TRANSFORMATION & ORGANISATION

C’était mieux avant… À chacun son ticket d’or

Si vous avez lu Charlie et la Chocolaterie de Roald Dahl (ou vu l’une de ses multiples déclinaisons cinématographiques ou théâtrales), vous savez qui sont les « Oompa Loompa ». Dans cette histoire, Willy Wonka est à la fois chocolatier fantasque et magnat industriel, qui craint avant tout que des employés peu scrupuleux lui piquent ses secrets les mieux gardés. Mais bon, une usine a besoin de main d’œuvre pour fonctionner.

April 8, 2025

Ces petits êtres sont les seuls autorisés à travailler dans la fabuleuse chocolaterie du génialissime Willy Wonka, exécutant une ribambelle de tâches plus ou moins farfelues, tout en chantant et en dansant. Loin d’être malheureux (en apparence du moins), ces petits êtres ont accepté de quitter leur pays (imaginaire, certes), pour rejoindre une usine extraordinaire et ne plus en sortir. Ils y sont logés, entretenus et payés… uniquement en fèves de chocolat.

Dans cette histoire, Willy Wonka est à la fois chocolatier fantasque et magnat industriel, qui craint avant tout que des employés peu scrupuleux lui piquent ses secrets les mieux gardés. Mais bon, une usine a besoin de main d’œuvre pour fonctionner. Aussi, son accord avec les Oompa Loompa apparaît comme particulièrement bien inspiré. Il est peu probable qu’il l’ait été par la lecture de « L’Art du Deal », le best-seller de Donald Trump, dont la première version remonte à 1987. Charlie et la Chocolaterie a été édité pour la première fois vingt ans plus tôt.

D’autre part, les deux entrepreneurs développent des approches économiques bien différentes. Quand Willy Wonka a besoin de main d’œuvre, il se montre accueillant vis-à-vis de ceux les plus à même de répondre à ses besoins. Soyons honnêtes toutefois, la démarche relève clairement d’une époque teintée de colonialisme… Le sens de l’accueil de Donald Trump est bien éloigné de celui du chocolatier. Le président américain semble actuellement et avant tout animé par la volonté d’expulser une grande partie de la main d’œuvre, mexicaine notamment, qui accepte des jobs dont une grande partie des Américains ne veut plus.

Quand Willy Wonka souhaite trouver un successeur, il glisse un ticket d’or dans ses emballages de chocolat, offrant une chance à cinq enfants de venir découvrir sa fabuleuse usine. Au terme d’une visite animée, c’est l’enfant le plus humble, issu d’une famille ouvrière, particulièrement pauvre, qui se voit offrir l’opportunité de marcher dans les pas du chocolatier.

Fin février, Donald Trump a aussi avancé l’idée d’un ticket d’or. Sa carte dorée prend aussi la forme d’un sésame : un titre de résidence permanente sur le territoire américain. La différence est que ce titre n’est pas donné. Il ne s’obtient ni gratuitement, ni par hasard, ni en reconnaissance d’efforts donnés. Non, la carte dorée de Donald Trump, forcément, s’achète. « Environ 5 millions de dollars », a annoncé le président, avant d’ajouter : « les gens riches arriveront dans ce pays en achetant cette carte. Ils seront riches, et ils auront du succès et ils dépenseront beaucoup d’argent et paieront beaucoup d’impôts et emploieront beaucoup de monde ».

Il n’y a pas si longtemps, les États-Unis étaient associés à l’idée de « rêve américain ». Le pays des libertés était le territoire de tous les possibles, permettant à chacun, même aux plus modestes, d’entreprendre, de s’enrichir, de connaître le succès.

Charlie y aurait sans aucun doute eu sa chance. Trump, lui, s’adresse d’abord aux riches. Pour Charlie, le rêve américain appartient au passé. Il ne lui reste que la perspective d’être rémunéré… en cacahuètes ?

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