DIGITAL BUSINESS
22 années d’engagement au service de la confiance
Ce premier septembre, Yves Reding tirait sa révérence après avoir porté, pendant 22 ans, le développement d’EBRC.
November 17, 2022
Ce premier septembre, Yves Reding tirait sa révérence après avoir porté, pendant 22 ans, le développement d’EBRC. Le dirigeant historique de cette structure, devenue une référence européenne en matière de gestion de la donnée sensible, a surtout régulièrement partagé un regard éclairé sur le développement de cette économie digitale en Europe, faisant de la confiance un préalable indispensable à toute transformation réussie.
Avant de laisser Yves Reding profiter d’une retraite méritée (pour laquelle nous ne doutons pas qu’il a en tête de nombreux projets), nous avons souhaité revenir avec lui sur ces longues années passées à la tête d’EBRC et sur les enjeux qu’il entrevoit pour l’avenir de l’entreprise. « Notre génération a été sacrifiée sur l’autel de l’IT, commente-t-il. Quelle que soit la formation que l’on a faite, début des années 80, la probabilité de se retrouver à travailler dans l’informatique était grande. A l’époque s’est opéré un grand basculement. Le recours à la technologie était jusqu’alors le fait de quelques initiés. Progressivement, le numérique va s’immiscer partout, à travers des outils professionnels d’abord, puis dans tous les aspects de nos vies, jusque dans notre intimité. »
Tout allait s’accélérer
Yves Reding se souvient de l’accélération enregistrée dans les années 90. Au milieu de cette décennie, il initie et préside le CLUSIL, une association toujours active et dédiée aux enjeux de sécurité informatique. « A l’époque, il s’agit de comprendre les enjeux liés au recours du numérique, avec un monde déjà partagé entre les enthousiastes fonceurs et parfois naïfs et les enthousiastes plus prudents et conscients des risques, dont je faisais sans doute davantage partie », confesse-t-il. Les acteurs financiers se rendent alors compte de l’importance des enjeux de sécurité et de disposer de plans de continuité, pour faire face à toute éventualité. C’est en 1998 que brûle la salle des marchés du Crédit Lyonnais à Paris, renforçant cette prise de conscience. « On commence alors à parler de data centre, de solutions de secours… », précise Yves Reding. C’est dans ce contexte, la place financière luxembourgeoise étant déjà importante et donc critique, que l’on vient chercher Yves Reding pour lancer BRC et qui deviendra EBRC.
« On entrait de plain-pied dans l’ère numérique et tout allait s’accélérer avec, notamment, le décollage de Google, le développement effréné de l’e-Business mais également au final l’explosion de la bulle internet. Rapidement, au-delà des enjeux de continuité, cette dimension e-business a pris une importance capitale dans le développement de l’activité, se souvient-il. Nous étions alors en mode start-up, tout était à construire, avec des enjeux business conséquents considérant notamment les investissements déjà engagés lorsque j’ai pris la barre. Il fallait convaincre des clients, maintenir le bateau à flot, garantir notre crédibilité. »
Un monde qui tangue
20 ans après, le monde a changé. Les crises se sont succédé, de l’explosion de la bulle Internet suivie du 11/09 à l’invasion de l’Ukraine, en passant par l’effondrement financier de 2008 ou encore la pandémie du Covid-19. Chacune était de nature, à sa manière, à faire tanguer de nombreux écosystèmes. Et pourtant, au fil des deux décennies, EBRC semble n’avoir pas changé de cap, traversant chacune de ces crises, maintenant ses investissements, en sortant plus fort, pour « offrir des garanties de confiance à tous les acteurs appelés à évoluer au cœur de cette société dont la numérisation a connu une croissance exponentielle ».
Plus d’une obsession
Quels ont été les clés du succès de cet acteur luxembourgeois, qui rayonne aujourd’hui au-delà des frontières ? « La recherche de la qualité, au plus haut niveau, un service de proximité, une obsession pour la sécurité, la volonté d’aller plus vite que les autres, d’avoir un coup d’avance », explique Yves Reding. Dès 2005, EBRC était le premier opérateur à investir dans des centres de données TIER IV, avant même que la reconnaissance ne soit publiée. Dès 2004, EBRC a lancé des services managés. L’entreprise peut faire valoir une kyrielle de certifications – ISO 27001, ISO 22301 et PCI DSS… – l’obligeant en permanence à se dépasser. « Face à une concurrence importante, et notamment celle des géants globaux, l’enjeu était de miser sur la qualité du service, la proximité, en offrant une approche sur mesure, un réel accompagnement. Chez nous, à coût égal, chaque client se sent important, commente-t-il. C’est ce qui fait que l’activité, dès les premières années, a décollé et que, progressivement, nous avons pu servir une plus grande diversité d’acteurs, dans le secteur spatial, de la santé, du paiement, de la défense, des start-ups… Tous étaient appelés à gérer, protéger, valoriser de la donnée sensible. »
L’Europe comme étendard
EBRC a, de la sorte, accompagné le développement du cloud, mettant la confiance au centre de la démarche, faisant dès 2010 des enjeux de souveraineté une préoccupation essentielle. Yves Reding a d’ailleurs été un farouche promoteur du développement d’un marché unique du numérique en Europe, soutenant notamment les approches réglementaires qui, aujourd’hui, doivent permettre au Vieux Continent de combler son retard en la matière. « Il était temps que l’Europe se réveille, confie-t-il. Si nous avons raté la première vague de la digitalisation, on ne peut pas se permettre de louper la deuxième. GDPR, le free flows of non personal data, la NIS2, le digital services act, le data act ou encore GAIA-X, en tant qu’écosystème de confiance de gestion et de valorisation de la donnée, posent désormais le cadre favorable aux développements numériques à venir. La donnée sera centrale. Il nous appartient de définir, dans le respect des valeurs européennes, comment elle doit être protégée, ainsi que le cadre permettant sa valorisation. »
Une vision long terme
20 ans plus tard, cette évolution semble donner raison à Yves Reding. « Si nous sommes parvenus à nous positionner comme un acteur de référence, c’est grâce à une différenciation par la qualité. La voie que nous avons empruntée, privilégiant une approche vertueuse durable à une démarche court-termiste « low-cost » longtemps prônée, n’était pas forcément la plus évidente. Il faut se remettre dans la situation de l’époque. On ne pouvait pas s’imaginer ce qu’allait être le monde deux décennies plus tard », explique-t-il. Toutefois, mener une telle activité implique de prendre en considération les tendances de fond afin de se positionner de manière pérenne et de se challenger en permanence. « Ces tendances résidaient dans un accroissement conséquent des données, de solutions numériques, un besoin accru en sécurité, de souveraineté, des exigences de qualité toujours plus élevées. Au-delà, nous nous sommes aussi très tôt positionnés vis-à-vis des enjeux de développement durable et de responsabilité sociétale et environnementale », poursuit-il.
Pour durer, et contribuer à la résilience de ses clients, EBRC se devait d’adopter un business model qui soit lui-même résilient. Au fil de son développement, l’entreprise a veillé à diversifier ses activités, son offre de services, sa clientèle et les marchés sur lesquels elle est active. « Nous sommes devenus un one-stop-shop, un acteur capable d’accompagner les clients à travers l’ensemble de leurs projets de migration et de transformation et capable d’assurer la gestion et la protection de leurs données et opérations IT, explique le dirigeant. Ces dernières années, avec EBRC France et à travers notre prise de participation dans DIGORA, nous avons étendu notre présence sur le territoire français et marocain tout en montant dans la chaîne de valeur liée à la valorisation de la donnée. Cette dynamique reste essentielle pour l’avenir, EBRC pourra investir encore plus dans le conseil, pour accompagner les grandes transformations à venir, en soutenant une approche vertueuse de la gestion et de la protection de l’information sensible. Notre participation à GAIA-X, dès le début du projet, contribue à cela. »
La suite, elle s’envisage désormais sans Yves Reding, c’est vrai. Elle s’appuiera cependant sur des fondations solides, qui doivent beaucoup à son dirigeant historique.