DIGITAL BUSINESS
Banking as a Service dans la continuité logique
Auteur : Dr Karl Im Brahm (Avaloq), Dr Primoz Perc (zeb) Co-auteur : Frédéric Kemp (Avaloq)
January 17, 2019
De nombreuses banques et gestionnaires de fortune se voient confrontés au challenge d’améliorer leur ROI de près de 15% voire plus s’ils veulent continuer à subsister dans la nouvelle ère du digital banking, ce qui pose nécessairement la question de l’in ou outsourcing. Les modèles de Software as a Service (SaaS) ou Business process as a service (BPaaS) représentent justement des alternatives au modèle « fait maison ». Ce pas vers une collaboration avec un partenaire, potentiellement dans un environnement cloud, permettra à l’entité de se concentrer sur ses compétences clés : conseiller le client et lui proposer des produits et services optimums.
In fine la réponse quant à la nécessaire automatisation et digitalisation est moins liée à la technologie qu’à la stratégie d’entreprise : les banques et gestionnaires de fortune se voient présenter différentes options qui leur permettent de faire avancer leur digitalisation à travers l’outsourcing.
Réduire la complexité
De nombreuses banques et gestionnaires de fortune disposent de nos jours d’un portefeuille de produits extrêmement vaste et d’une architecture informatique dépassée, ce qui rend la structure si peu flexible que le temps du changement est arrivé. La plupart des tentatives de supplanter la complexité historique par un process d’amélioration continue resteront vouées à l’échec, un nouveau départ étant bien plus porteur. Les banques et gestionnaires de fortune devraient dans cette optique tester leur business model et structures opérationnelles, se concentrer sur l’essentiel et simplifier de manière radicale le reste, y compris leur offre produit et l’externalisation des process et systèmes IT. Les solutions externes apparaissent dans ce contexte souvent comme la voie royale vers la standardisation et l’innovation.
Le choix entre 4 options stratégiques
Grosso modo 4 possibles options stratégiques se dessinent, allant du nouveau système bancaire à l’approche complète Banking as a Service. Dans chacune de ces 4 options, les 4 domaines essentiels de la création de valeur sont combinés différemment : le business process, la gestion des applications, le développement de logiciels et la gestion opérationnelle.
Option 1 : Remplacer le progiciel bancaire « fait maison » par un logiciel standard
Cette option implique généralement de remplacer le progiciel « fait maison » par un ou plusieurs packages de logiciels standards externes. Bien que le but soit de changer l’infrastructure IT, la banque peut toujours profiter de cette occasion pour revoir ses processus opérationnels voire même son offre de produit. Les avantages d’une telle adoption résident dans l’amélioration des processus internes induisant une réduction des efforts administratifs, une mise à jour technologique de l’infrastructure au moyen de solutions modernes et flexibles ainsi qu’une maintenance évolutive assurée par le fournisseur. Enfin, les efforts internes requis pour la modification du progiciel « fait maison » peuvent dès lors être réaffectés vers d’autres tâches, plus créatrices de valeur.
Option 2 : Utiliser un fournisseur IT Full Service
Cette seconde option va au-delà du simple remplacement de la plateforme bancaire car ici le fournisseur IT externe va également prendre en charge l’implémentation et la gestion de la nouvelle plateforme, étant responsable du développement initial et continu, de la maintenance et de la partie opérationnelle.
Le fournisseur peut alors soit ne couvrir que l’infrastructure core (plateforme bancaire et ses satellites et infrastructure IT) soit couvrir également l’intégralité de l’environnent technologique (DAB, logiciels bureautique, infrastructure réseau …) Comme le fournisseur externe dessert dans la plupart des cas plusieurs clients, cette communauté profite d’effets d’échelle dans la mesure où les coûts de l’infrastructure opérationnelle, qui représentent une large part du budget, sont partagés entre les différents clients : coûts de gestion du hardware, du système d’exploitation, des bases de données, des réseaux et de gestion de ces coûts.
Option 3 : L’approche BPO standard
Dans un système BPO les banques externalisent non seulement leur infrastructure IT et l’exploitation de leur solution bancaire – très souvent encore individuelles – mais elles laissent également le personnel du fournisseur externe opérer les activités cœurs de métier ou autre. Il s’agit souvent d’opérations de routine comme des opérations sur titre ou des opérations de paiement. Les fournisseurs de tels type d’opérations peuvent utiliser leur propre technologie, qui est alors intégrée dans l’écosystème de leur client. Des réductions de coûts au-delà de celles de l’option 2 ne peuvent être réalisées que si la banque est en mesure d’optimiser de manière drastique ses process ou est en mesure de faire appel à de la main d’œuvre bon marché de pays tiers.
Option 4 : Banking as a Service avec modèles Saas ou BPaaS
Cette dernière option a gagné en popularité dans le contexte du cloud-computing. En plus du BPO classique décrit sous l’option 3, la possibilité est alors offerte d’automatiser des processus manuels grâce aux solutions Software as a Service (SaaS) ou Business Process as a Service (BPaaS), qui sont toutes deux un assemblage supra-automatisé de solutions IT et de fonctionnalités opérationnelles. Les importants effets d’automatisation induits par ces 2 solutions se reflètent à travers de bien meilleurs taux de Straight-Through-Processing (STP). Lorsqu’on augmente le taux d’automatisation des tâches de 30 à 80 %, le besoin en personnel se voit réduit d’autant. Plus important encore : les process deviennent immédiatement plus efficients, ce qui peut se traduire par un retour sur investissement amélioré de 10 à 20%. La tendance croissante du self-service a pour corollaire qu’une automatisation continue et généralisée est en passe de devenir incontournable.
Banking as a Service: le choix du futur
Le choix du modèle Banking as a service apparaît dans la continuité logique des transformations fondamentales que le monde bancaire a commencé à opérer. D’une part l’automatisation nécessaire des fonctions bancaires n’est pas surprenante dans la mesure où les instituts bancaires sont principalement des « opérateurs de données » et d’autre part historiquement les banques ont externalisé une partie toujours plus importante de leur chaine de valeur à des opérateurs tiers, en particulier le développement et la maintenance de leur solutions informatiques. Banking as a Service, à savoir le fait d’obtenir des fonctionnalités bancaires basées sur le cloud par le biais de prestataires externes, synthétise ces deux lignes d’évolution et se révèle être une clé de voûte permettant aux banques et gestionnaires de fortune de réduire la complexité de leur processus et infrastructure, de gagner en agilité et de répondre ainsi durablement aux défis de la digitalisation.