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Connecter les réfugiés et les plus démunis à la société digitale
Fondée il y a un an, l’ASBL Digital Inclusion s’est donné pour ambition d’offrir aux réfugiés et aux résidents dans le besoin les moyens de se connecter.
May 5, 2017
Fondée il y a un an, l’ASBL Digital Inclusion s’est donné pour ambition d’offrir aux réfugiés et aux résidents dans le besoin les moyens de se connecter. Dans son atelier, les volontaires préparent des ordinateurs destinés à ses bénéficiaires à partir de matériel informatique récupéré. Elles développent aussi de nombreuses animations autour du digital, pour assurer une meilleure intégration de chacun au sein de notre société de plus en plus numérique. Digital Inclusion a été honoré du prix « coup de cœur » d’ITnation lors du dernier gala Golden-i.– Par Sébastien Lambotte
Début 2016, Patrick de la Hamette lance un appel sur Facebook pour récupérer de vieux ordinateurs, les réinstaller, et les mettre à la disposition de réfugiés arrivés au Luxembourg. « J’avais noué des liens d’amitié avec plusieurs d’entre eux et, avec des amis, nous souhaitions pouvoir leur venir en aide. Aujourd’hui, pouvoir disposer d’une connexion internet est devenu essentiel, pour garder le contact avec ses proches, effectuer des démarches, être connecté avec la société », explique l’ingénieur. Patrick de la Hamette, ingénieur de profession, et quelques amis se mettent donc au travail. La sociologue Isabelle Mousset rejoint l’équipe. Mais sans doute sous-estimaient-ils le besoin. « Rapidement, pour 3 ordinateurs donnés, nous recevions 5 à 10 nouvelles demandes. Face à l’ampleur de la demande, nous avons redoublé d’effort et avons décidé de créer Digital Inclusion ASBL. »
3 emplois créés
Après avoir introduit une demande auprès du programme Mateneen de l’Oeuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte, l’ASBL a obtenu, dès avril, un financement. « Aujourd’hui, L’Oeuvre nous permet de travailler tout au long de l’année. Nous avons pu créer trois emplois. Deux personnes sont employées en permanence (à 75%) au sein de l’asbl : un sociologue et un réfugié qui a obtenu une dérogation pour travailler. Le troisième poste est occupé par des volontaires qui se succèdent pour des périodes de six semaines à mi-temps. C’est un autre moyen, pour l’ASBL, de favoriser leur inclusion au sein de notre société », poursuit Patrick de la Hamette.
Autour de cette équipe, une cinquantaine de volontaires réfugiés au Luxembourg et autres bénévoles participent régulièrement à la réparation et à la réinstallation des ordinateurs récupérées en atelier, à raison d’une douzaine par semaine. La plupart sont des personnes qualifiées, qui disposent de connaissance digitale et qui ont dû fuir leur pays. « Ils ont les compétences, mais souvent ils n’ont pas le droit d’accès au marché du travail. Notre objectif est de leur permettre de mieux s’intégrer à notre société, en faisant valoir leurs compétences de cette manière, et en favorisant les rencontres entre les résidents et les nouveaux arrivants », poursuit le fondateur de l’asbl.
500 ordinateurs livrés
L’association prépare une vingtaine d’ordinateurs par semaine, uniquement sur base de matériel qui lui a été donné par des entreprises ou par des privés. « Notre action, au-delà de l’accès au numérique qu’elle permet et de l’inclusion sociale qu’elle favorise, comporte donc aussi une dimension environnementale. Nous donnons une seconde vie à ce matériel informatique. Depuis la création du projet, nous avons livré plus de 500 ordinateurs à des personnes réfugiées au Luxembourg ou à des résidents dans le besoin. Notre programme, avec le financement qui y est attaché, court jusqu’en 2018. D’ici là, nous pensons que nous aurons pu satisfaire la demande », espère Patrick de la Hamette.
Une aventure humaine riche
Le travail d’inclusion mené par l’ASBL ne se limite à la valorisation des compétences des réfugiés et à la fourniture de matériel informatique à ceux qui en ont besoin. Des formations dans le domaine du digital sont aussi proposées en collaborations avec certains partenaires, pour faciliter l’inclusion des bénéficiaires. Digital Inclusion travaille par exemple avec l’Adem dans ce contexte. « Plusieurs réfugiés ont pu accéder à la formation en programmation Java ‘Start & Code’ (startncode.lu), proposée par l’Adem en collaboration avec INCO. C’est une véritable chance. Dans un autre projet en partenariat avec Wide (women-digital.lu), Digital Inclusion développe des formations permettant à des femmes de mieux appréhender les matières digitales. Toute cette démarche, encore une fois, s’inscrit dans une volonté de faciliter l’inclusion de ces personnes au Luxembourg, poursuit Patrick de la Hamette. C’est une aventure humaine extrêmement riche, pour l’équipe, pour les bénéficiaires comme pour moi, qui reste bénévole. Jamais je n’aurais pu imaginer tisser de tels liens d’amitié il y a un an. »
https://www.facebook.com/DigitalInclusionAsbl/