TRANSFORMATION & ORGANISATION

Doubler la capacité du réseau

La réduction de notre dépendance aux énergies fossiles va donc nécessiter une intensification de l’électrification des usages. Cela se traduit au niveau Plan National Energie Climat, avec la croissance de l’électromobilité, le développement des énergies renouvelables et le développement de l’autoconsommation. Ces transformations vont exiger de faire évoluer le réseau électrique, d’adapter la manière avec laquelle nous gérons l’électricité à travers lui. 

January 23, 2024

Si l’on veut se faire une idée des transformations à opérer, il faut se pencher sur le Scenario Report publié par Creos. Ce document vise la prise en compte de l’évolution des besoins futurs pour mieux planifier les investissements à réaliser. « L’augmentation de la population et la diversification de l’économie, y compris la poursuite de la numérisation, entraîneront une hausse de la consommation d’électricité, détaille le rapport. Plusieurs projets de construction d’installations à forte intensité énergétique ayant des besoins élevés en électricité sont déjà prévus. »

Sollicitation accrue

Plus précisément, les utilisations finales de l’énergie sont de plus en plus électrifiées afin de favoriser l’efficacité énergétique et la décarbonisation en profondeur. Dans le secteur de la mobilité notamment, les modes de transport évoluent et sont de plus en plus électrifiés. L’expansion du tramway et des infrastructures ferroviaires nationales est planifiée. La part des véhicules électriques augmente et les infrastructures de recharge publiques et privées se développent en conséquence. Il est prévu que l’ensemble du parc de bus luxembourgeois ne produise plus d’émissions d’ici 2030. Les camions électriques à batterie joueront également un rôle majeur dans le processus de décarbonisation du transport routier de marchandises. Le PNEC prévoit un million de bornes de charge de véhicules électriques en 2025, 3,5 millions en 2030 et plus de onze millions en 2040. Au niveau du chauffage, un passage des combustibles fossiles à l’électricité devrait s’opérer avec, notamment, un recours massif aux pompes à chaleur. En outre, les industries viseront la décarbonisation de leurs besoins en chaleur industrielle en utilisant l’électricité.

Renforcer la capacité

En parallèle, le PNEC prévoit d’atteindre une puissance installée de 2.350 MW issus de sources renouvelables, essentiellement grâce à la production éolienne et photovoltaïque. La production électrique du pays va donc aussi fortement augmenter dans les années à venir.

Face à cette hausse attendue de la consommation et de la production, le gestionnaire va devoir augmenter la capacité du réseau électrique. La puissance maximale de notre réseau est aujourd’hui de 830 MW. L’objectif, pour la capacité du réseau haute tension, est d’atteindre 2.000 MW en 2040.  

L’importance du numérique

En parallèle, le gestionnaire investit dans le digital. Même si, aujourd’hui, la totalité du réseau électrique haute et moyenne tension de Creos est pilotée par voie informatique et que maintes interventions et manœuvres sont réalisées à distance, les réseaux de demain seront dotés d’une « réelle » intelligence permettant de surveiller les productions d’électricité décentralisées (p.ex. énergie provenant d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques), de piloter précisément les variations des injections dans les réseaux de distribution ou encore de maîtriser les pics de demandes ponctuels liés, par exemple, à la recharge des véhicules électriques. 

Mieux intégrer l’ensemble des solutions

Les compteurs intelligents constituent la première pierre à l’édifice des réseaux intelligents, également appelés « Smart Grids ». Il s’agit de travailler sur la flexibilité de ce réseau, en recourant, notamment, à l’intelligence artificielle, en procédant à des modélisations toujours plus poussées à travers des jumeaux numériques (le LIST investit considérablement dans ce domaine). L’écosystème énergétique se complexifiant, avec l’intégration de nouvelles solutions, il faut pouvoir opérer une gestion dynamique du réseau, de la consommation, du stockage et de la production. Les véhicules électriques, par exemple, devraient pouvoir aider à stocker l’énergie produite par le renouvelable en journée, lorsque la consommation est faible, pour la redistribuer à d’autres moments, lorsque les besoins sont plus intenses. 

Et l’hydrogène dans tout ça ? En marge de cette production électrique directe, le recours à l’hydrogène va se faire de manière intelligente et complémentaire. Que ce soit pour la mobilité, le chauffage ou encore la distribution d’énergie, l’électricité produite directement est de loin le système le plus efficient. L’hydrogène doit rester cantonné à des applications pour lesquelles il n’y a pas d’alternative, notamment au niveau de l’industrie.



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