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La technologie Blockchain, ennemi numéro un ?

Les modèles disruptifs étaient au cœur du dernier APSI Day. La blockchain, la menace et les opportunités que représente la technologie, a alimenté le débat. Si on est aujourd’hui sûr qu’elle transformera la finance, beaucoup de questions demeurent.

April 13, 2016

Jean-DiederichLes modèles disruptifs étaient au cœur du dernier APSI Day. La blockchain, la menace et les opportunités que représente la technologie, a alimenté le débat. Si on est aujourd’hui sûr qu’elle transformera la finance, beaucoup de questions demeurent.

Pour son premier APSI Day de l’année, l’Association des Professionnels de la Société de l’Information a souhaité évoquer les acteurs FinTech et, plus généralement, les modèles disruptifs. Un sujet qu’elle aborde pour la 3ème fois avec un panel d’acteurs divers : FinTech, avocats, gouvernement et membres de son groupe de travail dédié.

On a vu déferler, ces dernières années, de nouveaux acteurs innovants dans la finance. De plus en plus nombreux, ils intriguent autant qu’ils inquiètent les acteurs, dit traditionnels, du secteur financier. Parce qu’ils portent de nouveaux modèles disruptifs, ils bousculent les codes établis.Dans le domaine du paiement, par exemple, le contexte réglementaire (SEPA, PSD2, le statut sur les établissement de paiement…) aurait tendance à favoriser l’émergence de ces acteurs innovants.

FinTech, partenaires ou concurrents ?

Avec une directive plus souple, les FinTech peuvent se développer plus vite et les banques doivent se transformer plus rapidement. A l’éternelle question « amis ou ennemis ? », Jean Diederich, Partner, Kurt Salmon & President, APSI répond : « Ce que tous veulent c’est avoir accès aux comptes des clients à travers des APIs. Ce qui importe alors, c’est d’avoir une meilleure connexion entre tous ces acteurs, que l’on parle de banques ou de FinTech, pour faciliter les transactions, qu’elles soient plus simples, moins chères, plus rapides, plus fiables. Le challenge est d’offrir cet accès, quel que ce soit le lieu ou la devise. Les clients iront vers les acteurs capables d’offrir cela. »

Aux acteurs, individuellement, de décider de collaborer, ou non. Tous devraient cependant tenir compte de ce constat : les clients sont aujourd’hui du côté de la banque tandis que la technologie est plutôt du côté des acteurs FinTech. Dans ce contexte, il apparaît pertinent de poser certaines questions. Les banques ont-elles les moyens de se doter de la technologie (ou d’acheter des FinTech) ? Est-ce que les FinTech ont un capital suffisant pour maintenir seules ces technologies et, en plus, acheter des données clients ?

La Blockchain redistribue toutes les cartes

Les FinTech ont redistribué le monopole du service de paiement. Les grands acteurs bancaires se sont fait devancés face à ce shift de compétences et de technologies plutôt brutal. Ils n’ont pas d’autres choix que d’opérer une transformation digitale, s’ils ne veulent pas être les victimes d’un phénomène de désintermédiation. Cette transformation doit se faire rapidement mais, surtout, doit être envisagée à l’échelle de l’activité, de manière globale. Elle concerne aussi bien les canaux, que les produits, les métiers, les skills, etc.

Pour Raoul Mulheims, CEO & Co-founder, Digicash, tout est lié aujourd’hui à la confiance et c’est, au final, le client qui décidera. Quoiqu’il advienne, les banques et les FinTech ont toutes les deux besoin de standards et d’ID management pour gérer les accès à toutes ces données de valeur.

Pour Olivier Roudoux, Partner, Fivory et Chris Marcilla, Chairman Disruptive Models Working Group, APSI, la menace ne viendrait pas directement des FinTechs. Ces derniers, en effet, ont pour premier défi de gagner cette confiance et les clients. Ce qui n’a rien d’anodin. Par contre, certaines technologies, étudiées et mises en œuvre par certaines banques ou d’autres acteurs pourraient avoir des impacts conséquents sur le modèle d’affaires dominant dans le secteur. C’est notamment le cas de la blockchain. Lors de cet APSI Day, KOINA présentait sur ce point sa solution qui ouvre le monde de la banque à tous : une application disruptive venue de Suisse qui a bien l’intention de s’implanter au Grand-Duché.

La blockchain facilite l’échange des données… Elle rend toutes les données disponibles et traçables partout tout en maîtrisant les accès. Si elle n’a pas encore envahi le monde, c’est pour une seule raison : le coût lié à sa mise en œuvre (process, installation, software, consultance, minage de bitcoin, etc). L’expansion de la blockchain, cependant, offrirait un monde sans intermédiaire, une chaîne transparente, sans frais de transaction, sans taxes, sans frais de régulation… Un paradis pour certains, un cauchemar pour les autres.

Réguler et établir des standards

Pour les membres de l’APSI, au-delà de la technologie, il faut pouvoir établir des standards, afin de faciliter la collaboration et les échanges. Il sera impossible de partager et lire autant de données à l’avenir s’il n’y a aucune règle.

Le flou demeure du côté législation. En témoigne les interventions de Gary Cywie, Counsel Allen & Overy, et de Renaud Le Squeren, Partner, DSM Legal, qui confirment que la blockchain et les smart contracts sont actuellement en dehors des juridictions luxembourgeoises. Ce flou juridique demande à être régulé. On touche cependant à un domaine complexe : doit-on voir la blockchain comme une base de donnée et les smart contract comme une redéfinition de la propriété ?

Le droit de la protection des données peut en effet s’appliquer sur la blockchain qui est un ensemble pur d’information. Mais qu’en est-il de sa gouvernance ? « Calquer les lois actuelles sur ces nouveaux modèles n’a pas de sens. Il faut de nouvelles lois spécifiques… Nous sommes dans une logique que l’on peut comparer à Internet, un outil qui n’appartient à personne mais dont tout le monde se sert…»

A l’instar des données générées par l’AI ou l’IoT, on ne sait pas dire aujourd’hui à qui ces données appartiennent : le développeur du système, le vendeur de la solution, l’utilisateur ? Le pays devra statuer pendant la mise en application de la nouvelle GDPR d’ici 2018. La technologie elle, n’a pas attendu les cours de justice ou le parlement européen. Elle est déjà utilisée sur le marché alors qu’aucun de ces utilisateurs n’est protégé en cas de litige.

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