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La Blockchain, vecteur de confiance et d’opportunités

Entretien avec Frederik De Breuck - Chef du département blockchain de Fujitsu qui nous en dévoile les secrets.

June 30, 2022

Les cryptomonnaies ont contribué à populariser le concept de la blockchain auprès du grand public. Cependant, encore aujourd’hui, nous percevons mal toutes les possibilités offertes par cette technologie tant les cas d’usages sont vastes. À l’origine d’une révolution profonde à venir, aussi bien d’un point de vue technologique que des business models, la blockchain induira d’importants bouleversements dont nous saisissons encore assez mal toute l’étendue, tant ses impacts sont larges et variés sur de très nombreuses industries, et notamment la sphère financière luxembourgeoise.

Traditionnellement, d’innombrables transactions prenant place dans différents contextes étaient scellées à partir d’un simple échange verbal. Cela était évidemment possible à condition que les parties en présence se fassent mutuellement confiance, qu’elles s’entendent autour d’un signal d’intention, de confirmation ou d’accord, explicite ou implicite.

 

L’enjeu de la confiance

Dans un monde de plus en plus complexe, cette confiance n’est pas toujours garantie. Les parties en présence, souvent, ne se connaissent pas ou peu. Ce qui pouvait avoir valeur d’accord par le passé ne fonctionne plus. « Dans beaucoup de domaines, un formalisme contractuel ainsi que des intermédiaires certifiant des échanges sont apparus afin de garantir sécurité et authenticité dans l’enregistrement de transactions et/ou de données en général, explique Frederik De Breuck, chef du département

blockchain de Fujitsu. Ces intermédiaires portent, en échange d’une compensation financière, la responsabilité et les risques qui incombent à un tel rôle. Ces tiers deviennent des vecteurs de confiance entre acteurs, veillant à garantir et à maintenir la sécurité des échanges. Ces tiers sont par exemple les notaires, les banques et institutions financières, les administrateurs de bases de données ou encore diverses entités publiques. »

Recourir à des acteurs tiers pour sécuriser les transactions et garantir la confiance entre une multitude de parties est essentiel mais présente tout de même certains inconvénients. « La principale contrainte réside certainement dans les coûts et frais supplémentaires engendrés par l’activité de ces acteurs, précise Frederik De Breuck. A cela s’ajoutent des conditions d’utilisation parfois contraignantes ou encore des risques divers comme ceux liés à la sécurité informatique de ces institutions. En centralisant l’information auprès d’un nombre limité d’acteurs, nous assistons dans certains cas à une baisse de confiance des utilisateurs finaux, ce qui est pourtant contraire aux objectifs initiaux. »

 

Se passer des intermédiaires

Considérant ces inconvénients, révélés notamment à l’occasion de la crise financière de 2008, qui a ébranlé la confiance des citoyens à l’égard des banques et des institutions financières, le Bitcoin est apparu. Nous en attribuons l’origine à Satoshi Nakamoto. « L’idée étant qu’un registre distribué, transparent, dont la gestion ne dépendrait plus d’intermédiaires, serait plus à même d’assurer la confiance des parties prenantes, en réponse au système financier traditionnel considéré comme trop opaque et sujet à risque », évoque Frederik De Breuck.

Quatorze ans après, en 2022, le Bitcoin est maintenant connu de tous en tant que première cryptomonnaie mondiale, et la plus importante en termes de capitalisation. Pour autant, l’engouement autour du Bitcoin a éclipsé ce que la technologie sous-jacente au Bitcoin, la blockchain, peut offrir. « La véritable révolution apportée par le Bitcoin ne réside pas dans le caractère spéculatif de l’actif numérique, mais plutôt dans la technologie sur laquelle le Bitcoin se base, explique Frederik De Breuck. En effet, pour la première fois est née une nouvelle architecture informatique permettant le traitement et l’enregistrement de transactions de valeurs sans qu’aucun intermédiaire ne soit nécessaire entre les parties afin de garantir la sécurité des échanges. »

 

De nombreuses opportunités

En bientôt quinze ans, la technologie a beaucoup évolué et gagné en maturité. De nombreuses fonctionnalités sont apparues en plus de la simple sécurisation et transparence des échanges, venant démultiplier les possibilités que la technologie blockchain a à offrir.

Par exemple, le recours à la technologie blockchain permet désormais de :

  • Créer des bases de données partagées et inviolables entre différentes parties prenantes, permettant une meilleure transparence dans des relations commerciales.
  • Enregistrer et automatiser l’exécution de contrats à travers des ‘contrats intelligents’.
  • Créer de nouveaux instruments à travers la finance décentralisée (DeFi), offrant de nouvelles possibilités dans l’industrie financière.
  • ‘Tokeniser’ des actifs du monde physique afin de faciliter leur échange dans le monde numérique.
  • Créer ‘l’unicité numérique’ grâce aux NFTs.

 

Bien négocier ce virage

« Bien évidemment, les entreprises qui négocieront le mieux ce virage seront celles qui tireront des bénéfices qu’apportent une telle technologie, commente Frederik De Breuck. En améliorant la vitesse, la sécurité et la flexibilité avec lesquelles les entreprises transfèrent, stockent et gèrent des actifs virtuels, les entreprises d’un large éventail de secteurs, aussi bien dans l’industrie que dans les services, peuvent non seulement améliorer considérablement l’efficacité de leurs processus existants mais également créer de nouveaux business models. »

De manière très concrète, la blockchain permet dès aujourd’hui à des entreprises d’améliorer leurs procédés. Par exemple, en enregistrant l’instant exact d’un transfert de propriété, en validant dans plusieurs systèmes informatiques différents une confirmation d’expédition d’un même bien ou encore en garantissant l’inviolabilité d’une procédure d’audit ou d’un contrôle qualité.

« Composés de multiples parties prenantes, de variables changeantes et d’une multitude de processus et de systèmes, les écosystèmes d’affaires actuels sont rarement harmonisés, poursuit Frederik De Breuck. La blockchain vient solutionner cela, ce qui présente un intérêt significatif pour les entreprises. »

 

Le Luxembourg s’empare de la blockchain

Au Luxembourg, c’est tout naturellement que le secteur financier, incluant aussi bien les acteurs publics que privés, s’est emparé de cette technologie, et ce depuis ses balbutiements. À titre d’exemple la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF), le régulateur financier luxembourgeois, a été la première autorité financière en Europe à se positionner en faveur de la réglementation des plateformes d’échange de monnaies numériques, et ce depuis 2014.

« Au-delà des cryptomonnaies, la blockchain offre bon nombre de possibilités au secteur bancaire, ajoute Frederik De Breuck. Les contrats intelligents, notamment, peuvent soutenir de nombreux processus administratifs. Ils permettent par exemple d’automatiser et de traiter plus efficacement des formalités comptables et procédures d’audits, d’accélérer les vérifications préalables à l’octroi de prêts, d’améliorer les processus de réconciliation des données ou encore de simplifier les procédures de clôture comptable. »

 

Simplification et automatisation avancées

En parallèle de la simplification et de l’automatisation de formalités, la blockchain, en combinaison avec des outils d’Analytics, se révèle être particulièrement pertinente pour mesurer en temps réel et de manière très précise les performances d’une institution financière sans que cela nécessite des ressources humaines supplémentaires.

Depuis 2014, Le Luxembourg s’est positionné comme pionnier dans le domaine en adoptant très tôt la technologie blockchain. C’est pourquoi il existe aujourd’hui au Luxembourg un écosystème de start-up blockchain particulièrement mature, des acteurs de la finance traditionnelle favorables à cette transformation, des législateurs et régulateurs proactifs, des organisations professionnelles soutenant l’adoption de la blockchain (cf. Infrachain ou encore la LHoFT) ainsi que des partenaires technologiques experts en la matière. Pour ces raisons, le Luxembourg a pu se positionner comme l’un des pays les plus innovants en la matière.

 

Soutenir la création de nouvelles solutions

« Fujitsu s’inscrit dans ce mouvement et a pu très tôt, à l’image du Luxembourg, investir dans cette technologie et construire une expertise solide en la matière, explique Frederik De Breuck. Plus que des solutions clés en main, Fujitsu se focalise sur la co-création. Notre volonté est de combiner l’expertise blockchain de Fujitsu avec le savoir- faire métier de différents acteurs luxembourgeois afin d’apporter des solutions technologiques les plus à même de répondre à des problématiques business spécifiques. »

 

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