DIGITAL BUSINESS
FinTech et institutions financières : le fossé inavouable
Le phénomène FinTech mérite mieux que la vision simpliste à laquelle il est souvent réduit avec d’un côté, des acteurs techniques qui parlent de Bitcoin et de l’autre des institutions financières coincées à l’ère du tableur Excel. C’est certes un peu réducteur ! Mais considérant ce fossé inavouable qui existe entre les deux, il est essentiel de s’interroger sur l’importance et certainement l’urgence de transformer le secteur. Comment ? En ciblant d’abord ce qui peut être amélioré avec l’innovation digitale comme support.
March 29, 2016
Le phénomène FinTech mérite mieux que la vision simpliste à laquelle il est souvent réduit avec d’un côté, des acteurs techniques qui parlent de Bitcoin et de l’autre des institutions financières coincées à l’ère du tableur Excel. C’est certes un peu réducteur ! Mais considérant ce fossé inavouable qui existe entre les deux, il est essentiel de s’interroger sur l’importance et certainement l’urgence de transformer le secteur. Comment ? En ciblant d’abord ce qui peut être amélioré avec l’innovation digitale comme support.
By Sébastien Lambotte for ITnation Mag December 2015
Lors d’une conférence récente sur la thématique FinTech, j’ai pu me rendre compte du décalage entre les ambitions d’acteurs FinTech, dont les discours tournaient en grande partie autour du Bitcoin et les attentes basiques des institutions financières vis-à-vis des partenaires technologiques susceptibles de les soutenir dans leur transformation. Une représentante d’une des plus grandes banques au monde, témoignait de l’usage intensif du tableur Microsoft-Excel, au sein de son institution, loin des considérations technologiques du moment. À croire que les uns et les autres ne partagent pas la même réalité du terrain.
L’impact des technologies digitales sur le quotidien prouve chaque jour qu’il est essentiel de supporter l’innovation, de suivre les évolutions digitales et, si possible, d’en être les initiateurs. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que, derrière le concept de FinTech, on ne peut ignorer la réalité des métiers de la finance à proprement parler. Une des ambitions portée par la stratégie de développement du secteur FinTech vise à mieux supporter la transformation inéluctable du secteur financier, grâce à l’application pratique de solutions digitales dans le quotidien de ce secteur.
Et l’on constate, à l’écoute de quelques témoignages, qu’avant d’envisager une révolution basée sur des technologies en devenir, il y a déjà fort à faire pour repenser l’organisation de l’intérieur, à l’échelle de sa chaine de valeur, enfin de son écosystème.
Premier enjeu : protéger les revenus de la banque
Il est utile de rappeler que bien entendu, le Bitcoin et la technologie blockchain qui la sous-tend, sont porteurs d’indéniables avantages, mais qu’ils constituent aussi une menace pour la banque. L’ensemble de ces technologies, de façon plus ou moins im- portante, pourrait, tout simplement, mettre en danger 30 à 60% des revenus du secteur bancaire dans sa réalité d‘aujourd’hui. Les banques l’ont bien compris et à défaut d’intégrer ces innovations, en font l’acquisition au travers de filiales dédiées.
Dès lors, comment gérer ce paradoxe dans une économie qui dépend du secteur financier et alors même que la quasi-totalité des acteurs technologiques de la place ont pour principaux clients ces mêmes institutions financières ?
Selon moi, les acteurs FinTech ne peuvent se contenter d’appréhender les enjeux à travers la seule technologie et en quelque sorte forcer la main aux acteurs de la finance, qui sont eux focalisés sur leurs métiers. Considérant les processus en place, ceux qui sous-tendent leur existence, le potentiel d’optimisation et donc le besoin en technologies, est considérable. Il est essentiel que les FinTech, pour contribuer à la transformation de la finance, soient en capacité de mieux appréhender les métiers, les processus, les défis et problématiques auxquels le secteur fait face. L’optimisation des processus en place va générer de nouvelles capacités d’investissement qui, par ricochet, permettront la mise en œuvre d’innovations technologiques.
Deuxième enjeu : intégrer la technologie pour en faire une source de performance pour le secteur financier
Si la finance, à l’ère digitale, est contrainte de se transformer, les FinTech qui sont au service de la finance doivent aussi s’adapter pour l’accompagner. De prestataires de services IT et de veille technologique, ils doivent devenir des accompagnateurs de la transformation bancaire. Il leur appartient de mettre en œuvre des solutions métiers, pour mieux aider leurs clients à évoluer. Aujourd’hui, certaines opérations, répétées inlassablement dans toutes les banques, pourraient être simplifiées, automatisées et mutualisées. Dans ce contexte, notre rôle, en tant que «Facilitateur FinTech », est de soutenir le secteur, de lui permettre de gagner en performance par un usage adapté de la technologie. Aujourd’hui, plus que de révolutionner la finance, un grand effort doit être entrepris pour améliorer, automatiser et mutualiser les processus existants. Il y a là un levier conséquent de rationalisation et de réduction des coûts qui devrait permettre à la banque de profiter de meilleures marges et de retrouver de nouvelles capacités d’investissement.
Troisième enjeu : aider les acteurs de l’intérieur par une approche métier
EBRC, en tant qu’intégrateur de technologies, entend placer les opportunités du digital au service des enjeux de la banque. Nous avons la volonté de les aider à se transformer de l’intérieur et, pour cela, nous ne ménageons pas nos efforts pour nous adapter, comprendre leurs besoins et problématiques. Et ce dans tous les domaines, qu’il s’agisse d’envoyer des extraits et de les archiver, ou de faciliter les flux et processus de paiement autour de solutions spécifiques comme SEPA ou Swift. Pouvoir répondre à ces besoins implique d’appréhender le métier des clients, d’être capable de leur parler de leur quotidien et des leviers d’optimisation possibles. EBRC sert de nombreux acteurs de la finance et nombre d’entre eux sont confrontés à des problématiques similaires ou déploient des processus identiques. Nous sommes en capacité de leur permettre de faire évoluer leur activité en apportant des réponses communes basées sur nos expériences accumulées sur le terrain. Nous voulons être un vecteur de mutualisation de la technologie mais aussi d’amélioration des processus métiers.
Quatrième enjeu : rester un moteur et facilitateur d’innovation
Le cœur de métier de beaucoup de FinTech n’est certes pas dans le développement direct des technologies. Par contre, en tant qu’intégrateurs, les occasions ne manquent pas pour proposer et appliquer la technologie dans des contextes particuliers. Chez EBRC par exemple, nous accueillons des start-up innovantes grâce à notre activité d’hébergement couplée à des services managés variés et pointus. L’attrait du pays et les capacités ICT de haut niveau dont nous disposons nous mettent dès lors dans une position idéale pour rester à la pointe de l’innovation. En parallèle, nous travaillons avec beaucoup d’institutions financières et sommes donc de fait en position de facilitateur entre les deux mondes.