Nicolas Buck, Président de la Fedil

Le besoin d’un écosystème renforcé, à l’échelle européenne, pour faire face à la cyber-menace était au cœur du PwC Cybersecurity Day, le 19 octobre dernier. Dans ce domaine, le Luxembourg pourrait se positionner en fer de lance pour toujours mieux sécuriser les ressources numériques. – Par Sébastien Lambotte

PwC Luxembourg avait inscrit la deuxième édition de son Cybersecurity Day au centre de la semaine luxembourgeoise consacrée à la cybersécurité. Partant du constat que les cyber-attaques (WannaCry, NotPetya…) présentaient une menace grandissante au cœur d’une société de plus en digitale, les orateurs invités par le cabinet ont évoqué les enjeux d’un renforcement global de la sécurité pour y faire face.

Un risque grandissant

Les risques sont économiques mais aussi démocratiques. Sociétés commerciales comme gouvernements en ont aujourd’hui de plus en plus conscience. L’enjeu est dès lors d’organiser la réponse pour parer aux cybercriminels. « 86% des Européens sont aujourd’hui persuadés qu’il y a un haut risque qu’ils soient victimes d’une cyber-attaque, commentait Philippe Vannier, Chairman de l’European Cyber Security Organisation (ECSO). Si la technologie contribue significativement à l’augmentation de la qualité de vie, avec notamment l’intégration dans nos vies d’un nombre grandissant d’objets connectés, elle nous expose aussi à de nouvelles menaces : les possibilités offertes aux cybercriminels d’extorquer de l’argent, de perturber nos processus, de subtiliser de la donnée en sont en effet décuplées. »

Vers des réponses mieux coordonnées

ECSO, fruit d’un partenariat public-privé, a donc vu le jour dans le cadre de la stratégie de cyber-sécurité dont s’est dotée l’Union européenne, avec pour objectif de renforcer le système de résilience de l’UE et de supporter la compétitivité et l’innovation des acteurs dans le domaine de la cyber-sécurité. « Il nous faut des réponses coordonnées, avec des mécaniques rodées et une meilleure coopération entre acteurs européens, poursuit Philippe Vannier. Il y a des certifications à mettre en place, des enjeux éducationnels, un besoin en développement de compétences. D’autre part, il faut améliorer la cyber-hygiène au niveau de chaque protagoniste, en sensibilisant le citoyen comme le business. »

Créer un écosystème dédié à la protection de la donnée

En effet, si l’Union européenne veut rester compétitive dans un marché global, il faut que ces acteurs soient mieux armés face à la menace. « Les sociétés ont besoins d’innover. Cela passe par une meilleure exploitation de la donnée. A ce titre, la cyber-sécurité ne doit plus être considérée comme un poste générateur de coûts, mais comme un enjeu de survie », a commenté Nicolas Buck, président de la Fedil, avant de se féliciter des investissements et des structures dont le Luxembourg s’est doté pour mieux contrer à la menace. « Il y a une réelle opportunité à créer, un écosystème solide autour des questions de cyber-sécurité, avec le gouvernement, en permettant aux sociétés luxembourgeoises de mieux se positionner et protéger leurs ressources numériques. »

La président de la Fedil n’a pas hésité à préconiser le développement d’un écosystème dédié, se calquant sur celui de l’industrie des fonds, avec des exigences réglementaires, des rôles définis, pour garantir la protection de la donnée. « On peut se demander, aujourd’hui, si GDPR n’est pas l’équivalent de la directive UCITS, directive à partir de laquelle le Luxembourg est parvenu à se positionner comme acteur majeur de l’industrie des fonds », a notamment interrogé Nicolas Buck. Si le Luxembourg souhaite réitérer ce coup de maître, l’ensemble des acteurs de son économie, autorités et sociétés privées, doit dès à présent travailler ensemble, pour établir de nouvelles règles, de nouveaux rôles, et espérer profiter de l’essor d’une nouvelle filière industrielle.