A l’avenir, l’économie sera… digitale
Le secteur des technologies de l’information et de la communication (ICT) est devenu l’un des piliers économiques du pays. La technologie est aujourd’hui un réel vecteur de croissance, permettant aux entreprises de faire mieux avec moins. Les emplois d’avenir, dès lors, seront ceux du numérique.
July 2, 2015
Le secteur des technologies de l’information et de la communication (ICT) est devenu l’un des piliers économiques du pays. La technologie est aujourd’hui un réel vecteur de croissance, permettant aux entreprises de faire mieux avec moins. Les emplois d’avenir, dès lors, seront ceux du numérique.
Par Sébastien Lambotte pour l’édition spéciale ITnation/Wort
Monsieur Hoffmann, vous êtes le président d’ICT Luxembourg, organisation rassemblant les fédérations professionnelles autour des enjeux liés au digital. Pouvez-vous nous expliquer quel est le poids du digital, aujourd’hui, au Luxembourg ?
« Si l’on considère le digital comme un secteur économique à part entière, il représente 7% du PIB et plus de 15 500 emplois au Grand-Duché. Au Luxembourg, ce secteur a connu une croissance annuelle de 7% depuis 2007. Si l’on ne considère que l’emploi, il a augmenté de 5,7%, contre 2,7% (entre 2013 et 2014) pour l’emploi en général au Luxembourg et 0,6% à travers la zone Euro. L’ICT est donc un secteur important pour notre économie et pour la création d’emplois dans le futur. »
Par rapport aux autres pays, comment qualifier la maturité du secteur ICT au Luxembourg ?
« Le secteur se positionne très bien et évolue de manière rapide. Le “Global Information Technology Report” 2015, édité par le World Economic Forum, qui évalue 144 pays sur le plan de l’économie numérique, place le Luxembourg en 9e position, alors qu’il n’était qu’à la 21e place en 2012 et à la 11e en 2014. Il faut voir là le signe de la vitesse à laquelle se développe le Luxembourg sur ce segment. »
L’impact du digital sur l’économie ne se limite pas à un secteur donné. Aujourd’hui, le digital est partout…
« Vous avez raison. Le digital a un impact sur l’économie dans son ensemble. Il ne concerne pas seulement les acteurs qui développent des activités dans l’écosystème numérique pur et dur, comme le commerce en ligne ou le développement de services électroniques. La technologie transforme l’ensemble des autres secteurs, leur permettant de gagner en compétitivité par des logiques d’automatisation, en accélérant le développement des produits et services et leur mise en œuvre sur le marché. Aujourd’hui, pour préserver leur compétitivité et améliorer leur croissance, l’ensemble des secteurs d’activité, même les plus traditionnels, doivent s’inscrire dans un processus de transformation digitale. »
Selon vous, comment va se poursuivre ce développement ?
« Nous sommes extrêmement confiants. Nous sommes au cœur d’une révolution industrielle. Le digital crée de nombreuses nouvelles opportunités. Nous devons aujourd’hui faire face à de nouveaux défis. L’évolution technologique doit permettre à l’ensemble des acteurs de se réinventer, de trouver de nouveaux relais de croissance. »
Quels sont les défis, au Luxembourg, pour bien appréhender cette révolution digitale ?
« De gros efforts ont été réalisés pour doter le Luxembourg d’infrastructures efficientes. Aujourd’hui, il faut relever plusieurs autres défis. Il y a d’abord celui des talents, qui n’est pas propre au Luxembourg. Pour que ce secteur puisse prospérer, il nous faudra disposer des bonnes compétences. Le deuxième défi est de parvenir à mieux soutenir les start-ups innovantes, à les attirer ou à les faire émerger. Ces jeunes entreprises innovantes imaginent et créent le monde de demain. Elles sont sources d’innovation et de croissance. Enfin, il nous faut travailler au niveau de la régulation, pour créer un cadre adapté au développement de certains business clés. »
Quels sont, selon vous, ces business clés ?
« L’économie numérique est large. Mais je pense notamment à la monnaie virtuelle. Il nous faut, à ce niveau, proposer rapidement un cadre légal qui favorise le développement d’activités liées à ce domaine. D’autre part, la Place peut se positionner autour des enjeux relatifs à la gestion et la protection de la donnée personnelle mais aussi permettre le développement d’activités liées au Big Data. Ces segments sont à la fois susceptibles de permettre à de nouvelles activités de voir le jour, mais aussi de servir les piliers économiques déjà existants au Luxembourg, comme la finance. »
Une administration digitale au service de l’économie
Les acteurs économiques doivent se transformer. En intégrant les nouvelles technologies, ils vont pouvoir améliorer leurs processus, se rapprocher de leurs clients et des utilisateurs. « Mais le secteur public doit aussi y contribuer. La transformation digitale qui doit s’opérer au niveau de l’administration est de nature à soutenir la croissance économique en général, explique Jean Diederich, vice-président d’ICT Luxembourg.
Aujourd’hui, les lois votées ne s’inscrivent pas encore dans un cadre digital. Or, c’est par là qu’il faut commencer, avec des législations qui, profitant des opportunités technologiques, ne nous obligent plus à passer par du papier, à acheter des timbres fiscaux, à se rendre dans un guichet. On appelle ça le ‘digital by default’. » La transformation digitale au niveau de l’administration est de nature à simplifier les démarches administratives des citoyens et des entreprises et pour y parvenir il est important de demander chaque donnée une seule fois, on appelle ça le ‘once only’. « Elle doit aussi apporter des réponses aux enjeux de sécurité, avec notamment la mise en œuvre de systèmes d’authentification des utilisateurs interopérables, comme la carte d’identité électronique, le passeport biométrique ou une carte de sécurité sociale à puce », assure Jean Diederich.
De tels outils, dans un contexte harmonisé, trouveront des applications dans la sphère privée, au niveau du secteur financier notamment, offrant de meilleures garanties de sécurité et une transparence. Un autre chantier, émanant du législateur, et qui pourrait être source d’opportunité pour le privé, réside dans la dématérialisation des documents. « Abandonner le papier au profit des factures numériques ferait gagner beaucoup de temps et énormément d’argent à l’ensemble des acteurs. »
Les FinTech, pour une approche plus transversale
Pour assurer un avenir à la Place financière luxembourgeoise, la révolution FinTech, qui vise à mieux connecter les acteurs de la finance aux acteurs technologiques, est particulièrement essentielle.
« Aujourd’hui, des acteurs technologiques développent des services financiers, grappillant des parts de marché sur les acteurs traditionnels de la finance, commente Jean Diederich. Face à ces enjeux, il faut permettre à de nouveaux acteurs d’émerger depuis le Luxembourg, mais aussi aux acteurs traditionnels de se transformer, pour apporter de nouveaux services aux clients et aux utilisateurs. Un des enjeux sera de voir comment intégrer les nouveaux services aux métiers traditionnels, et ce de manière transversale. »
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