aux utilisateurs, ajoute Laurent Hupet. Au-delà, il faut réfléchir plus largement, comme entend le faire l’European Payment Initiative (EPI), en rassemblant les grands acteurs bancaires et du paiement en Europe, afin de faire émerger une plateforme paneuropéenne et établir des standards européens en la matière. Notre rôle est d’accompagner l’ensemble des acteurs dans la priorisation des nombreux sujets de transformations des paiements tels que l’Instant Payment obligatoire, le SEPA Request to Pay, EPI, la DSP3, l’Euro digital… avec pour objectifs de trouver avec eux des solutions innovantes permettant garantir leurs intérêts. »