DIGITAL SOLUTIONS

Le cloud, un accélérateur pour la transformation de la place financière 

Luc Maquil évoque les opportunités et les risques liés à l’introduction de la circulaire cloud de la CSSF.

June 27, 2017

Luc Maquil, managing partner chez BHS Services S.A

La circulaire cloud, récemment publiée par la CSSF, constitue une petite révolution en matière de gestion de l’IT pour les acteurs de la place financière luxembourgeoise.Luc Maquil, associé de BHS Services S.A., est spécialisé en gestion de projet cloud et infrastructure IT et conseille des acteurs financiers existants et des acteurs digitaux dans des questions d’infrastructure IT et de conformité réglementaire. Il évoque avec ITnation les opportunités et les risques liés à l’introduction de cette circulaire cloud de la CSSF.

 

En quoi l’établissement d’une circulaire cloud, par la CSSF, était-il nécessaire ?

Le principe de base du marché numérique commun est que la donnée doit pouvoir circuler librement. On connaît en outre les ambitions luxembourgeoises dans le domaine de la FinTech. Or, les acteurs de ce segment de l’économie (FinTech ou RegTech), pour la plupart, se créent et se déploient au départ d’infrastructures cloud computing. Les exigences de localisation des données au Luxembourg constituaient un frein important pour les acteurs qui envisageaient de se positionner au Grand-Duché. Cette circulaire, en clarifiant les choses, en permettant l’hébergement des ressources informatiques dans le cloud, facilite l’accès au Luxembourg à ces acteurs. Dans le cadre du Brexit, il en va de même. A Londres, comme dans d’autres pays européens d’ailleurs, recourir au cloud public et sans frontière, est autorisé. Difficile de faire comprendre à des institutions établies à Londres qu’ils doivent migrer leurs données au Luxembourg pour s’y installer.

 

Cette circulaire n’introduit-elle pas aussi de nouvelles possibilités pour les institutions financières déjà établies au Luxembourg ?

Si. Désormais, elles peuvent facilement accéder à de nouveaux outils et à des solutions innovantes, basées sur le cloud, qui n’étaient pas proposés par des acteurs PSF luxembourgeois. On pense en premier lieu à des solutions bureautiques ou de collaboration, comme des services mail ou Skype for Business, ou à des outils CRM, tels que Salesforce. Pour le hosting de leurs données, leur back-up, leur DRP, les institutions financières peuvent dès à présent accéder à une plus grande offre Infrastructure as a Service. Des solutions de sécurité cloud based, comme Cloudfare ou Incapsula, doivent leur permettre de mieux se protéger. Enfin, de très nombreuses solutions FinTech, sont distribuées en mode Software as a Service, depuis le Luxembourg ou l’étranger. Les acteurs de la finance luxembourgeoise pourront dès lors plus facilement activer leur transformation digitale en accédant à ces offres.

L’accès au cloud permet d’accélérer le développement de la place et sa transformation, en facilitant l’installation de nouveaux acteurs, mais aussi en permettant aux institutions en place d’évoluer plus rapidement.

Quel impact peut avoir cette nouvelle circulaire sur les PSF de support ?

La circulaire, très clairement, dissocie l’infrastructure de la gestion des opérations. C’est un peu à l’image de ce qui s’est passé dans les télécoms ou dans le secteur de l’énergie, il y a quelques années, avec la séparation des activités liées à la gestion du réseau de celles attachées à la fourniture d’un service. Ici, les PSF de support sont confortés dans leur rôle d’opérateur, pouvant s’appuyer sur des ressources établies au Luxembourg ou ailleurs dans le cloud public. Les PSF de support du futur créeront de la valeur au service des institutions financières, en utilisant adéquatement les ressources à leur disposition dans le cloud public et privé. Auprès des PSF de support, les institutions financières trouveront toujours un interlocuteur spécialisé pour les libérer des opérations de gestion et de supervision de l’IT, et des exigences qui y sont associées, comme la sécurisation des systèmes, la protection des données, le reporting réglementaire… Par rapport à la situation existante, certains acteurs PSF, qui fournissaient essentiellement de l’hébergement ou vendaient essentiellement de l’équipement, vont devoir se repositionner, pour se spécialiser sur l’architecture et l’intégration de solutions cloud.

 

Comment considérer cette circulaire, au regard des enjeux d’ouverture évoqués autour de l’article 41, fin de l’année dernière ? Quels pourraient être les impacts pour le secteur IT au Luxembourg ?

Certains groupes financiers verront là une opportunité de mieux mutualiser leurs ressources, avec un risque pour l’emploi au Grand-Duché. D’autre part, il y a de belles opportunités, en positionnant mieux le Luxembourg comme place financière internationale attractive, en la renforçant. Ceci génère en premier lieu des emplois liés au métier de ces institutions, qui choisiront le Luxembourg par rapport à un autre centre financier.Dans le domaine de l’IT de nouvelles spécialisations pourraient voir le jour au Luxembourg, avec des services notamment dans l’opération de l’IT, dans l’intégration, le test, la supervision et la gestion du risque. Le Luxembourg a beaucoup à offrir, en lien avec son caractère international, mais aussi avec sa position au cœur du marché européen. En transposant maintenant son savoir-faire dans un contexte orientée cloud public, le secteur IT pourra capitaliser sur une forte expertise en matière de confidentialité, de gestion et de sécurisation de la donnée. Ce savoir-faire résulte d’une stratégie IT passée axée sur le secret bancaire.

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