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Banque privée : le Luxembourg innove trop peu

Les banques privées investissent-elles suffisamment dans la transformation digitale ? A l'heure où le concept de « FinTech » est mis à toutes les sauces, comment l’informatique bancaire appréhende-t-elle les changements ? EY vient de publier les résultats d’une étude sur le sujet. Résultat ? Le Luxembourg pourrait mieux faire.

May 28, 2015

Les banques privées investissent-elles suffisamment dans la transformation digitale ? A l’heure où le concept de « FinTech » est mis à toutes les sauces, comment l’informatique bancaire appréhende-t-elle les changements ? EY vient de publier les résultats d’une étude sur le sujet. Résultat ? Le Luxembourg pourrait mieux faire.

Ce n’est pas un secret, mais aussi notamment parce que LE SECRET a été éventé : l’industrie de la banque privée connaît actuellement une profonde mutation, au Luxembourg comme ailleurs. L’augmentation des coûts liés à la réglementation, les pressions exercées sur les revenus, la transparence fiscale, l’évolution des besoins des clients, les acteurs non-traditionnels qui empiètent sur les marges ou le bouleversement des propositions de valeurs traditionnelles induit par l’évolution digitale… Tous ces éléments font partie des nombreux défis auxquels l’industrie est confrontée.

Les relever implique de mieux mettre en œuvre les technologies de l’information au cœur du secteur. Bien appréhendée par les acteurs traditionnels, la technologie doit notamment permettre de contrer la pression sur les coûts et permettre de nouvelles opportunités commerciales d’autre part.

Un éclairage intéressant sur les coûts et les priorités

Mais comment l’informatique, au sein des banques privées, relève-t-elle ces défis? L’étude réalisée par EY et intitulée « Digital disruption and the game-changing role of technology in global wealth management, 2015 » présente un éclairage intéressant sur les coûts, les priorités dans une comparaison internationale incluant le Luxembourg.

Le département conseil d’EY a conduit des entretiens auprès de 30 représentants de banques privées en Suisse, à Singapour et au Luxembourg, incluant des acteurs locaux et mondiaux du secteur. Ces trois centres internationaux de la gestion de patrimoine offrent une base adéquate pour réaliser un « benchmarking » IT en termes de coûts, de services et de développement des technologies de l’information, avec une attention toute particulière portée sur l’incidence du digital sur la banque privée.

Une entrée timide dans l’ère digitale

« Les technologies digitales, incluant les technologies mobiles, les médias sociaux, le « data analytics » et le cloud computing, deviennent de plus en plus pertinents pour l’industrie. Le digital constitue l’un des moteurs du changement au sein de l’industrie, la plupart des clients fortunés étant aussi de grands adeptes des nouvelles technologies et des approches digitales », commente Denis Costermans, Directeur Associé au sein du département conseil et spécialisé en banque privée.

Les technologies digitales transforment fondamentalement la manière de servir le client et d’organiser les opérations. Cette transformation est bel et bien en cours. Lorsqu’elles investissent dans le digital, de nombreuses banques concentrent toutefois leurs investissements sur des solutions en relation directe avec les clients, ignorant qu’elles peuvent tirer autant de bénéfice du digital, sinon davantage, de l’amélioration des processus du front au back office. « L’étude illustre clairement les bénéfices réels de la transformation digitale, tant d’un point de vue des revenus que des coûts, poursuit Denis Costermans. Néanmoins, nous constatons également que l’industrie de la banque privée fait une entrée relativement timide dans l’ère digitale, creusant un fossé entre les attentes des clients et l’offre des banques. Des acteurs non traditionnels commencent à entrer sur le marché, ce qui pourrait pousser les acteurs traditionnels à accélérer leurs investissements ».

Quelles sont les priorités des CIOs des banques privées

La conformité aux exigences réglementaires ainsi que la sécurité de l’information sont les priorités majeures des CIOs (respectivement 92 et 72 pourcent).

L’automatisation des processus clients ou l’optimisation des coûts ou des opérations arrivent également en tête de leurs préoccupations.

48 pourcent seulement des répondants voient en l’utilisation des technologies et applications mobiles un important facteur de la gestion de la relation clients alors que les médias sociaux et le cloud computing ne réussissent pas à susciter d’intérêt (respectivement 4 et 0 pourcent).

De l’automatisation, mais peu d’innovation dans la relation client

« Ces résultats démontrent clairement que les technologies de l’information constituent une solution incontournable pour répondre à des questions stratégiques et opérationnelles ayant trait à la conformité et à l’efficience opérationnelle. Nous observons également que les CIOs ont leur propre agenda pour contribuer aux efforts globaux d’optimisation des coûts. Nous pouvons cependant regretter une certaine timidité de la part des banques privées traditionnelles dans l’utilisation des technologies de l’information qui leur permettraient d’innover dans leurs relations clients, explique Olivier Maréchal, Associé et à la tête du département Financial Services Advisory chez EY Luxembourg (en photo). Le marché asiatique est pionnier dans ce domaine. A Singapour, par exemple, une attitude plus orientée vers la technologie semble prévaloir, avec un répondant sur trois attachant une grande importance aux médias sociaux. D’une manière ou d’une autre, nous devrons également relever ce défi, que ce soit en raison de la pression des clients, de nouveaux venus issus du digital ou bien encore des jeunes générations ».

Comparaison internationale des coûts informatiques

Au sein de la banque privée, les coûts informatiques au Luxembourg représentaient 15,8 pourcent des coûts totaux en moyenne, reflétant une lente mais constante évolution d’année en année, passant de 15,5 pourcent en 2009 à 16,2 pourcent en 2013. Les coûts informatiques en comparaison du total des charges d’exploitation sont plus faibles au Luxembourg qu’en Suisse (16,4 pourcent en moyenne). Singapour, en comparaison des deux autres régions, semble être dans une situation de sous-utilisation, avec un ratio des coûts informatiques de 12,8 pourcent.

Au Luxembourg, pas d’investissements croissants dans l’innovation

« Une analyse plus approfondie de la manière dont les budgets sont ventilés entre la gestion (le « run the bank ») et l’évolution (le « change the bank »), nous montre que les chiffres au Luxembourg restent stables au fil des ans, approximativement de l’ordre de 40% pour la partie « changement », ce qui ne témoigne pas d’investissements croissants dans l’innovation, explique Olivier Maréchal. Singapour, au contraire, s’avère être très orienté vers l’innovation, avec des chiffres en croissance rapide. La digitalisation croissante de la chaîne de valeur dans le secteur de la banque privée devrait favoriser l’émergence de nouveaux domaines en matière informatique, tels que l’intégration du big data, des applications mobiles et des médias sociaux. Ces technologies numériques ouvrent la voie à une multitude d’opportunités et l’IT devra jouer un rôle moteur dans l’intégration de tels outils si les banques veulent pleinement tirer parti des possibilités offertes».

[button color=”blue” link=”http://www.ey.com/LU/en/Industries/Financial-Services/EY-wealth-management-IT-survey”]Lire l’étude[/button]

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