TRANSFORMATION & ORGANISATION

Fidéliser : la priorité numéro 1 des RH

Dans un marché qui compte deux fois moins de candidats que d’offres d’emploi, les employeurs font tout leur possible pour conserver les collaborateurs en place. Pour y parvenir, il faut avant tout écouter les besoins de chacun et faire preuve de flexibilité.

November 26, 2021

Depuis de nombreuses années déjà, le recrutement, particulièrement dans certains secteurs, est une tâche pour le moins ardue au Luxembourg. La raison en est simple : la demande est trop importante par rapport au nombre de candidats disponibles sur le marché. Ceux-ci, dès lors, se retrouvent dans une position confortable pour négocier leur package salarial, mais aussi leur rythme de travail. Si la situation a connu une certaine accalmie au coeur de la crise du Covid, le contexte de reprise dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui fait, à nouveau, grimper la demande en candidats…

L’un des effets collatéraux de ce phénomène est la volonté, dans chaque entreprise, de conserver aussi longtemps que possible les collaborateurs en place et qui donnent entière satisfaction. Cette démarche, appelée la fidélisation, s’est même muée en première priorité au sein des départements RH. « Il s’agit en effet du nerf de la guerre : il est tellement difficile de trouver le bon candidat qu’il est impératif de conserver les équipes en place, analyse Laurent Chapelle, CEO de RH Expert, une société qui offre un support aux entreprises pour toutes ses dimensions RH. La fidélisation, c’est une histoire de lien social, d’humain. Si les gens aiment venir au bureau, c’est en bonne partie parce qu’ils apprécient d’y échanger avec leurs collègues. La crise du Covid, et la généralisation du télétravail, ont distendu ce lien. Beaucoup de personnes en ont profité pour quitter leur travail, car c’est plus facile à faire quand on a moins de contact avec son management et ses collègues. »

« Il est tellement d difficile de trouver le bon candidat qu’il est impératif de conserver les équipes en place »

TROUVER L’ÉQUILIBRE

Si fidéliser revient à favoriser les liens entre équipes et avec le management, ce n’est pas la panacée pour autant. Dans un monde post-Covid où de nombreuses habitudes ont changé, il est également particulièrement important, pour un manager, d’écouter ses collaborateurs. « Aujourd’hui, les personnes avec lesquelles nous sommes amenés à travailler ont souvent des engagements forts, non seulement par rapport à leur travail mais aussi dans leur sphère privée, poursuit le CEO de RH Expert. Les RH doivent parvenir à trouver un consensus pour permettre aux collaborateurs de répondre à leurs défis professionnels et à leurs engagements privés. Tout ce qui peut permettre de mieux articuler vie privée et professionnelle doit donc être favorisé. »

Cela concerne évidemment les horaires de travail, mais pas seulement. L’agilité doit en réalité être totale, même au niveau de l’organisation de l’entreprise. « Dans une entreprise, chaque département a un travail différent, qui peut être organisé différemment, et se dérouler à son propre rythme. C’est aujourd’hui une grande tendance dans le monde du travail », ajoute Laurent Chapelle.

TÉLÉTRAVAIL ET FORMATION

Pour atteindre cette plus grande flexibilité, doit-on poursuivre sur la lancée des confinements et accorder une place plus importante au télétravail ? On le sait, la généralisation de cette pratique se heurte à des réalités fiscales qui obligent les travailleurs frontaliers à prester sur le territoire de leur employeur, ou à accepter de payer leurs impôts chez eux.

Mais assiste-t-on à une hausse des demandes de la part des résidents luxembourgeois ? « Ce n’est pas mon impression, mais il faut noter que le nombre de frontaliers embauchés est en hausse, et que ceux-ci n’ont qu’un accès limité au télétravail, indique Laurent Chapelle. A mon sens, le télétravail est intéressant non seulement pour permettre au travailleur de mieux combiner travail et vie de famille, mais aussi pour régler des problèmes structurels, comme ceux que nous connaissons en matière de mobilité, par exemple. Il faut simplement savoir où placer le curseur, car maintenir le lien est tout aussi indispensable. »

Au-delà de cet aspect, on pourrait penser que l’appât du gain est un autre levier que peuvent actionner les gestionnaires RH afin de conserver leurs collaborateurs. Pourtant, il semble que cela ne soit plus la plus appétissante des carottes aux yeux des travailleurs. Si les salaires ont eu tendance à augmenter, de façon parfois spectaculaire dans certains secteurs, on accorde aujourd’hui beaucoup plus d’importance à la formation, par exemple. « Le monde du travail a beaucoup évolué et, dans certaines structures, on change aujourd’hui de fonction tous les six ou douze mois. Dans ce contexte, il est indispensable d’évoluer régulièrement en compétences, de s’adapter avec son environnement. L’entreprise qui permettra à son employé d’évoluer, plutôt que de stagner, aura donc toujours plus de chance de conserver ses équipes. » Pour le CEO de RH Expert, l’accélération des changements à l’oeuvre au sein de nos sociétés déplace également l’attention des recruteurs du savoir-faire au savoir-être. « Pour toute organisation, il est aujourd’hui capital de recruter et de fidéliser des collaborateurs qui ont la capacité de s’adapter rapidement à un monde en mouvement perpétuel… »

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