DIGITAL BUSINESS
Le loup et l’agneau chez les FinTech
Lors de la dernière édition de FinTech Stage, à Luxembourg, […]
February 25, 2016
Lors de la dernière édition de FinTech Stage, à Luxembourg, Matthias Kroener, CEO de FIDOR BANK, a remis les choses en perspective comme personne. A ses yeux, c’est l’incapacité culturelle des banques à innover qui les fait craindre les FinTech… ou les pousse à les intégrer. Ne se contentant pas de « démonter » ses pairs, le banquier allemand a appelé les start-ups innovantes à prendre leurs responsabilités au cœur de ce mouvement de transformation, plutôt que de préférer pactiser avec « le diable ». Un discours, deux gifles.
Les uns ont l’ambition d’apporter des technologies disruptives mais doivent trouver leurs clients. Les autres veulent protéger leurs parts de marché, et pour cela répondre aux nouvelles attentes de cette clientèle qu’ils servent depuis des années. Les uns en face des autres, start-ups innovantes dans le domaine financier et acteurs historiques de la Finance s’apprécient avec méfiance. Ils se regardent en chien de faïence, pour reprendre une expression quelque peu éculée.
Jeudi dernier, ils étaient pourtant rassemblés dans un seul et même lieu, à l’occasion de l’édition luxembourgeoise de FinTech Stage, organisée par Nicolas Mackel de Luxembourg for Finance au Cercle Cité. S’ils étaient là comme sponsors, était-ce sans doute pour apprécier les opportunités promises par cette transformation digitale dont on parle tant. Mais étaient-ils seulement prêts à se faire bousculer dans leurs certitudes optimistes ? Ou, pour reprendre les commentaires de nombreux participants, « à prendre quelques gifles ». En l’occurrence, jeudi dernier, elles ont été données par Matthias Kroener, CEO de FIDOR Bank.
La véritable menace des banques : leur culture plus que les Fintech
Les banques ont dégusté en premier lieu. « Pourquoi ne développez-vous pas les solutions par vos propres moyens ? les a-t-il questionnées. « Avez-vous vraiment besoin d’un hub FinTech pour innover et vous inscrire dans cette économie digitale ? » Derrière ces questions, le banquier et entrepreneur ne fait que souligner l’incapacité actuelle des acteurs bancaires à s’engouffrer dans cette transformation digitale. Finalement, ne sont-elle pas les mieux placées pour identifier les besoins des clients et, in fine, pour y répondre ? A entendre le speaker, qui met en cause une culture bancaire trop éloignée des intérêts du client, il faudrait croire que non. « Le digital n’est pas encore bien assez appréhendé par les acteurs bancaires », poursuit-il, insistant sur la nécessité de se fixer des objectifs en la matière s’appuyant sur de meilleurs indicateurs de performances (KPI). « La banque digitale, ce n’est pas se contenter de mettre en place un profil Facebook ou de mettre une application à disposition », prend-il soin de préciser. Dans ce nouvel environnement, tout est question d’objectifs et de mesures. On parle de coût d’acquisition d’un client, de marges, de croissance, de développement. En somme, de business, au cas où certains l’auraient oublié.
Digital banking KPIs of @ficoba #FTSLUX16 pic.twitter.com/Kxpekb7Emr
— Laurent KRATZ (@lkratz) February 18, 2016
Start-ups FinTech : pour grandir, obtenez des licences
S’adressant à l’autre camp, aux start-ups FinTech, les invitant aussi à envisager leur développement en tenant compte des considérations business, il met en garde : « Prenez conscience des pièges tendus par ces banques désespérées qui veulent collaborer avec vous ». Le speaker et banquier précise que, si les acteurs traditionnels souhaitent collaborer avec ces start-ups (ou parfois les racheter), c’est avant pour préserver leur clientèle de la menace qu’elles représentent. « Si les établissements bancaires commencent à embrasser la révolution, c’est que cette dernière est morte », ajoute-t-il. Le rachat des acteurs FinTech par les banques nuit tout simplement au mouvement qu’ils initient, à l’ensemble de l’écosystème FinTech ainsi qu’à la transformation qui s’opère actuellement. Affirmant que le développement de l’activité FinTech aura des répercussions positives sur l’ensemble des services financiers, Matthias Kroener a invité les acteurs innovants à gagner en substance. « Arrêtez de pleurer, vous devez acquérir des licences auprès des régulateurs. Cela va apporter vous apporter de l’indépendance et une grande valeur », assure-t-il, invitant par la même occasion les autorités à mieux réguler la Fintech à travers de la Regtech.
Dans cet univers, selon l’entrepreneur, les jeunes acteurs innovants peuvent croître efficacement pour peu qu’ils décident de prendre leurs responsabilités. « Les FinTech, ne sont pas des jardins d’enfants dans lesquels on s’amuse à développer des applications », conclut-il.
“Enfin un vrai DIGIbanquier qui réveille en respirant la FinTech tous les jours. Il défend une nouvelle voie digitale qui doit être vu comme une opportunité, pas une menace !”, dit Jean Diederich, Président de l’APSI et Partner chez Kurt Salmon.