Dans le contexte actuel, il y a lieu de veiller à un usage responsable des technologies, comme l’évoquent avec nous Cédric Jadoul et Steve Heggen, respectivement Managing Director et Responsable Innovation au sein de Fujitsu Luxembourg.

La digitalisation : entre opportunités et responsabilités

La révolution digitale a marqué un tournant décisif dans l’amélioration de notre qualité de vie. Chaque jour, de nouvelles solutions technologiques émergent, rendant notre vie plus connectée, simplifiée, et efficace. Du télétravail à la télémédecine, en passant par l’accès instantané à l’information, sans oublier les solutions innovantes apportées par les avancées majeures en matière d’intelligence artificielle,… les avantages offerts par la technologie semblent aujourd’hui infinis.

Cependant, avec l’expansion rapide de la technologie vient une empreinte environnementale croissante : extraction de matières premières, consommation d’énergie par les data centers, et déchets électroniques sont autant de conséquences de notre dépendance au numérique. Ces enjeux environnementaux, devenus incontournables, interpellent la conscience collective et les entreprises en particulier.

Internet se positionne désormais comme le septième plus grand consommateur d’énergie au niveau mondial. Avec l’essor du télétravail et des divertissements en ligne, cette consommation ne cesse de croître. Si la digitalisation a longtemps été perçue comme une solution aux défis environnementaux – réduisant la consommation de papier et limitant les déplacements – son impact sur l’environnement n’est pas négligeable.

« Depuis de nombreuses années, on a considéré la dématérialisation comme une aubaine face aux enjeux environnementaux » commente Cédric Jadoul, Managing Director au sein de Fujitsu Luxembourg. « Les traitements numériques, par exemple, ont contribué à réduire notre consommation de papier, à limiter nos déplacements. La technologie est effectivement un levier de transition essentiel à la faveur d’un monde plus durable. Cependant, si l’intégration des outils numériques conduit à une forte dématérialisation des usages, elle n’est pas sans impact sur l’environnement ».

Les défis et les opportunités de l’Intelligence Artificielle

L’intelligence artificielle (IA) possède un potentiel révolutionnaire, mais son empreinte environnementale est préoccupante. Les modèles d’IA, en particulier ceux des large language models (comme GPT4 notamment), nécessitent des centres de données gourmands en électricité et en refroidissement par l’eau. Toutefois, l’IA peut aussi contribuer à la préservation de l’environnement : optimisation des transports, surveillance de la biodiversité ou encore amélioration de l’efficacité énergétique. Il est essentiel d’équilibrer ces avantages avec leurs conséquences, en cherchant à minimiser les impacts tout en exploitant le potentiel bénéfique de cette technologie.

« L’IA, tout en promettant une aube nouvelle d’innovations, nous rappelle l’importance de la conscience environnementale. Chaque avancée technologique doit être mesurée non seulement par son potentiel, mais aussi par son coût pour notre planète » affirme Steve Heggen.

« La technologie ne doit pas être une fin en soi, mais un moyen… »

 

Les défis cachés du Cloud

Si le cloud computing est souvent perçu comme une avancée majeure, ses implications écologiques sont parfois méconnues. Les data centers, répartis aux quatre coins du globe, nécessitent des quantités phénoménales d’énergie pour fonctionner 24/7, générant ainsi d’importantes émissions de CO2. De surcroît, la production de matériel informatique, essentielle pour ces centres, implique l’extraction de minerais dans des conditions souvent peu respectueuses de l’environnement.

« L’un des premiers enjeux, auquel on peut répondre par l’adoption du cloud, est de partager d’avantage les ressources afin de n’utiliser que ce qui est nécessaire, au moment où on en a besoin » commente Steve Heggen, Responsable Innovation au sein de Fujitsu Luxembourg. « Recourir au cloud est plus économe en énergie que de faire tourner une infrastructure, souvent surdimensionnée, sur site. Cependant, il est important d’aller chercher des gains d’efficience à travers une adoption optimale du cloud. Répliquer son environnement informatique à l’identique dans le cloud n’est pas pertinent. Au cœur de la migration, repenser l’architecture de ses applicatifs en microservices permet, par exemple, une utilisation plus granulaire des ressources lorsque l’on en a effectivement besoin. Cela répond à des enjeux économiques – on ne consomme la ressource que pour ce dont on a effectivement besoin – et environnementaux. Les deux vont d’ailleurs souvent de pair. »

Faire preuve de sobriété

Limiter les besoins en ressources informatiques, notamment enhardware, peut s’envisager aussi en faisant preuve d’une plus grande sobriété en matière de stockage des données.

« Depuis des années, le coût du stockage de la donnée n’a cessé de diminuer, permettant aux entreprises de stocker des quantités importantes d’informations voire même de les dupliquer » explique Cédric Jadoul. « Or, le stockage croissant des données ou encore la multiplication des documents envoyés et conservés sur des serveurs mail a des impacts environnementaux non négligeables. Engager des réflexions sur une gestion plus responsable de la donnée, pour déterminer ce dont on a effectivement besoin, ce que l’on garde et combien de temps, dans l’optique de limiter les besoins en ressources est un enjeu essentiel. Une meilleure maîtrise de son environnement de données présente l’avantage de réduire les risques qui y sont associés. »

La mise en place de processus automatisés, facilitant la gestion des données et contribuant à un stockage plus dynamique, permet d’optimiser le besoin en ressources. Sensibiliser les utilisateurs à adopter de bonnes pratiques, comme le fait de ne pas démultiplier les versions d’un même document, d’éviter de recourir au mail quand cela ne s’avère pas nécessaire, est tout aussi important.

Redéfinition et qualité des pratiques technologiques

La technologie, avec toutes ses potentialités, doit être utilisée en ayant à l’esprit les enjeux environnementaux et sociétaux actuels. Un équilibre doit être trouvé entre progrès numérique et durabilité. C’est à cette condition que la technologie pourra véritablement être au service de l’humanité et de la planète.

Si l’on parle d’automatisation et plus généralement de développement, en la matière aussi, il y a des leviers à activer pour plus de sobriété. « Dans tout projet de transformation numérique visant à automatiser certaines tâches, il y a lieu de partir d’une mise à plat des processus, pour voir où la technologie sera génératrice de valeur ou permet de réduire la consommation inutile de ressources » commente Steve Heggen. « La qualité du code, lorsque l’on parle de développement, est aussi importante pour arriver à une utilisation optimale des ressources. Si l’on parle beaucoup des possibilités offertes par les Grands Modèles de Langage (LLM) dans le domaine de l’IA, il faut aussi prendre conscience de leur impact environnemental, lié au traitement continu de quantités astronomiques de données. Cette prise de conscience doit nous amener à réfléchir sur les usages. »

À la faveur d’un usage responsable du numérique, chacun à un rôle à jouer. « Il est important de développer des approches intégrant l’ensemble de ces enjeux, et d’envisager comment la technologie peut être mise au service des enjeux sociétaux et environnementaux, commente Cédric Jadoul. « Fujitsu est engagé dans cette voie à travers notamment son entité Uvance, qui développe une expertise au service d’une transition durable sur divers sujets verticaux que sont la santé, l’industrie, la sécurité et la confiance… »

Le Country Leader, soucieux de cette réalité, conclut : «La technologie ne doit pas être une fin en soi, mais un moyen. Chez Fujitsu, nous nous attachons à proposer des solutions qui intègrent ces préoccupations écologiques. La digitalisation responsable est au cœur de nos démarches. Plus que jamais, il faut faire de la technologie un moyen de répondre aux enjeux qui nous concernent tous.»