TRANSFORMATION & ORGANISATION
Afterwork with a CEO avec Laurence ZENNER
Arrivée récemment à la tête de CREOS, le gestionnaire du réseau d’électricité et de gaz au Luxembourg, Laurence Zenner aura, notamment, pour mission d’accompagner la transition énergétique qui s’opère actuellement dans un contexte particulièrement mouvant.
November 23, 2023
Pouvez-vous évoquer avec nous votre parcours ?
Je suis ingénieure de formation, titulaire d’un diplôme de génie civil dans le domaine de la construction de l’Université de Liège. J’ai passé la plus grande partie de ma carrière, 23 ans, au sein des Chemins de Fer Luxembourgeois (CFL). Au sein de l’entreprise, j’ai eu l’opportunité de prendre diverses responsabilités, tout d’abord dans le domaine de la gestion, de la maintenance et de la planification de l’infrastructure et des réseaux, puis en tant que secrétaire générale, où j’ai notamment mis en place un service dédié à la qualité et centré autour du client. J’ai ensuite dirigé l’activité CFL Cargo pendant cinq ans et demi, une fonction qui m’a amenée à m’intéresser plus fortement au fonctionnement du marché de l’énergie à l’échelle internationale. J’ai trouvé tout cela fascinant. C’est à cette période aussi que j’ai découvert le livre BlackOut, Marc Elsberg, qui évoque les conséquences d’une société soudainement privée d’énergie. Au sein du groupe CFL, j’ai vu et fait beaucoup de choses différentes, qui m’ont bien préparée aux responsabilités que j’occupe depuis quelques mois désormais.
Qu’est-ce qui vous attirée dans cette fonction de CEO de Creos ?
Lorsque j’ai découvert le profil recherché, je me suis rendu compte que je cochais de nombreuses cases. C’était une opportunité de mettre l’expérience et l’expertise acquise pendant la première partie de ma carrière au service d’enjeux importants, en particulier celui de la transition énergétique à mener. Le groupe Encevo, qui rassemble entre autres les entités Creos, Enovos et Teseos, a considérablement investi autour des enjeux de Responsabilité Sociétale des Entreprises, avec la volonté de soutenir un développement plus durable, et vit des valeurs qui sont compatibles avec les miennes. Cela m’a beaucoup plu aussi. J’ai été attirée par la possibilité de contribuer à la transformation des modes de production et de consommation de l’énergie, le défi qui va nous occuper pour les années à venir.
C’est un enjeu de transformation clé pour la société. Pouvez-vous nous en rappeler les contours ?
Nous passons d’un environnement où la production d’électricité était essentiellement centralisée et pilotable à un autre où, avec le développement des énergies renouvelables, la production est décentralisée, imprévisible, dépendant de la présence de vent ou de soleil notamment. Il faut aussi intégrer des logiques d’autoconsommation. D’autre part, la sortie des énergies fossiles et la réduction du recours au gaz s’accompagnent d’une intensification des besoins en électricité, ne fut-ce que pour soutenir le développement de l’électromobilité, la généralisation du recours aux pompes à chaleur ou encore de nouveaux usages industriels. Au regard de ces changements, il faut adapter le réseau électrique, notamment pour absorber les pics de production ou de consommation à des échelles locales. Notre rôle, dans ce contexte, est d’assurer le transport et la distribution de l’énergie de manière transparente et non-discriminante, dans un contexte régulé.
Quels sont les leviers à votre disposition pour opérer cette transition ?
D’abord, et avant tout, une belle équipe de 850 personnes, qui entretient une réelle proximité avec les enjeux de terrain. Au regard de cette transition, les compétences vont devoir évoluer, pour intégrer de nouvelles technologies, mais aussi pouvoir servir plus efficacement le client. Tout évolue vite. Cette année, nous allons connecter deux fois plus d’installations photovoltaïques que l’année dernière. Faire évoluer le réseau, permettre ces connexions à nos clients, implique une réactivité autre que ce que l’on a pu connaître par le passé. Au-delà de ces transformations organisationnelles, nous devons aussi mieux intégrer les possibilités offertes par la technologie. Nous misons beaucoup sur l’innovation pour rendre nos réseaux plus intelligents et parvenir à mieux anticiper les besoins, mieux planifier les investissements.
« Sur les six premiers mois de cette année, nous avons connecté deux fois plus d’installations photovoltaïques que l’année dernière. »
Alors qu’il y a cinq ans, on connectait encore beaucoup de zones résidentielles au gaz, la donne a changé. Dans un environnement qui évolue, comment appréhender l’avenir ?
Les évolutions, et les investissements à mener, s’intègrent dans des approches stratégiques à l’échelle nationale et européenne. On peut notamment évoquer le Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC), document qui fixe les grandes orientations du Luxembourg et qui est une des bases de la réflexion stratégique de Creos.
Comment envisagez-vous votre rôle dans ce contexte, face à ces défis ?
Notre vraie richesse, ce sont nos équipes. J’envisage mon rôle comme celui d’une capitaine. L’enjeu est d’embarquer tout le monde pour répondre aux défis de ce monde qui change rapidement. Pour cela, il faut être à l’écoute, garder une oreille attentive, stimuler la motivation et donner du sens à ce que l’on fait. Notre mission est stratégique. Elle contribue de manière tangible à la transition vers une consommation plus responsable tout en garantissant à chacun d’être approvisionné en énergie. C’est un enjeu vital. L’énergie concerne tout le monde. Notre contribution à la société est directement perceptible. Pour chacun de nos collaborateurs, c’est gratifiant et passionnant.