La conférence EthCC (Ethereum Community Conference), dont la deuxième édition regroupe pendant 3 jours les experts mondiaux de la blockchain Ethereum, a eu lieu du 5 ou 7 mars dernier au Conservatoire des Arts et Métiers à Paris. Retour sur les faits marquants.

De la vulgarisation aux cas concrets

L’enjeu de nombreuses conférences qui traitent de blockchain est de vulgariser la technologie pour expliquer, aux participants non-initiés, les principes de base de la technologie. EthCC n’entre pas dans cette catégorie. Cette conférence regroupe en effet les développeurs qui travaillent sur la définition des protocoles et sur les couches de base d’Ethereum, « nous nous focalisons sur les innovations et sur la vision qu’ont les concepteurs d’Ethereum d’un écosystème décentralisé où chacun est connecté à la blockchain en gardant la main sur la gestion de ses avoirs » déclare Jérôme De Tychey, Président de l’association Asseth qui organise EthCC. La conférence ne regroupe pas moins de 1300 participants et plus de 250 orateurs internationaux parmi lesquels Vlad Zamfir ou Fabian Vogelsteller, figures emblématiques de la communauté Ethereum.

Cette édition se focalise sur des retours d’expérience et des cas d’utilisation concrets. L’un des thèmes centraux est notamment la finance décentralisée. Les présentations montrent comment l’utilisation de la blockchain publique est aujourd’hui possible pour supporter des flux financiers réglementés, grâce à l’utilisation de Smart Contracts dédiés, et quels sont les avantages en terme d’inclusion financière et de liquidités. Plusieurs cas d’utilisation dans le secteur du Gaming sont également mis en avant.

Le Luxembourg bien représenté

Les présentations des acteurs luxembourgeois se sont focalisées sur les moyens d’assurer la compliance pour des services financiers qui utilisent la blockchain publique. Dans son talk « How On-Chain Identity management could help mass adoption of security tokens » Luc Falempin, CEO de Tokeny, une startup luxembourgeoise qui développe une plate-forme d’émission de titres financiers sur blockchain, explique comment il est possible de gérer sur la blockchain l’identité des investisseurs et de renforcer ainsi la compliance tout en simplifiant l’expérience utilisateur. Fabrice Croiseaux, CEO de InTech, décrit les développements que sa société a effectué pour pouvoir lier des identités régaliennes à des adresses blockchain. Luxtrust, les documents d’identité estoniens, la plate-forme France Connect sont déjà supportés. Les identités notifiées EIDAS suivront dans un futur proche. Antoine Detante, architecte blockchain et Thomas Brillard, développeur blockchain, tous deux également chez InTech, démontrent comment il est aujourd’hui possible d’assurer la confidentialité de certaines transactions et données sur la blockchain Ethereum publique au travers d’une séance de live coding impressionnante.

Vers la maturité avec Ethereum 2.0

L’autre thème central est Ethereum 2.0. La route vers la nouvelle génération de la blockchain Ethereum a été inaugurée avec le Fork Constantinople début mars 2019. « Cette mise à jour, la première déployée depuis fin 2017, était surtout très attendue par les développeurs d’application décentralisée, de Smart‐Contracts et de solutions de second niveau développées sur Ethereum car elle contient de nombreuses nouvelles fonctions utiles. Elle devrait être suivie d’une autre mise à jour dans le courant de l’année 2019, appelée pour l’instant Ethereum 1x. Cette mise à jour devrait contenir des nouveautés visant à améliorer la capacité de traitement du réseau et à assurer la pérennité d’Ethereum jusqu’au déploiement complet d’Ethereum 2.0 « qui n’est pas prévu avant la fin de l’année 2021 » déclare Simon Polrot, membre de l’association Asseth. De nombreuses présentations détaillent ainsi le fonctionnement de Ethereum 2.0 et notamment des moyens utilisés pour obtenir des capacités de traitements transactionnels qui dépassent les performances du système financier actuel.

L’expérience utilisateur, l’enjeu principal pour une adoption massive.

Même si elle évolue rapidement, la blockchain est encore très loin d’être utilisée par une majorité des internautes. En effet, créer un compte sur Ethereum et utiliser une DApp restent fastidieux. Des solutions comme celle de la société Argent Lab qui développe une nouvelle génération de wallet Ethereum, d’une part simplifient l’expérience utilisateur en cachant la complexité de la technologie blockchain, et d’autre part augmentent la sécurité en permettant aux détenteurs d’adresses d’utiliser des « gardiens », une nouvelle génération de tiers de confiance, qui permet par exemple de retrouver l’accès à ses ressources en cas de perte de son mobile, ou d’en limiter l’accès en fonction de règles prédéterminées.

L’édition 2019 de EthCC a montré aux participants qu’au-delà de l’image sulfureuse de cette technologie qui est liée à la volatilité du cours des crypto-monnaies, Ethereum est aujourd’hui une véritable plate-forme d’exécution et a vocation à supporter des cas d’utilisation de plus en plus nombreux, dans tous les secteurs d’activité.