TRANSFORMATION & ORGANISATION
Tendances Technologiques : l’analyse d’Olivier Ramlot, CIO of the Year 2024
Olivier Ramlot, CIO de la BIL et lauréat du prix CIO of the Year 2024, revient sur l’année écoulée. Il partage son analyse des tendances IT et Tech au Luxembourg, mettant en lumière l’essor de l’IA, les défis réglementaires et l’évolution du rôle du CIO dans un environnement en constante mutation.
March 13, 2025

Quels ont été, selon vous, les faits marquants et les grandes tendances technologiques de l’année écoulée ?
Tout le monde en parle, et ce, à juste titre. L’intelligence artificielle (IA) a effectué des avancées prodigieuses en 2024, et la technologie générative se distingue particulièrement du lot. Des modèles d’IA capables de concevoir du contenu, de rédiger du code ou encore d’engendrer des images révolutionnent un grand nombre de secteurs, et ce n’est que le début.
Je retiens également les technologies liées à la cybersécurité. Avec l’augmentation du nombre de cyberattaques, notamment les ransomwares, la cybersécurité demeure une priorité absolue pour les entreprises. L’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique ont été largement utilisés pour améliorer la détection et la prévention des menaces. De plus, des architectures Zéro Trust ont été mises en œuvre pour renforcer la sécurité des réseaux d’entreprise en supposant que tous les utilisateurs et appareils sont potentiellement hostiles jusqu’à ce qu’ils soient vérifiés et authentifiés.
En 2024, le Green IT a connu des avancées significatives, permettant aux entreprises et aux organisations de réduire leur empreinte environnementale tout en améliorant leur efficacité opérationnelle (data center économe en énergie, cloud computing, virtualisation, la gestion des déchets électroniques et l’utilisation de logiciels et applications verts). L’intelligence artificielle joue aussi un rôle clé en aidant à optimiser la consommation d’énergie, à prévenir les pannes matérielles et à améliorer l’allocation des ressources.
Votre secteur a connu de profondes évolutions ces derniers mois. Quelles transformations majeures observez-vous et comment votre entreprise y fait-elle face ?
Une économie mondiale en ralentissement, associée à un paysage économique divergent, devrait mettre à l’épreuve l’industrie bancaire en 2025. L’IT doit soutenir les efforts pour générer des revenus et maitriser les coûts. En réponse, nous nous efforçons d’optimiser notre parc informatique en privilégiant un nombre réduit de technologies, plus souples et adaptables, afin de pouvoir réagir promptement et efficacement aux besoins encore inconnus.
L’environnement réglementaire est aussi très chargé, avec l’entrée en vigueur pour 2025 de DORA (Digital Operational Resilience Act), le règlement sur les paiements instantanés, Bâle IV, le règlement FiDA (Financial Data Access), AI Act… Pour la BIL, il est impératif d’identifier et d’exploiter les technologies de pointe afin d’automatiser les processus de conformité. Cette démarche permet non seulement de réduire considérablement les dépenses, mais aussi de minimiser les erreurs humaines inhérentes à ces processus.
Le rôle de CIO ne cesse d’évoluer. Quelles nouvelles responsabilités et compétences vous semblent essentielles aujourd’hui ?
Les seules compétences techniques ne suffisent pas. Le CIO doit revêtir son rôle de facilitateur. Il doit incarner la vision technologique de l’entreprise et être le garant de la réalisation des objectifs stratégiques. Il doit aussi fournir les outils nécessaires pour permettre à chaque collaborateur d’accomplir ses tâches de manière plus efficace et fluide.
Le CIO joue aussi un rôle essentiel dans la facilitation du développement commercial. En favorisant l’intégration des technologies de pointe, il contribue à l’enrichissement des interactions entre la banque et sa clientèle, tout en simplifiant l’accès aux multiples produits et services bancaires offerts. En parallèle de ce rôle de facilitateur, le CIO se doit d’être un manager inspiré. Il est crucial de donner une direction claire, de mobiliser les troupes, d’expliquer comment chaque contribution individuelle s’inscrit dans le projet d’entreprise, et d’être attentif aux besoins des utilisateurs.
Quel conseil donneriez-vous aux futurs CIO qui souhaitent non seulement exceller dans leur fonction, mais aussi laisser une empreinte durable dans leur industrie
N’ayez pas peur de l’inconnu. Le rythme très rapide des changements technologiques implique que les CIO ou futurs CIO seront bientôt confrontés à des territoires inconnus. Ainsi, la capacité à s’adapter sera cruciale.
Toujours en lien avec la rapidité des changements technologiques et des innovations disruptives, les futurs CIO doivent garder la tête froide. Toutes les nouvelles technologies ne sont pas adaptées à toutes les entreprises. S’il faut savoir s’adapter pour répondre aux besoins des métiers, il faut aussi garder suffisamment de recul pour ne pas se laisser emporter par la ferveur entourant une nouvelle technologie qui n’aurait pas encore fait ses preuves.
Finalement, je soulignerais l’importance primordiale du capital humain. Les nouvelles technologies ouvrent la voie à des cas d’utilisation actuels et futurs jusqu’alors inexplorés, mais il est essentiel de disposer des compétences nécessaires pour les concrétiser.