L’APSI proposait le 30 mars dernier de se pencher sur l’API Economy, dans la perspective de l’implémentation de PSD2 et d’un monde bancaire plus ouvert. Dans ce contexte, les API doivent faciliter les échanges entre systèmes, ouvrant la voie à des nouvelles relations et opportunités. – Par Sébastien Lambotte

« Les APIs (Application Programming Interfaces), c’est la colle qui assure le bon fonctionnement d’une économie digitale s’appuyant sur un nombre grandissant de programmes/fonctions informatiques interconnectés. Ce sont elles qui fixent l’ensemble. Ces programmes garantissent un échange d’informations efficient et synchrone à l’échelle d’un écosystème comptant de plus en plus d’éléments interdépendants », annonce Jean Diederich, président de l’APSI et Partner chez Wavestone, en guise d’introduction de l’APSI Day, le 30 mars dernier.

Garantir et sécuriser un meilleur échange de l’information

Dans l’économie actuelle, de nombreuses solutions applicatives s’appuient sur une information qui est issue d’autres systèmes. Pour bien fonctionner, ou pour offrir une expérience client améliorée, il est essentiel de faciliter et de garantir un meilleur échange de l’information. Et c’est le rôle des APIs que de permettre l’échange d’informations et l’ouverture des systèmes.

Pour bien comprendre, rien ne vaut une illustration concrète. Si vous recourez régulièrement à des applications mobiles ou web, vous vous êtes sans doute déjà vu proposer de vous enregistrer ou de vous connecter directement à partir de votre compte Facebook. C’est une API qui permet d’extraire les informations utiles du célèbre réseau social pour faciliter l’expérience des utilisateurs d’autres sites extérieurs. A ce titre, le recours aux API permet l’émergence d’un vaste et efficient écosystème entre acteurs. Dans notre exemple, le nouvel acteur opérant l’application paie à Facebook des frais pour pouvoir utiliser son API.

Ouvrir ses systèmes aux autres ou le Business to Developer (B2D)

« L’économie de demain, on ne cesse de le répéter, s’appuiera sur des acteurs et des systèmes mieux connectés les uns aux autres, plus ouverts. Dans ce contexte, afin d’en favoriser l’émergence, on voit émerger une réelle économie des APIs, avec d’une part des APIs providers et d’autres part des consommateurs de ces petits programmes essentiels, poursuit Jean Diederich. Ne fut-ce que dans la banque, en s’inscrivant dans la perspective de PSD2, qui oblige les acteurs à ouvrir leurs systèmes, il y a une opportunité pour beaucoup à proposer les meilleurs APIs aux acteurs qui vont pouvoir se greffer sur leurs systèmes. »

Bien évidemment, le recours aux APIs exige de procéder avec stratégie. Comme l’a expliqué Paolo Malinverno, Research VP at Gartner Ireland, il est essentiel de pouvoir gérer correctement le cycle de vie de ses interfaces. « Les acteurs doivent s’ouvrir aux APIs. Ils n’ont pas d’autres choix. Mais il doivent pouvoir le faire dans un cadre sécurisé, en mettant en place une gestion dédiée de leurs interfaces, en s’appuyant pour cela sur des plateformes adaptées », a-t-il commenté avant de présenter les clés de compréhension du Magic Quadrant for Full Life Cycle API Management.

Pour une expérience digitale supérieure

L’APSI recevait aussi David Andrzejeck, VP at APIgee, société récemment rachetée par Google. « Les utilisateurs attendent de leurs prestataires qu’ils leur proposent une expérience digitale supérieure. Les APIs sont des vecteurs d’amélioration de cette expérience », a-t-il précisé, avant d’illustrer son propos à travers le cas d’Uber. « La plateforme de réservation de voiture avec chauffeur, en capitalisant sur l’existant, son réseau, ses utilisateurs, ses données de localisation, a lancé un service de coursiers. Grâce aux API, elle a ouvert sa plateforme à d’autres acteurs, start-ups e-commerce notamment, qui peuvent désormais directement proposer un service de livraison des achats via le réseau Uber. On voit dès lors émerger un nouveau modèle de distribution, un réel écosystème autour d’un business établit. »

L’expert, conscient des possibilités énormes offertes par l’ouverture et l’interconnexion  des systèmes, éveille aujourd’hui les acteurs quant à l’opportunité de prendre les devants et de proposer directement leurs propres APIs. « Il est essentiel de considérer l’API comme un produit ou un canal, et non comme un système IT, assure-t-il. Pour envisager une ouverture des systèmes profitables au business, il faut partir de l’utilisateur avec la volonté de lui proposer une meilleure expérience connectée, en intégrant des services nouveaux, développés en interne ou proposés par des acteurs tiers. Les API, gérés par une équipe dédiée, ont pour rôle d’assurer un interfaçage optimal entre les diverses solutions et systèmes et le back-end. »

Ouverture inéluctable du secteur bancaire

Le challenge est important. Dans la perspective de l’entrée en vigueur de la nouvelle directive paiement (PSD2), les acteurs bancaires doivent ouvrir leurs systèmes pour, au moins, permettre à des acteurs tiers d’accéder aux données d’un compte client, sous réserve de disposer de l’autorisation de celui-ci. Ces acteurs tiers, au départ de ces informations, pourront développer de nombreux services.

Pour la banque, une telle ouverture, avec la possibilité pour des acteurs de s’immiscer dans la relation qu’elle entretient avec son client, engendre tensions et crispations. Pourtant, à entendre les orateurs de cet APSI Day, ils n’auront à terme pas d’autre choix que de s’inscrire dans cette économie ouverte, s’ils veulent proposer des expériences à valeur ajoutée à leurs clients et rester compétitifs. « Aujourd’hui, en dehors de PSD2 ou de toute autre contrainte réglementaire, nous accompagnons des acteurs bancaires internationaux dans la mise en œuvre d’API et dans la stratégie qui sous-tend de tels projets », assure David Andrzejeck. Pour en tirer pleinement profit, tous les acteurs, quel que soit leur secteur, auraient tout intérêt à s’engager pleinement et sans attendre dans cette nouvelle économie portée par les APIs.