TRANSFORMATION & ORGANISATION
C’était mieux avant… Tiens-toi droit !
Les limites sont là pour être testées. Il n’y a sans doute pas meilleur qu’un enfant pour exceller en la matière. Dès leur plus jeune âge, nos chérubins comprennent très vite comment amadouer papa et/ou maman, ou du moins comment obtenir raison auprès de l’un des deux. Une petite moue désolée, un compliment judicieusement placé, le fait d’aller solliciter papa pour obtenir quelque chose qu’il aurait été bien plus difficile d’obtenir auprès de maman…
December 17, 2024
Pour parvenir à leurs fins, âgés de quelques mois seulement, nos enfants sont capables de mettre en œuvre des techniques très élaborées. Chacun de nous a évidemment testé les limites fixées. Et nous nous amusons à voir nos enfants essayer de se jouer de nous et, parfois, reconnaître nous être faits bernés. S’il s’agit bien d’un jeu, il est important de préciser qu’il est essentiel à notre construction en tant que personne.
Tout au long de notre vie, en vérité, on teste, on explore, on se confronte à de nouveaux défis, on cherche à dépasser ses propres limites. S’il s’agit bien d’un jeu, il n’est pas sans risque. Enfant, dépasser l’interdit, contrevenir aux règles, qu’elles soient implicites ou explicites, c’est s’exposer à un risque de punition. Et pour les adultes ? Un excès de vitesse conduit à un risque d’amende. La « phobie administrative », pour reprendre l’excuse invoquée par un parlementaire français pour avoir omis ses obligations fiscales, implique un potentiel redressement. « Tiens-toi droit », disait ma grand-mère.
Évidemment, le jeu ne marche que s’il y a des limites et que les règles à ne pas franchir sont connues. Y contrevenir ou tenter de le faire, c’est accepter de se soumettre à la sentence qui en découle.
Vis-à-vis des enfants, ce sont les parents qui fixent les règles (et appliquent les sentences). Mais qu’en est-il dans le monde des adultes ?
C’est très simple. Dans nos démocraties, nos élus adoptent les lois. Et le rôle de la justice est de statuer sur le respect des règles établies et, en cas de manquement, d’appliquer des sanctions. Il se peut que la règle ne plaise pas ou ne soit pas adaptée. Il appartient alors aux élus, représentants du peuple, de la faire évoluer.
Aussi, il est cocasse de voir un élu pris en défaut se démener pour tenter d’éviter l’application d’une règle qu’il a lui-même adoptée. Face à la peine d’inéligibilité requise dans le cadre du procès des assistants parlementaires du FN, Marine Le Pen et consorts ont soudainement crié au déni de démocratie, à l’instrumentalisation de la justice. Il est alors bon de rappeler qu’en 2016 ces mêmes élus, à une très rare unanimité, n’ont pas hésité à adopter l’application automatique de la peine d’inéligibilité en cas de détournement dans la loi. Le discours contre le « laxisme judiciaire », accompagnant ce vote, apparaît aujourd’hui moins audible.
Il est évidemment important de fixer des limites, et même, le cas échéant, ses propres limites. Et c’est parce qu’elles existent qu’elles peuvent être testées. Mais encore faut-il que cela en vaille… la peine.