Enfin de la lucidité sur le statut PSF de support !

8.679 personnes travaillent au sein d’un PSF de Support (PSF/S) […]

March 1, 2012

  • 8.679 personnes travaillent au sein d’un PSF de Support (PSF/S)

  • Progression de 7 entreprises accréditées PSF/S malgré le jet de l’éponge d’Oracle et d’Altran

  • Les PSF de support occupent 20% de l’emploi salarié du secteur financier

Les banques et les institutions du secteur financier commencent à comprendre que le statut PSF a une valeur justifiée pour tout ce qui concerne l’exploitation de la valeur même de la banque; à savoir son portefeuille de relations. Pour les sujets purement technologiques, le statut est souvent inutile, coûteux et lourd de procédures.

Les premières PSF de Support en font le constat et les premiers désistements ont eu lieu en 2011: Oracle et Altran ont ainsi renoncé au statut qui n’étaient finalement pas nécessaire au regard des activités des deux entreprises. Pour d’autres, PSF est toujours un indispensable et un gage de qualité dès que l’on se rapproche des données sensibles du secteur. C’est ainsi que Pragma Consult, proche des solutions de gestion de la clientèle pour le secteur de l’assurance e.a. va obtenir dans les jours à venir l’autorisation ministérielle ou que Solfia (SaaS et BPO en Wealth Management de BSB) l’a très justement convoité et obtenu à la trêve des confiseurs.

Des éléments que la Commission de Surveillance du Secteur Financier, la CSSF, vient de publier sa newslettre mensuelle qui clôture les chiffres récoltés au sujet de l’année 2012. Et à l’analyse éclairée de nos confrères de la presse luxembourgeoise, le secteur des PSF, en règle générale, reste dynamique, même si les résultats globaux ont plongé par le résultat d’un seul d’entre eux, comme l’a expliqué le Wort : le bras financier du cimentier mexicain Cemex.

A noter encore que la CSSF compte 415 agents, dont 208 hommes et 207 femmes au 7 février 2012, soit près de 50 de plus qu’il y a un an (367 agents au 8 février 2011).

Un cinquième de l’emploi total !

Quant à notre secteur ICT*, le nombre d’entités surveillées PSF dites de Support (PSF/S) a progressé de 7 unités sur un an, portant le nombre d’entreprises à 87 (au 10 février 2012). Ensemble, dans cette classe de PSF, ils affichent une somme des bilans de 910 millions d’Euros soit une baisse de 110 millions sur un an mais un résultat net provisoire en progression de 2,3 millions à 44,3 millions d’Euros. Ils sont 48 à avoir le statut d’opérateur de systèmes informatiques primaires (art. 29-3) et *65 celui opérateur de systèmes informatiques secondaires et de réseaux de communication du (art. 29-4). Par ailleurs, 43 entreprises ont le titre d’agent de communication à la clientèle (art. 29-1) et 19 celui d’agent administratif du secteur financier (art. 29-2).

psf bilan 2012

Autre constat: Les PSF de support occupent tout juste 20% de l’emploi salarié du secteur financier luxembourgeois, avec ses 8.679 personnes employées pour un total dans les établissements surveillés par la CSSF de 43.428 personnes (31 décembre 2011). C’est à peine trois fois moins que l’effectif dans les banques (26.695 personnes) et bien plus que les salariés dans les sociétés de gestion (2.516 personnes, dans les entreprises d’investissement (2.411 personnes) et dans les autres PSF spécialisés (3.127 personnes).

Neuf moins deux

Pour les PSF de support – un statut qui a été créé en 2003 -, l’heure de la maturité est arrivée. D’une part, pour tous, les positions sont plus claires quant à l’usage et la nécessité du statut pour oeuvrer en tant que prestataire accrédité au sein des banques. C’est le coeur du concept de Professionnel du Secteur Financier qui joue: soit le traitement des informations à caractère de la relation entre un professionnel de la banque ou de la finance et son client. D’autre part, les clients des PSF/S, soit les banques et autres institutions du secteur, sont devenues moins exigeantes par rapport à ce statut s’il ne nécessite pas une réelle obligation.

C’est ainsi qu’en 2011, Solfia (groupe BSB) a reçu la dernière autorisation ministérielle de l’année. Auparavant, Comarch, Global IT Services et Trasys avaient obtenu le sésame après l’été. Plus tôt dans l’année, C-Services, NextiraOne, ODDO Services et Opexia (Group NGR Consulting) étaient aussi entrés dans la cour des PSF de Support. À l’hiver 2010, c’étaient Isiwis et Oktopus Consulting qui avaient reçu l’agrément.

Plus d’autres

2012 démarre bien, puisque de nouveaux noms alimentent déjà le fichier des PSF/S. C’est le cas de Pragma Consult qui attend, d’un jour à l’autre, le courrier ministériel. Pour Arnaud Cossa, Directeur Associé de Pragma Consult, « la vraie valeur du statut, c’est d’obtenir un ‘ISO’ du secteur’. Lors du processus d’acrédation, tous les process internes de la société ont été mappés. Cet exercice nous garanti d’avoir une bonne gestion tant sur nos processus opérationnels, commerciaux, que sur le plan financier. Ainsi, nous avons été photographiés et seront identifiés au regard du statut. » Pour une société à taille humaine, le coût PSF reste néanmoins important, pas simplement qu’au regard de la capitalisation à 50k (rappelons-nous le million et demi exigé initialement pour les opérateurs primimaires !), mais aussi au niveau du pilotage annuel, avec les frais d’audit internes et externes, les reportings périodiques, et les coûts collatéraux comme la formation des ressources humaines à la rigueur PSF. Une enveloppe moyenne annuelle de 60k à 40k doit être provisionnée pour les trois lettres.

Oracle, pas de goutte PSF dans l’océan rouge

Mais 2011 aura été marquée également par des premiers retraits. En avril 2011, c’est Oracle Luxembourg qui a renoncé au statut PSF/S. Après l’acquisition de Sun, Oracle avait hérité de l’entité luxembourgeoise en tant que PSF; une position exotique que Pierre Henin, Country Manager luxembourgeois, n’a pas pu revendiquer dans un groupe de 110.000 employés dans le monde.

“C’est en connaissance de cause que nous avons renoncé au statut, dit Pierre Henin. Après l’acquisition, Oracle a repensé son portfolio de services et s’est désengagée de la partie des Managed Services que Sun pouvait avoir. Aujourd’hui, dans la partie de services d’Oracle, nous avons des missions sur la technologie, le tuning, l’architecture… Nous n’avons pas retrouvé dans ce contexte la nécessité de l’argument PSF. Mais nous comptons aujourd’hui sur un vaste écosystème de partenaires sur les plateformes d’Oracle qui sont PSF et qui continuent à soutenir opérationnellement nos clients. Je pense ici notamment à des prestataires dans le monde du BPM, etc.” Pour Pierre Henin, ancien président de l’Association des PSF de support, ce renon n’est pas à considérer comme un désaveu, mais comme une maturité sur les enjeux et défis de la place. “Nous ne remettons pas en cause la validité du statut; tout au contraire !”, précise-t-il.

Altran, PSF pendant un an

Au 31 décembre 2011, c’est Altran qui a émis sa renonciation volontaire à la CSSF, au bout seulement de 14 mois d’aventure PSF. Elle avait obtenu l’autorisation ministérielle le 27 octobre 2010 à des frais importants. “Les activités d’Altran ne nécessitent pas le statut PSF, doit se rendre à l’évidence Amaury de Vivies, Directeur d’Altran Luxembourg. Nous sommes actifs dans la gestion de projet et dans l’analyse métier et ne sommes pas concernés par la gestion opérationnelle des informations. Nous n’avons pas l’intention d’entrer sur ce marché et la CSSF nous le demandait de nous positionner sur cette activité. De façon négociée, nous avons préféré renoncer au statut.” En effet, la CSSF entame une reconsidération de sa liste et vise à avoir des PSF de corps et pas que d’esprit, dit-on de nombreuses voix.

De plus, les promesses d’un statut PSF qui s’exporte ne sont toujours pas rencontrées; force est de constater. “Il aurait mieux valu qu’on ne le fasse pas, regrette avec lucidité Amaury de Vivies. A l’époque, comme bon nombre d’entreprises, nous nous sommes précipité.” Cet enthousiasme du début a été principalement insufflé par les exigences infondées parfois, surestimées toujours, de la part des clients du secteur bancaire et financier. De 2003 à 2008-09, ils ont été légion à obliger ou recommander avec insistance l’adhésion des prestataires IT aux statuts de l’article 29-1 à 4. “Il y a deux ou trois ans, tout le monde dans le secteur bancaire le demandait; aujourd’hui ce n’est plus le cas!”  Même aujourd’hui semble-t-il d’après d’autres témoins, certaines banques de la place n’hésitent pas à réduire la liste de fournisseurs par un facteur 10, retenant de prime abord que les seuls prestataires agréés PSF/S. Une position largement incomprise auprès de certains fournisseurs, même PSF.

L’être ou ne pas l’être

Les questions se posent s’il s’agit d’y aller ou pas. Pourtant, la CSSF avait été claire notamment dès 2008, en précisant ce qu’il en retourne des opérateurs de systèmes informatiques primaires (OSIP du 29-3) et des opérateurs de systèmes informatiques secondaires et de réseaux de communication (OSIS du 29-4) dans sa circulaire CSSF 08/350. “La caractéristique commune aux statuts d’OSIP et d’OSIS est qu’ils prennent en charge le fonctionnement de systèmes informatiques, exprime la CSSF. Celui-ci comporte en dehors de l’opération de la plate-forme technique, la réception des données entrantes, leur traitement, leur stockage et la production des données sortantes relatives à l’activité ou au service du client reposant sur le système informatique en question.”

La maturité sur la compréhension de ce statut a grandi, estime Amaury de Vivies. PSF fait du sens si l’on poursuit un objectif précis. Il y a encore trop de PSF pour tous les goûts.” Pourtant, ce statut reste trop méconnu et promu à l’étranger. « Ce gage de sérieux du statut PSF a du mal à se faire connaître à l’étranger », admet Arnaud Cossa. PSF à la conquête de nouveaux marchés est-il un rêve illusoire ?

Une des solutions envisagées par certains acteurs, est d’obtenir des certifications suranationnales avec plus de visibilité, comme l’ISO 27001 en sécurité IT, ISO 20000 en IT management, PCI DSS dans les paiement, ou d’adopter des practices du type de la Norme Française Z 42-013 sur l’archivage (avec l’impatience de la constitution du statut de PSCD à Luxembourg) ou de l’ISO 31000 sur la gestion des risques…

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