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Le Core Banking System doit impérativement évoluer

Le Core Banking System doit évoluer pour relever les défis futurs. Analyse de N. Fedenko, KPMG.

February 9, 2022

Le parc applicatif des banques luxembourgeoise est vieillissant. Un nombre grandissant d’acteurs envisage le remplacement de leur core banking system à moyen terme. Un tel chantier, cependant, n’a rien d’anodin et implique de mener une réflexion stratégique approfondie, pour déterminer l’architecture, la solution et les fonctionnalités les plus appropriées pour répondre aux enjeux du métier.

La plupart des banques luxembourgeoises doivent aujourd’hui composer avec un core banking system vieillissant. Beaucoup seront amenées à renouveler leur applicatif central, réel cœur opérationnel de la banque, si elles veulent pouvoir continuer à s’adapter et à répondre aux besoins de leurs clients. « Aujourd’hui, au Luxembourg, l’âge moyen des core banking systems est en effet relativement élevé. Cela oblige les acteurs à envisager les opportunités de remplacer ou mettre à niveau (« upgrade ») cet élément central, indispensable au bon fonctionnement de l’activité bancaire, explique Nicolas Fedenko, Partner – Advisory – Management & Regulatory Consulting au sein de KPMG Luxembourg. Les principales raisons évoquées pour engager un tel projet sont généralement la nécessité de gagner en flexibilité, l’importance d’être plus réactif vis-à-vis des besoins du marché, une opportunité d’optimiser les coûts et, bien évidemment, de résoudre des problématiques liées à l’obsolescence des technologies en place. »

Un élément central

Remplacer le core banking system et renouveler l’écosystème applicatif constitué autour de ce système central est cependant un projet complexe. Avant de s’engager dans un tel chantier, les acteurs bancaires prennent généralement bien le temps d’évaluer les risques et les opportunités. En l’occurrence, plus on attend, plus les risques deviennent importants et plus l’opportunité de changer se fait évidente. « Le core banking system est un élément supportant l’ensemble de l’activité. Ses fonctions premières ont trait aux activités de back-office, poursuit Nicolas Fedenko. C’est sur lui que s’appuie la majorité des processus en lien avec les produits et services offerts par la banque. Selon l’étendue des fonctionnalités qu’elle propose et l’architecture informatique souhaitée par la banque, la solution de core banking system peut également intégrer des éléments de middle et front office ou encore des canaux d’interactions clients (ex : web-banking, mobile…). »

A chacun son architecture

Aujourd’hui, les acteurs qui souhaitent remplacer leur core banking system doivent d’abord déterminer son positionnement dans l’architecture informatique de la banque. « Quand certains vont privilégier des solutions complètement intégrées, « Front-to-Back », comprenant un large éventail de modules couvrant les fonctions de support et de contrôle, de production, de front et middle office, d’autres se concentrent sur les modules essentiels liés à l’activité de back office et préfèrent conserver des applications plus spécialisées interfacées avec leur core banking system dans une approche dite « best of breed », explique Nicolas Fedenko.

Une offre plus étendue

En quelques années, l’offre de solution a considérablement évolué, les fournisseurs traditionnels de core banking system ont considérablement enrichi l’offre de fonctionnalités, les intégrant directement à leur solution, et proposent pour la plupart un fonctionnement en mode SaaS (Software as a Service). D’autres acteurs plus spécialisés dans la banque privée ont déployé des offres combinant externalisation informatique en SaaS et externalisation de certaines activités back-office en BPO, permettant à la banque de se concentrer exclusivement sur le client. Enfin, des acteurs « cloud native » émergent, la plupart se contentant le plus souvent de se concentrer sur un nombre plus réduit de fonctionnalités dans une approche d’architecture ouverte. Les systèmes développés in-house, enfin, se font de plus en plus rares sur le marché. « Le choix du modèle va dépendre de plusieurs facteurs, poursuit Nicolas Fedenko. C’est d’abord un enjeu stratégique. La banque doit pouvoir déterminer dans quelle mesure elle souhaite garder la main sur l’expérience client et sur certaines activités qu’elle juge différenciantes. Entrent aussi en considération des éléments comme son autonomie, son indépendance vis-à-vis d’un fournisseur ou encore sa capacité à maintenir ses systèmes ou à gérer ses opérations. Enfin, la capacité financière est un autre élément important. »

Mouvement vers le cloud

Une fois qu’elle aura déterminé ce qu’elle souhaite continuer à gérer en interne, en fonction de sa capacité, et ce qu’elle a la possibilité d’outsourcer, en cherchant notamment à profiter d’économies d’échelle, la banque pourra envisager la meilleure solution. « Aujourd’hui, les solutions proposées sont beaucoup plus modulaires qu’il y a quelques années, avec un mouvement prononcé vers des solutions s’appuyant sur un hébergement dans le cloud », ajoute Nicolas Fedenko, qui précise que de nombreux acteurs de la place disposent encore d’un système géré « on premise » et nourrissent des réflexions autour de ces enjeux.

Bien orchestrer le chantier

Bien appréhender un tel projet implique de procéder par étape. « Au départ de la stratégie business et d’une analyse des besoins métiers, on peut déterminer les enjeux et objectifs de la transformation. Il faut aussi considérer les besoins IT, les moyens disponibles, la vision de la banque, explique-t-il. Ce n’est qu’une fois cela fait que l’on peut s’inscrire dans une démarche de sélection, en lançant des appels d’offre. » La préparation de l’implémentation, avec notamment la définition de l’architecture cible, du périmètre des fonctionnalités à mettre en place, et la planification des différentes étapes devant conduire à une mise en production, doit garantir le succès d’un tel chantier. « Au-delà de l’implémentation proprement dite, il est important de prendre le temps de stabiliser la production, de s’assurer que tout est maîtrisé », conclut Nicolas Fedenko.

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