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Le Luxembourg, un pays où tout est possible

A travers son portail web Silicon Luxembourg, Charles-Louis Machuron suit de près l’évolution de l’écosystème start-up au Luxembourg. Ce passionné de technologie et d’entrepreneuriat évoque avec ITnation les enjeux liés au développement d’un environnement attractif et propice à l’éclosion de jeunes entreprises innovantes.

September 1, 2015

A travers son portail web Silicon Luxembourg, Charles-Louis Machuron suit de près l’évolution de l’écosystème start-up au Luxembourg. Ce passionné de technologie et d’entrepreneuriat évoque avec ITnation les enjeux liés au développement d’un environnement attractif et propice à l’éclosion de jeunes entreprises innovantes.

Charles-Louis, pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a poussé à développer une plateforme web dédiée aux start- ups luxembourgeoises ?

Silicon Luxembourg est en ligne depuis un an et demi. L’idée d’un tel projet est antérieure et est liée à mon expérience. Cela fait maintenant 7 ans que je suis au Luxembourg, dans un environnement de travail proche de celui des starts- ups. C’est d’ailleurs une start-up qui m’a amené ici. J’ai donc accumulé pas mal d’expérience et j’ai pu constater, en travaillant pour deux start-ups eCom- merce, qu’il n’était pas évident pour ces acteurs de se rendre visible, de communiquer. Mais aussi, pour les nombreuses start-ups de se rencontrer et d’échanger. Etant personnellement un grand consommateur de média, je me suis dit qu’il serait intéressant de fédérer cette communauté autour d’un même portail.
Quel regard portez-vous sur le développement de cet environnement start-up au Luxembourg ?
Je peux vous dire que, aujourd’hui, ce ne sont pas les sujets à traiter qui manquent, mais le temps pour le faire. Cet environnement a évolué de manière très positive en quelques années. A mon arrivée, les développements étaient relativement confidentiels. Aujourd’hui, le nombre de start-ups a considérablement augmenté, tout comme les événements et initiatives qui les concernent directement. Des incubateurs et un accélérateur ont vu le jour. Des espaces de co-working existent ici et là. De grands acteurs locaux se penchent sur la dynamique qui s’est mise en place, avec un réel engouement. Chaque jour, on constate de nouvelles choses. Le Gouvernement aussi a bien compris l’enjeu qu’il y a derrière ces développe- ments et la nécessité de mettre en place un écosystème favorable aux start-ups pour assurer un développement économique pérenne.

« Pour voir le nombre de start-ups grandir, il faut des idées, mais aussi des compétences et des fonds. »

Si l’on devait comparer l’environnement start-up luxembourgeois à ce qui peut se faire dans d’autres pays, quelles conclusions pourrait-on en tirer ?
Si l’on considère le nombre de start- ups, les initiatives, les événements qui leur sont dédiés et que l’on ramène tout cela à la taille du pays, le Luxembourg se positionne bien. Evidemment, nous ne sommes pas au niveau de capitales comme Londres, Paris ou Berlin, où il est difficile de dénombrer les start-ups qui se créent. Mais le Luxembourg n’a pas à rougir. L’écosystème qui s’est créé ici est sur les radars. De nombreux acteurs, dans les pays voisins, s’intéressent à ce qui se passe au Luxembourg. 45% du trafic de Silicon Luxembourg vient de l’étranger. Et quand ils constatent de visu les développements luxembourgeois, ils sont généralement épatés. Luxembourg, aujourd’hui, plus qu’un grand centre financier, parvient à répondre aux besoins de start-ups, à les attirer.
Que manque-t-il au Luxembourg pour renforcer cet environnement start-up ?
Cela reste une bonne question. Je pense, avant tout, qu’il faut inciter les jeunes, les citoyens qui ont entre 25 et 35 ans à se lancer. Aujourd’hui, à Luxembourg, ceux qui entreprennent sont le plus souvent des personnes expérimentées, plus âgées. Ailleurs, on constate que le vivier d’idées, la créativité, vient des jeunes. Des initiatives voient le jour pour encourager l’entrepreneuriat, comme les Jonk Entrepreneuren, ou encore pour sensibiliser les plus jeunes aux disciplines digitales, en leur apprenant à coder. Il faut mieux susciter l’initiative, inciter les plus jeunes à créer.
Quelles sont les autres lacunes du Luxembourg ?
Pour voir le nombre de start-ups grandir, il faut des idées, mais aussi des compétences et des fonds. Pour les compétences, créer une école de développeurs au Luxembourg constitue une bonne opportunité. Aujourd’hui, si nous avons des développeurs brillants, ils sont rapidement happés par les grands groupes, qui peuvent leur offrir des salaires que ne peut pas se permettre une start-up. Au niveau des fonds, il faut trouver des solutions pour assurer le financement des étapes de lancement. Les besoins ne sont pas énormes, mais ils sont là.
Le développement ou le renforcement de réseaux de business angels pourra répondre à ces besoins. Maintenir les start-ups que l’on est parvenu à attirer reste un élément clé. Enfin, pour continuer à attirer et booster le développement, il faudrait permettre à une ou deux start-ups, porteuses d’une solution disruptive, d’émerger depuis le Luxembourg. Nous avons besoin de success stories. Skype fut un bon exemple. Mais c’est une vieille histoire. Il nous en faut d’autres.
Il y a donc encore pas mal de défis…
Oui, mais il y a aussi de bonnes idées en gestation. Le Luxembourg est un pays où tout est possible. Nous en sommes au début du développement de cet éco- système. Je pense que les start-ups qui viennent ou se développent ici peuvent profiter de bonnes opportunités. Elles doivent cependant se doter rapidement d’ambitions internationales. Le Luxembourg permet de s’exporter. Le pays doit aussi se donner des ambitions fortes. Sur les FinTech, par exemple, il y a de réelles opportunités. Mais il va falloir se positionner sans attendre, afin de parvenir à driver l’innovation depuis le Luxembourg.
Petite place, mais très internationale
Considérant la taille du pays, les start-ups ne choisissent évidemment pas de s’installer aux Luxembourg pour les opportunités qu’offre son marché intérieur. Le Grand-Duché, avec
sa place financière, par contre, est une plateforme internationale qui n’a pas d’équivalent. A partir de notre petit pays, il est possible de rapidement rayonner à l’international.

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