TECH NEWS
C’ÉTAIT MIEUX AVANT…Bienvenue dans ma METALIFE
Voilà deux heures que je suis dans mon canapé, mes […]
December 17, 2021
Voilà deux heures que je suis dans mon canapé, mes lunettes de réalité virtuelle vissée sur la tête, participant à cette réunion virtuelle. Je regarde les sourires des avatars de mes collègues devant l’interminable présentation de notre directeur marketing. Je les imagine chez eux, la tête en vrac, vêtu d’un jogging maculé de café, soupirant tout comme moi. Il est 18h00 et je n’ai pas quitté cet univers virtuel de la journée. Magne-toi à finir ta présentation vieux… Le concert en mode remote de la dernière sensation meta-pop, pour lequel j’ai déboursé 20 ETH (c’est un événement VIP, réservé à seulement 2 millions d’avatars), commence dans 1 heure. J’aimerais pouvoir essayer quelques nouvelles fringues numériques et tenter une nouvelle coupe de cheveux avant de rejoindre la salle de concert de la zone 22 de l’espace Fortnite.
On me tape sur l’épaule. Je pense que c’est la première fois de la journée que je me laisse surprendre par une manifestation tactile extérieure. Je fige mon avatar, prenant le soin de lui laisser une expression neutre, dans l’espoir que personne ne remarque mon absence, et enlève mes lunettes. Je lève les yeux et découvre ma compagne, mon fils de six ans dans les bras. Elle a l’air épuisée. Elle n’a pas eu une minute à elle depuis que la classe virtuelle du gamin a pris fin. Depuis quelques années, l’éducation nationale a trouvé plus intéressant (et surtout plus économique) de dispenser les cours à distance. Les gamins s’y sont très rapidement faits. Pour les profs, ce fut un peu plus compliqué. Le déploiement par META (contre le droit d’exploiter les données récoltées) d’assistants pédagogiques animés par une intelligence artificielle leur a été d’un réel secours.
Le petit me regarde d’un air étonné, comme s’il ne m’avait pas vu mes yeux depuis des lustres. Ma femme me dit qu’elle voudrait souffler un peu, contrariant directement mes plans de sortie. À contrecœur, je lui refile ma place de concert, lui permettant de s’y rendre avec une amie. Le temps pour elle d’enfiler une jolie robe à son avatar, d’opter pour un joli « make up » et la voilà partie. Je la regarde devant moi, assise dans le canapé connecté, le visage rayonnant à l’idée de profiter d’un bon moment.
Pour ma part, je suis dépité. Je lève les yeux. Mon fils attend devant moi de voir ce que l’on pourrait bien faire. Pourquoi pas une petite séance d’activité physique virtuelle. Cela nous ferait du bien. Je regarde par la fenêtre. Dehors, en ce début d’été, il fait encore resplendissant. « Je pense, gamin, que cela ne te fera pas de mal d’aller prendre un peu l’air. Et si nous allions nous promener en forêt ? Ça te branche ? Très bien. N’oublie pas ton smartphone, nous devrions pouvoir encore y attraper quelques Pokemons. »